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de voûtes que l’on peut considérer comme une invention moderne, rompant tout à coup avec les traditions antiques. L’arc en tiers-point disparaît avec les dernières traces de l’art du moyen âge, vers le milieu du XVIe siècle ; il est tellement inhérent à la voûte moderne qu’on le voit longtemps encore persister dans la construction de ces voûtes ; alors que déjà, dans toutes les autres parties de l’architecture, les formes empruntées à l’antiquité romaine étaient successivement adoptées. Les architectes de la renaissance voulant définitivement exclure cette forme d’arcs, n’ont trouvé rien de mieux que d’y substituer, comme à Saint-Eustache de Paris, vers la fin du XVIe siècle, des arcs en ellipse, le petit diamètre à la base ; courbe désagréable, difficile à tracer, plus difficile à appareiller, et moins résistante que l’arc en tiers-point.

Outre les dénominations précédentes qui distinguent les variétés d’arcs employés dans la construction des édifices du moyen âge, on désigne les arcs par des noms différents, suivant leur destination ; il y a les archivoltes, les arcs-doubleaux, les arcs-ogives, les arcs formerets, les arcs-boutants, les arcs de décharge.

Archivoltes. Ce sont les arcs qui sont bandés sur les piles des nefs ou des cloîtres, sur les pieds droits des portails, des porches, des portes ou des fenêtres, et qui supportent la charge des murs. Les archivoltes, pendant la période romane jusqu’au XIIe siècle sont plein cintre, quelquefois surhaussées, très-rarement en fer à cheval. Elles adoptent la courbe brisée dite en tiers-point dès le commencement du XIIe siècle dans l’Île-de-France et la Champagne ; vers la fin du XIIe siècle dans la Bourgogne, le Lyonnais, l’Anjou, le Poitou, la Normandie ; et, seulement pendant le XIIIe siècle, dans l’Auvergne, le Limousin, le Languedoc et la Provence. — Archivoltes s’ouvrant sur les bas côtés. — Elles sont généralement composées, pendant le XIe siècle, d’un ou deux rangs de claveaux simples (8) sans moulures ;

quelquefois le second rang de claveaux, vers la fin du XIe siècle, comme dans la nef de l’Abbaye-aux-Dames de Caen (9), est orné de bâtons rompus, de méandres ou d’un simple boudin (10). L’intrados de l’arc qui doit reposer sur le cintre en charpente, pendant la construction, est toujours lisse. Les