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LETTRE PREMIÈRE

Si je ne t’écrivais pas, je pensais bien à toi, va ! Combien je regrettais, toute seule dans ma chambre, toute seule dans mon lit, les douces nuits que nous passions dans les bras l’une de l’autre ! Combien de fois me suis-je éveillée et t’ai-je cherchée à mon côté, pour te demander un plaisir que j’étais réduite, hélas ! à me procurer toute seule !

Et toi, méchante, penses-tu à moi ? Tu m’as sans doute oubliée pour quelque autre… Oh ! si je le savais !… Tiens ! je te dénoncerais à madame, je lui dirais que sa sévère et savante sous-maîtresse, qui enseigne si bien pendant le jour, à ses élèves, les secrets de l’histoire, les finesses de la langue française, les beautés de la littérature, leur apprend encore la nuit… les plus délicieuses choses du monde !

C’est égal, va, depuis deux mois que j’ai quitté la pension, j’ai bien pleuré en pensant à toi ; enfin, il faut se consoler, et j’es-