Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/455

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affreuse guerre doit éclater entre elles, si jamais elles abordent le séjour des vivans ! Quels combats, quel carnage, quand le beau-père fondra, comme un torrent, du sommet des Alpes et des rochers d’Alcide ! quand le gendre accourra, soutenu de toutes les forces de l’Orient ! Ô mes fils ! ô n’accoutumez pas vos courages à ces horribles luttes ! Ne tournez pas contre le sein de la patrie les mains faites pour la défendre ! Et toi, donne l’exemple ; arrête, enfant des dieux ! … ô César, ô mon sang, jette ces armes parricides !

« Celui-ci, enchaînant Corinthe à son char de triomphe, ira suspendre au Capitole les dépouilles de l’Achaïe. Cet autre renversera Mycènes et l’orgueilleuse Argos, empire d’Agamemnon : sous ses coups s’éteindra la race d’Eacus et de l’impitoyable Achille. Ainsi la Grèce expiera les pleurs de Pergame, et l’affront de Minerve, outragée dans ses temples. Qui pourrait t’oublier, magnanime Caton, et toi, valeureux Cossus ? Qui pourrait taire le nom fameux des Gracques ? et l’un et l’autre Scipion, ces deux foudres de guerre, ces deux écueils de la Libye ? Te passerais-je sous silence, toi, Fabricius, riche de ta pauvreté ? toi, Serranus, fécondant de tes mains guerrières tes rustiques sillons ? Où m’entraînez-vous malgré moi, noble famille des Fabius ? Je te salue, ô le plus grand d’eux tous, toi qui seul, heureux temporiseur, nous rends sans combats la victoire !

« Que d’autres fassent respirer l’airain avec plus