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les hommes d’aujourd'hui


Ce beau guerrier vêtu de lames et de plaques,
Sous le bronze, la soie et les brillantes laques,
Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil.

Il l’a vue. Il sourit dans la barbe du masque,
Et son pas plus hâtif fait reluire au soleil
Les deux antennes d’or qui tremblent sur son casque.


jusqu’à ce rappel de la R. F. romaine



SOIR DE BATAILLE


Le choc avait été très rude. Les tribuns
Et les centurions, ralliant les cohortes.
Humaient encor, dans l’air où vibraient leurs voix fortes.
La chaleur du carnage et ses acres parfums.

D’un œil morne, comptant leurs compagnons défunts ;
Les soldats regardaient, comme des feuilles mortes,
Tourbillonner au loin les archers de Phraortes ;
Et la sueur coulait de leurs visages bruns.

C’est alors qu’apparut, tout hérissé de flèches.
Rouge d’un flux vermeil de ses blessures fraîches,
Sous la pourpre flottante et l’airain rutilant,

Au fracas des buccins qui sonnaient leur fanfare,
Superbe, maîtrisant son cheval qui s’effare,
Sur le ciel enflammé, l’imperator sanglant !