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quatre pinacles servant de transition entre la base carrée et la pyramide à huit pans. C’est la solution complète du problème posé par les architectes de la fin du XIIe siècle, et qui à Laon n’était qu’imparfaitement résolu. Comme construction, les clochers de la façade de la cathédrale de Reims sont traités par un maître savant et habile ; l’inspection seule du plan fait connaître cette qualité essentielle ; aussi ces clochers, sauf les dégradations causées par les intempéries, sont d’une parfaite solidité.

Vers la même époque, à la fin du XIIIe siècle, un architecte rémois d’un rare mérite, Libergier, construisait, dans la ville de Reims, une église dont la démolition est à jamais regrettable ; c’est l’église de l’abbaye de Saint-Nicaise. À la cathédrale, les deux tours de la façade sortent de son sommet sans se lier visiblement avec elle. Les contre-forts qui épaulent les clochers sont si bien enveloppés d’ornements, de galeries se reliant avec le portail, qu’il faut faire un effort de raisonnement pour comprendre comment ces tours portent sur cet amas de colonnettes, de pinacles, d’ajours et de sculptures. À nos yeux, il y a là un défaut capital, et la richesse ou la beauté des détails ne compense pas la confusion des lignes principales, le manque de points d’appui visibles. On enlèverait à la façade de la cathédrale de Reims ses deux tours, c’est-à-dire ses deux étages de