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V

LES CHÂTIMENTS.

L’édition parisienne des Châtiments parut le 20 octobre. Paris était bloqué depuis plus d’un mois. Le livre fut donc, à cette époque, enfermé dans Paris comme le peuple même. Les Châtiments furent mêlés à ce siège mémorable, et firent leur devoir dans Paris pendant l’invasion, comme ils l’avaient fait hors de France pendant l’empire.


Paris, 22 octobre 1870.
Monsieur le directeur du Siècle,

Les Châtiments n’ont jamais rien rapporté à leur auteur, et il est loin de s’en plaindre. Aujourd’hui, cependant, la vente des cinq mille premiers exemplaires de l’édition parisienne produit un bénéfice de cinq cents francs. Je demande la permission d’offrir ces cinq cents francs à la souscription pour les canons.

Recevez l’assurance de ma cordialité fraternelle.

Victor Hugo.

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LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES

À VICTOR HUGO.

Paris, 28 octobre 1870.
Cher et honoré président,

La Société des gens de lettres veut offrir un canon à la défense nationale.

Elle a eu l’idée de faire dire par les premiers artistes de Paris quelques-unes des pièces de ce livre proscrit qui rentre en France avec la république, les Châtiments.

Fière de vous qui l’honorez, elle serait heureuse de devoir à votre bienveillante confraternité le produit d’une matinée tout entière offerte à la patrie, et elle vous demande de nous laisser appeler ce canon le Victor Hugo.


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