Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LA NOUVELLE ÉQUIPE

— On ne peut pas le savoir. Sans doute veut-on s’assurer que la C. G. T. n’entravera par la mobilisation.

— Et les anarchistes ? ont-ils fait quelque chose ?

— Jusqu’à présent nous ne savons rien d’eux depuis hier. Mais de leur part on peut s’attendre à des protestations, c’est évident. Les gares seront, demain, sous la protection de la police, et gardées militairement.

— Dites-moi, Rémy, questionna résolument Léon, d’homme à homme la vérité est un devoir. Redoute-t-on quelque chose ?

— Ma foi je crois qu’on ne redoute rien, et qu’on n’a rien à redouter. Il semble que la mort de Jaurès ait rendu la guerre acceptable.

Maurice eut un sourire découragé.

— Cette mort est vraiment providentielle, dit-il.

— Rémy, demanda Léon, votre numéro de demain est-il prêt ?

— Oui.

— Pouvons-nous vous donner quelque chose ?

— Oui, vous pouvez, mais dans quel sens ?

— Un appel au bon sens, et surtout un appel au gouvernement.

— Je crains bien que ce ne soit inutile. Enfin, donnez quand même votre copie ; mais surtout pas d’excitations à la violence.

— Oh ! protesta Maurice, ce n’est pas notre habitude. On nous connaît assez pour savoir que nous ne sommes pas des fomentateurs de guerre civile.

— Je le sais. Ce que je vous en ai dit c’est par acquit de conscience. Nous avons reçu des instructions. Si nous passions outre, le journal serait mis en interdit, ce qui ne nous avancerait pas. Notre numéro de ce soir est le dernier qui sera rédigé librement. À partir de demain matin, huit heures, la mobilisation commence, et l’état de siège sera proclamé à Paris. Toute la presse sera soumise à la censure.