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JOURNAL D’UN POÈTE

d’une forêt et s’est diverti à l’ébrancher ; il a fait souffrir le chêne et l’a brisé à demi. — Un jour, Milon s’avance et veut le fendre avec ses mains, dernier affront. Mais le chêne se révolte et resserre ses deux lianes comme des tenailles inflexibles. — Les lions et les loups voient Milon saisi par sa victime et se jettent sur lui. Ils le dévôrent et le mettent en pièces. Le chêne est inexorable et ne lui laisse pas une main pour se défendre. — femme méchante ! ton esprit est pareil à ce Milon. Sans pitié il déchirait le chêne pour se jouer. Mais cet arbre sait bien qu’on l’appelle le chêne, — et qu’il est le plus grand des arbres de nos bois. — Il sait cela et s’est vengé. — À présent, les aniinaux vils vont te dévorer.