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natures offrent des échantillons variés comme couleur, en Auvergne, par exemple,

on a employé le grès jaune ou le calcaire blanc, et la lave grise ; de manière à former des mosaïques sur les parements des constructions ; les églises de Notre-Dame-du-Port à Clermont (10), de Saint-Nectaire, du Puy en Vélay, d’Issoire, présentent des appareils où les pierres de différentes couleurs forment des dessins par la façon dont elles sont assemblées. Pendant les XIe et XIIe siècles on a beaucoup fait usage de ces appareils produits par des combinaisons géométriques ; non-seulement ces appareils compliqués ont été employés pour décorer des parements unis,

mais aussi dans la construction des arcs, ainsi qu’on peut le voir dans quelques édifices du Poitou, de la Mayenne et des bords de la Loire. La porte occidentale de l’église Saint-Étienne de Nevers nous donne un bel exemple de ces arcs appareillés, avec un soin tout particulier (11). Au XIIIe siècle ces recherches, qui sentent leur origine orientale, disparaissent pour faire place à un appareil purement rationnel, méthodique, résultat des besoins à satisfaire et de la nature des matériaux ; le principe est toujours d’une grande simplicité, l’exécution pure, franche, apparente ;

les matériaux n’ont que les dimensions exigées pour la place qu’ils occupent. Le corps de la construction est une bâtisse durable, les assises sont posées sur leurs lits, tandis que tout ce qui est remplissage, décoration, meneaux, roses, balustrades, galeries, est élevé en matériaux posés en délit, sorte d’échafaudage de pierre indépendant de l’ossature de l’édifice, qui peut être détruit ou remplacé sans nuire à sa solidité (voy. Construction). Rien ne démontre mieux ce