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LA FOUTRIADE

Des ordres insolents des vérolés humains.
Toutes tremblent. Consale en ces mots se déclare :

« Garces ! fuyons, fuyons un peuple trop barbare.
» Il demande du sang ; il veut notre trépas ;
» Furieux, irrité, nous ne le vaincrons pas.
» Sauvons-nous donc. On n’est ni lâche ni timide
» En se hâtant de fuir une main homicide. »

A ces mots, tout à coup éclatent mille cris,
Les uns approbateurs, les autres de mépris.
Redoutant les effets de cette dissidence,
La maquerelle parle, on l’écoute en silence :

« En conseillant la fuite ; en usant de son droit,
» Consale vous parlait sans crainte, croyez-moi.
» Je la connais. La peur n’est jamais son partage.
» Elle a cru nous donner un conseil juste et sage.
» Quelques-unes de vous l’ont jugé tel aussi.
» D’autres et moi putain ne pensons point ainsi.
» Il est vrai qu’en optant pour une fuite prompte
» Nous fuyons des périls. Mais, grands dieux ! quelle honte
» Quel opprobre éternel ne nous couvrirait pas !
» Nous, qui vers ces pays n’avons porté nos pas
» Que pour sauver nos fronts d’un opprobre semblable
» Qu’osait nous présenter un joug insupportable.
» Non, nous ne pouvons fuir. Restons, c’est mon conseil,
« Garces ! nous recevrons partout un joug pareil,
» Mais sur ces bords, c’est nous qui seront souveraines ;
» C’est nous qui forgerons et des lois et des chaînes.
» Et vous voudriez fuir ? Non, ce sort est trop doux.