per l’attention générale et de mériter sa faveur, et la publicité est toute à la disposition des journaux, qui seuls dirigent cette nouvelle puissance. Comme on ne lit plus guère que cela, la critique littéraire devint une grave, une haute mission ; elle est aujourd’hui, et je vais dire comment, entre les mains des jeunes gens ; mais l’esprit, l’imagination, le trait, ne furent jamais et ne purent être les éléments d’une bonne et impartiale critique. La jeunesse est nécessairement passionnée ; sa critique se résume inévitablement en satire ou en apologie. Ce qu’exige la vraie critique, c’est du sens, de l’érudition, de l’expérience, la connaissance enfin des hommes et des choses dont on parle.
Les lettres ne pouvant plus être un moyen d’existence,
encore moins de fortune, les hommes qui les cultivent
doivent donc chercher ailleurs que dans le travail solitaire
et improductif de leur cabinet, un moyen quelconque de
vivre, de tirer parti de leur esprit. Les plus heureux, les
plus habiles, je ne veux pas dire les plus adroits, participent
à la rédaction de ces mêmes journaux, tribunal suprême,
où ils se trouvent ainsi tout à la fois accusateurs et juges
de leurs propres œuvres, dès lors, le jugement est facile à
prévoir. Il s’établit ensuite entr’eux une sorte de confraternité
toute naturelle, qui, malgré la jalousie inhérente
à ce métier, les oblige à se ménager et même à se louer
réciproquement, d’où résulte la camaraderie :
Que devient au milieu de tout cela un jeune poète, ignoré, occupé de ses études, de ses compositions, timide, silencieux, observateur, mais de tout autre chose que de ce qui se passe sous ses yeux ? S’il est pauvre, il meurt ;