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axe placé sous la gueule de la pièce, ce fut la partie inférieure de l’affût qu’on rendit mobile, et au lieu de placer le boulon en tête, on le plaça au droit de la culasse (30) :


l’effort pour soulever la pièce était ainsi de beaucoup diminué, parce que le poids de celle-ci se trouvait toujours reporté sur l’essieu, et que plus on soulevait la queue de l’affût, moins le poids du canon agissait sur la membrure. Ces divers systèmes furent abandonnés vers 1530 ; alors, outre les deux roues, on en ajouta une troisième à la queue ; c’est ce qui fut cause qu’on sépara celle-ci en deux forts madriers de champ (les flasques) entre lesquels on monta cette troisième roue. On pointa la pièce, non plus en relevant l’affût, mais en agissant à l’aide de coins ou de vis sous la culasse du canon, maintenu sur l’affût au moyen de tourillons ; car on observera que, jusque vers le milieu du XVIe siècle, les bouches à feu étaient privées de tourillons et d’anses, qu’elles n’étaient maintenues dans l’encastrement longitudinal de l’affût que par des brides en fer ou même des cordes.

À la fin du XVIe siècle, les pièces d’artillerie de bronze étaient divisées en légitimes et bâtardes : les légitimes présentaient les variétés suivantes : le dragon, ou double coulevrine, envoyant 40 livres de balle de fer et portant à 1 364 pas de deux pieds et demi de but en blanc ; la coulevrine légitime, dite ordinaire, envoyant 20 livres de balle de fer et portant à 1 200 pas, id. ; la demi-coulevrine, envoyant 10 l. de balle de fer et portant à 900 pas, id. ; le sacre ou quart de coulevrine, envoyant 5 l. de balle de fer et portant à 700 pas, id. ; le fauconneau, ou huitième de coulevrine, envoyant 2 l. 1/2 de balle de fer et portant à 568 pas, id. ; le ribaudequin, envoyant 1 l. 4 onces de balle de fer et portant à 411 pas, id. ; l’émerillon, envoyant 15 onces de plomb et portant à 315 pas, id. Les pièces bâtardes comprenaient : le dragon volant, ou double coulevrine extraordinaire, envoyant 32 l. de balle de fer et portant à 1 276 pas