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Peu après la publication des Espérances, M. Lafenestre collabora au Parnasse, où ses contributions eurent un très grand succès. Les recueils qui suivirent et qui s’intitulent : La Clef des Champs, L’Ame en fête et La Chute des rêves (réunis plus tard avec Pasquetc|ta en un volume : Idylles et Chansons, 1873), continuent, « accentuent, portent à leur sommet de perfection les grandes qualités si brillamment inaugurées dans les Espérances ». Enfin, dans Images fuyantes, œuvre admirable, toute remplie d’une haute et sereine pensée philosophique, le poète apporte à l’humanité lasse et découragée la sublime consolation do ses rêves d’Idéal et de Beauté.


ATTENTE


Dans le ciel diaphane où l’oiseau s’assoupit,
Quand tourbillonne au soir la poussière des mondes,
La nuit, quand l’Océan traîne au loin, sans répit,
Les sanglots obstinés de ses vagues profonde »,

Partout où la nature aux aspects inconstants
De ses immensités me tourmente et m’attire,
Devant le bois épais qui brille et qui soupire,
Comme un homme attardé je tressaille et j’attends.

J’attends l Qui donc ? Hélas ! j’attends, joie et souffrance,
La forme de mon rêve et de mon espérance,
Le Dieu qui peut venir, ses yeux, ses pas, sa voix.

Qu’importe si les jours ont trompé mon attente ?
Prenez, jetez vers lui mon âme impatiente,
O profondeurs des cieux, de la mer et des bois !


(Idylles et Chansons.)


MATIN SOMBRE


Il est tard ! Depuis bien longtemps, sous les nuées,
L’aube aurait dû fleurir la route du Soleil,
Et la Mer, souriante après un long sommeil,
Écarter son manteau de nocturnes buées,
Pour s’offrir tout entière au baiser du réveil !

Rien encor. Dans les pins qui dorment à la côte,
Aucun babil d’oiseaux, de feuilles, de passants ;