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[escalier]
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l’une des deux portes CC′, on prenait l’une ou l’autre rampe dont la première marche est en A. C’était un moyen de donner entrée dans les pièces des étages supérieurs par des portes percées au-dessus de celles CC′. La personne qui sortait par la porte C ne pouvait rejoindre celle sortant par la porte C′, les deux rampes gironnant l’une au-dessus de l’autre. Les deux noyaux étaient réunis par deux limons B se croisant. Ces escaliers, fort communs pendant le moyen âge et jusqu’au XVIIe siècle, étaient commodes, et on ne s’explique pas pourquoi on a cessé de les mettre en œuvre. D’un bout les marches débillardées, pleines, s’assemblaient à tenon et mortaise dans les deux noyaux et dans les limons ; de l’autre, elles étaient engagées dans la maçonnerie ou portaient sur un filet en charpente cloué le long d’un pan de bois.

Mais souvent les escaliers à vis en bois étaient complètement isolés, formaient une œuvre indépendante de la bâtisse. Ces escaliers mettaient en communication deux étages, et on les plaçait dans l’angle d’une pièce pour communiquer seulement à celle au-dessus. C’était là plutôt une œuvre de menuiserie que de charpenterie, traitée avec soin et souvent avec une grande richesse de moulures et de sculpture. Toutefois, les marches de ces escaliers de menuiserie restèrent pleines jusque pendant le XVe siècle, portaient noyaux, et étaient réunies au centre au moyen d’une tige de fer rond, d’un boulon, qui les empêchait de dévier. Chaque marche (30), possédait son montant dans lequel elle venait s’assembler. Ces montants, d’un seul morceau pour chaque étage, étaient assemblés au pied dans un plateau en charpente, et au sommet dans un cercle également en charpente. Cela formait une cage cylindrique ou un prisme ayant autant de pans qu’il y avait de marches en projection horizontale. Nous donnons en A le plan d’un quart d’un escalier de ce genre portant douze marches sur sa circonférence. Les montants sont en B, et le noyau porté par chaque marche en C. Les espaces EF donnent le recouvrement des marches l’une sur l’autre, le devant de chaque marche étant en F, et le derrière en E. Si nous faisons une élévation de ce quart de circonférence de l’escalier, nous obtenons la projection verticale G. On voit en I le boulon qui enfile les assises de noyau tenant à chaque marche. Les abouts des marches paraissent en K, et reposent sur un gousset embrévé dans les montants. Le détail O donne la section horizontale d’un montant au dixième de l’exécution. En a est le tenon du derrière de la marche indiquée en a′ sur le tracé perspectif M ; en b est l’embrévement de la tête du gousset ; son tenon est indiqué en b′ sur le tracé perspectif N ; le derrière de la marche étant en e, et le devant de la marche au-dessus en f. Chaque marche, reposant sur la queue de celle au-dessous qui porte le tenon a, n’a pas besoin d’un tenon sur le devant, d’autant que ces marches portent en plein sur le gousset J muni d’une languette P destinée à arrêter leurs abouts T. Une entaille R faite dans le poteau permet en outre à la marche de s’embréver dans ce montant. Le tracé perspectif M montre le devant de la marche élégi en S, l’about visible à l’extérieur en T, les