Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/304

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bibelots, je vis dans l’inévitable cadre enguirlandé une de ces toiles ovales que je connaissais si bien. Rien que l’ornementation du cadre évoquait tout le passé de Gisburn.

Mrs Gisburn tira les rideaux de la fenêtre, déplaça une jardinière, poussa de côté un fauteuil et me dit :

— D’ici, vous le verrez à peu près. Je l’avais fait placer au-dessus de la cheminée, mais il n’a pas voulu l’y laisser.

Oui, je le voyais tout juste, et c’était la première fois qu’il me fallait écarquiller les yeux pour voir un portrait de Jack. En général, on le trouvait à la place d’honneur, soit suspendu au panneau central d’un élégant salon, soit sur un chevalet monumental, disposé de façon à recevoir toute la lumière que laissaient traverser de riches rideaux de vitrage en point de Venise. Je m’aperçus tout de suite qu’une place plus modeste seyait mieux au tableau ; cependant, à mesure que mes yeux s’habituaient à la pénombre, toutes les qualités caractéristiques en ressortaient : les hésitations se cachant sous les audaces, et les traits de prestidigitation par lesquels, avec une adresse si consommée, Jack trouvait le moyen de détourner l’attention de l’ensemble du portrait sur quelques détails amusants. La physionomie de Mrs Gisburn, si insi-