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sentaient la nécessité de se rapprocher des centres d’activité, de participer à la vie nouvelle des peuples ayant soif d’organisation et d’instruction, ils continuaient encore à fonder des monastères ruraux ;

il semblerait même qu’à cette époque la royauté désirât maintenir la prédominance des abbayes dans les campagnes ; peut-être ne voyait-elle pas sans inquiétude les nouvelles tendances des ordres à se rapprocher des villes, en abandonnant ainsi les champs aux influences féodales séculières qu’ils avaient jusqu’alors si énergiquement combattues. La mère de saint Louis fit de nombreuses donations pour élever de nouveaux établissements dans les campagnes ; ce fut elle qui fonda, en 1236, l’abbaye de Maubuisson, destinée aux religieuses de l’ordre de Cîteaux. On retrouve encore dans ce plan (16) la sévérité primitive des dispositions cisterciennes, mais dans le style de l’architecture, comme à l’abbaye du Val, dont la reconstruction remonte à peu près à la même époque, des concessions sont faites au goût dominant de l’époque ; la sculpture n’est plus exclue des cloîtres, le rigorisme de saint Bernard le cède au besoin d’art, qui alors se faisait sentir jusque dans les constructions les plus modestes. L’abbaye de Maubuisson était en même temps un établissement agricole et une maison d’éducation pour les jeunes filles. Au XIIIe siècle, les religieux ne cultivaient plus la terre de leurs propres mains, mais se contentaient de surveiller leurs fermiers, et de gérer leurs biens ruraux, à plus forte raison les religieuses. Déjà même au commencement du XIIe siècle, le travail des champs semblait dépasser les forces des femmes, et il est probable que la règle qui s’appliquait aux religieuses comme aux religieux, ne fut pas longtemps observée par celles-