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LES DEUX AMÉRIQUES.

employer celle du Brésil, qui est en usage dans toutes les missions portugaises.

La rivière de Purus, le Rio-Negro, peuplé de missions portugaises sous la direction de religieux du Mont-Carmel, et qui met en communication l’Orénoque avec l’Amazone, furent successivement reconnus. Les premiers éclaircissements sérieux sur cette grave question de géographie sont dus aux travaux de La Condamine et à sa critique sagace des voyages des missionnaires qui l’avaient précédé. C’est dans ces parages qu’avaient été placés le lac Doré de Parimé et la ville imaginaire de Manoa-del-Dorado. C’est la patrie des Indiens Manaos, qui ont si longtemps résisté aux armes portugaises.

L’embouchure du rio de la Madera, — ainsi nommé de la grande quantité de bois qu’il charrie, — le fort de Pauxis, au delà duquel le Marañon prend le nom d’Amazone et où la marée commence à se faire sentir, bien qu’on soit encore éloigné de la mer de plus de deux cents lieues, la forteresse de Topayos, à l’embouchure d’une rivière qui descend des mines du Brésil et sur les bords de laquelle habitent les Tupinambas, furent successivement dépassés.

Ce ne fut qu’au mois de septembre qu’on aperçut des montagnes dans le nord, — spectacle nouveau, car, depuis deux mois, La Condamine naviguait sans avoir vu le moindre coteau. C’étaient les premiers contreforts de la chaîne de la Guyane.

Le 6 septembre, en face du fort de Paru, on quitta l’Amazone pour entrer, par un canal naturel, dans la rivière de Xingu, que le père d’Acunha appelle Paramaribo. On gagna ensuite le fort de Curupa et, enfin, Para, grande ville aux rues droites, aux maisons bâties en pierres et en moellons. La Condamine, qui, pour terminer sa carte, tenait à visiter l’embouchure de l’Amazone, s’embarqua pour Cayenne, où il arriva le 26 février 1744.

Cet immense voyage avait eu des résultats considérables. Pour la première fois le cours des Amazones était établi d’une manière vraiment scientifique ; on pouvait pressentir la communication de l’Orénoque avec ce fleuve ; enfin, La Condamine rapportait une foule d’observations intéressantes touchant l’histoire naturelle, la physique, l’astronomie et cette science nouvelle qui tendait à se constituer, l’anthropologie.

Nous devons raconter maintenant les voyages d’un des savants qui comprirent le mieux les rapports de la géographie avec les autres sciences physiques, Alexandre de Humboldt. À lui revient la gloire d’avoir entraîné les voyageurs dans cette voie féconde.

Né en 1769, à Berlin, Humboldt eut pour premier instituteur Campe, l’éditeur bien connu de plusieurs relations de voyage. Doué d’un goût très vif pour