Page:Vanloo, Leterrier et Tréfeu, Le Voyage dans la Lune, 1877.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


NEUVIÈME TABLEAU


LE PARC




Scène PREMIÈRE

CAPRICE, seul.
Il entre les mains derrière le dos, le chapeau baissé sur les yeux, et fait plusieurs fois le tour du théâtre dans un état de grande surexcitation.

Eh bien ! il va joliment être attrapé, papa… Ah ! il s’est moqué de moi !… Eh bien, je lui prouverai que j’ai du caractère ! je vais me tuer, là !… Et puis, après tout, j’en ai assez de la vie… Ça n’est pas si drôle !… Rien ne me réussit !… Pour une fois que je suis amoureux, il faut que je tombe sur une femme incapable de m’aimer… Allons, allons, finissons-en !… oui, mais comment vais-je me tuer ? me brûler la cervelle ?… oui… mais ça me défigurerait ! Me noyer ?… Brrr… Et puis, il faudrait une rivière… Je crois que ce qu’il y a de mieux, c’est de me pendre… Ça me portera peut-être bonheur ! (Il fait un nœud à son mouchoir, et s’arrête subitement.) Tiens ! oh ! c’est singulier… J’ai faim ! Ça ne m’étonne pas, je n’ai rien pris depuis ce matin… Ah ! mais c’est grave ! Faut-il me pendre avant de manger ? Ou manger avant de me pendre ?… Bah ! mangeons d’abord, c’est plus sûr… il doit rester quelques provisions dans mon sac de voyage. (Il l’ouvre.) Du pain et des pommes… c’est maigre… Bah ! quand on a de l’appétit !

Il s’assied et mange.