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quelques bombardes et ribaudequins qui garnissaient les tours, la brèche était faite, et la ville gagnée. Mais toutes les tours ne pouvaient se prêter à la modification demandée par le service de l’artillerie de défense ; elles avaient un diamètre intérieur qui ne permettait pas de placer une pièce de canon ; celles-ci ne pouvaient être introduites à travers ces détours et escaliers à vis, puis quand les pièces avaient tiré deux ou trois coups, on était asphyxié par la fumée qui ne trouvait pas d’issue. On commença donc par modifier la construction des tours, on leur donna moins de hauteur et on augmenta beaucoup leur diamètre en les faisant saillir à l’extérieur ; renonçant à l’ancien système de défense isolée, on les ouvrit du côté de la ville, afin de pouvoir y introduire facilement du canon, on les perça d’embrasures latérales, au-dessous du niveau de la crête des fossés, et les enfilant dans leur longueur. Les fortifications de la ville de Langres sont fort intéressantes à étudier au point de vue des modifications apportées pendant les XVe et XVIe siècles à la défense des places (48)[1].

Langres est une ville romaine ; la partie A de la ville fut ajoutée, au commencement du XVIe siècle, à l’enceinte antique dans laquelle on retrouve une porte assez bien conservée ; successivement modifiée, l’enceinte de Langres fut presque entièrement rebâtie sous Louis XI et François Ier, et plus tard renforcée de défenses établies suivant le système adopté au XVIe siècle et au commencement du XVIIe.

  1. Ce plan est tiré de la Topographie de la Gaule, éd. de Francfort ; Mérian, 1655. La majeure partie de ces fortifications existent encore.