Les sentiers d’amour, ô Ninon,
Sont trop étroits pour la Fortune.
N’ayant plus mes baisers, Ninon,
Ton front se creusera de fièvres.
A la coupe d’or des orfèvres
Tu voudras te griser… Mais non !
Ce ne sera plus, ô Ninon,
La sainte ivresse de nos lèvres.
(Chansons d’amour. — Musique de Maurice Boukay.)
LE LONG DU CHEMIN
À Madame la Princesse de Monaco.
I
Le long du chemin s’amuse l’enfance.
« Chante, grande sœur ! Protège nos pas ! »
Mais la sœur, un soir, porte sa romance
À d’autres foyers qu’on ne connaît pas.
Le long du chemin, la jeunesse danse.
Oh ! la chère main qu’on tient dans sa main !
Et la bien-aimée en soi-même pense
Au rival heureux qui l’aura demain.
II
Le long du chemin, passé la trentaine :
On cherche un baiser quand vient la moisson.
Le semeur d’amour récolte la haine,
Le cœur se déchire à chaque buisson.
Le long du chemin, qui frappe à la porte ?
C’est une compagne — oh ! la douce voix ! —
C’est une compagne, et l’hiver l’emporte,
Et l’on reste seul, chargé de sa croix.
III
Le long du chemin, vieillard, fais ton somme !
N’as-tu pas l’enfant pour t’aimer enfin ?