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L’artillerie enfin changea les conditions de l’attaque, et par conséquent de la défense ; et il est intéressant d’observer comment celle-ci mit un temps considérable à se rendre un compte exact des effets du canon. Pendant toute la première moitié du XVIe siècle, la défense, encore sous l’empire des traditions du moyen âge, n’adopte que des moyens évidemment insuffisants, de petits expédients ; il semble qu’elle ne peut se résoudre à, admettre les effets puissants de l’artillerie. Mais les guerres de la fin du XVIe siècle furent une expérience cruelle. C’est pendant ces luttes que l’art de la défense se transforme réellement et laisse de côté les vieux systèmes, en cherche de nouveaux ; que des ingénieurs, à la fois militaires et constructeurs, forment un corps spécial en état de lutter contre l’artillerie à feu qui se perfectionnait rapidement. Au commencement du XVIIe siècle, en effet, l’artillerie était à peu près arrivée au point où les guerres de la Révolution et de l’Empire l’ont trouvée. En face de cette arme ayant atteint si promptement un développement considérable, l’art de la fortification se transformait lentement. Il fallait des hommes de génie pour la mettre au niveau des engins de destruction qui modifiaient si profondément l’art de la guerre, pour trouver un système pratique et qui n’entraînât pas les États et les villes dans des dépenses impossibles. Vauban sut résoudre ce problème.

Aujourd’hui il est posé de nouveau par une artillerie dont la puissance est plus que doublée. Peut-être les guerres cesseront-elles le jour où l’on reconnaîtra qu’il ne saurait être fabriqué une pièce de canon à laquelle on ne puisse opposer une cuirasse impénétrable, ni élever un obstacle qui ne soit aussitôt culbuté par un projectile. Ces deux puissances de l’attaque et de la résistance étant neutralisées, les gouvernements, faut-il l’espérer, n’auront plus pour ultima ratio que le respect de l’équité et l’appel aux sentiments moraux et aux intérêts matériels des peuples.

SIGNES (des évangélistes), voyez Évangélistes ; — (du Zodiaque), voyez Zodiaque.

SOCLE, s, m. Assise inférieure d’un pilier, d’une colonne (sous la base), d’un mur. Le socle se dessine toujours par une saillie, un empatement plus ou moins prononcé. Un profil accuse cette saillie, qui, dans les constructions du moyen âge, n’est jamais laissée horizontale. Dans l’architecture romane, le profil qui couronne le socle est habituellement un biseau de 45º à 60º (voyez en K, fig. 1). Plus tard, pendant la période dite gothique, le profil du socle est souvent, une moulure tracée de manière à ne pas présenter d’angles saillants pouvant blesser les passants.

La figure 1 présente en A un profil de socle encore roman, adopté sous les piles et les bases des colonnes de certains monuments de la Bourgogne, de la Champagne et du Nivernais ; en B, le profil des socles de contre-forts du XIIe siècle (Languedoc et Auvergne) ; en C, des profils