Page:Wilmotte - Études critiques sur la tradition littéraire en France, 1909.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
L’ESTHÉTIQUE DES SYMBOLISTES.

désavantage, où la presse, la bonne presse se distingua ! Toutes les bêtises dont elle est coutumière, toutes les ignorances, toutes les rosseries, elle les prodigua, en ses heures de loisir, aux jeunes hommes de lettres qui, aux environs de 1880, avaient eu l’intuition, plus ou moins confuse, d’un idéal nouveau. Et à la tête de cette presse qui, houleuse et abondante à l’ordinaire, goguenardait devant l’apparence d’un cercueil, on vit des professionnels de la critique retrousser les manches et préparer les rites du définitif enterrement.

Excellemment, M. Robert de Souza réplique à tous ces « fossoyeurs », comme il les qualifie avec plus d’esprit que de cruauté ; Qu’avez-vous fait, pendant que nous étions silencieux ? Qu’ont fait les autres, ceux qu’exalte votre critique ? Nous travaillions, nous, à volets clos, et vous, vous chantiez, vous dansiez peut-être ? Vous ne cessiez de nous tendre, de loin, l’éponge imbibée de fiel. Mais à qui porter maintenant les couronnes ?

Hélas ! si la prose de ces dix ans s’est enrichie de quelques écrits, dont les vertus originales ont réveillé timidement nos espoirs, si nous avons vu naître ou croître l’art de quelques romanciers, en