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voyage en france par un français

tionale comme en toute courtoisie chrétienne, dominaient la discussion et ramenaient quand il le fallait les esprits aux lins de la réunion : l’intérêt de tous et la gloire du pays. Jamais plus augustes assises n’ont décidé de plus vastes questions, sans que — grâce à la sage économie de la règle (on dirait aujourd’hui du règlement) établie, non par tels ou tels hommes, tel ou tel amendement, à la garde de questeurs amovibles quelconques, mais par la suite des âges selon les opportunités ou les dangers généraux survenant, et placée sous la foi du serment et la tutelle de la Tradition, — s’y produisissent les discordances d’égoïsme et de vanité qui rendent si mesquines, si stériles et souvent si odieuses les délibérations, on peut le dire, de tous nos parlements modernes qui n’ont pour base qu’un suffrage variable comme le sable, sous l’aléa de constitutions tumultuaires et folles, comme le vent.

Que quelques abus aient parfois éclaté dans ces majestueuses Cortès, tentatives d’usurpation, complicité avec la rue ou l’étranger déguisé en prétendant, comme par exemple sous le règne de Charles le Sage, il faudrait méconnaître l’humanité pour s’en étonner outre mesure ; mais aussi l’autre côté de la Constitution venait faire contre-poids et l’autorité royale, in-