quer la vente, aurait alors signé tout ce que Vilquin eût exigé ; mais, une fois la vente consommée, il tint à son bail comme à une vengeance. Il resta dans la poche de Vilquin, au cœur de la famille Vilquin, observant Vilquin, gênant Vilquin, enfin le taon des Vilquin. Tous les matins, à sa fenêtre, Vilquin éprouvait un mouvement de contrariété violente en apercevant ce bijou de construction, ce Chalet qui coûta soixante mille francs, et qui scintille comme un rubis au soleil. Comparaison presque juste !
L’architecte a bâti ce cottage en briques du plus beau rouge rejointoyées en blanc. Les fenêtres sont peintes en vert vif, et les bois en brun tirant sur le jaune. Le toit s’avance de plusieurs pieds. Une jolie galerie découpée règne au premier étage, et une varanda projette sa cage de verre au milieu de la façade. Le rez-de-chaussée se compose d’un joli salon, d’une salle à manger, séparés par le palier d’un escalier en bois dont le dessin et les ornements sont d’une élégante simplicité. La cuisine est adossée à la salle à manger, et le salon est doublé d’un cabinet qui servait alors de chambre à coucher à monsieur et à madame Dumay. Au premier étage, l’architecte a ménagé deux grandes chambres accompagnées chacune d’un cabinet de toilette, auxquelles la varanda sert de salon ; puis, au-dessus, se trouvent, sous le faîte, qui ressemble à deux cartes mises l’une contre l’autre, deux chambres de domestique, éclairées chacune par un œil-de-bœuf, et mansardées, mais assez spacieuses. Vilquin eut la petitesse d’élever un mur du côté des vergers et des potagers. Depuis cette vengeance, les quelques centiares que le bail laisse au Chalet ressemblent à un jardin de Paris. Les communs, bâtis et peints de manière à les raccorder au Chalet, sont adossés au mur de la propriété voisine.
L’intérieur de cette charmante habitation est en harmonie avec l’extérieur. Le salon, parqueté tout en bois de fer, offre aux regards les merveilles d’une peinture imitant les laques de Chine. Sur des fonds noirs encadrés d’or, brillent les oiseaux multicolores, les feuillages verts impossibles, les fantastiques dessins des Chinois. La salle à manger est entièrement revêtue en bois du Nord découpé, sculpté comme dans les belles cabanes russes. La petite antichambre formée par le palier et la cage de l’escalier sont peintes en vieux bois et représentent des ornements gothiques. Les chambres à coucher, tendues de perse, se recommandent par une coûteuse simplicité. Le cabinet où couchaient alors le caissier et sa