Page:Œuvres complètes, Impr. nat., Actes et Paroles, tome III.djvu/60

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dont son président honoraire, M. Victor Hugo, s’est empressé de fournir les éléments.

« L’audition aura lieu mardi prochain, à deux heures précises, au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Plusieurs pièces des Châtiments y seront dites par l’élite des artistes de Paris. »


PROGRAMME.


PREMIÈRE PARTIE.


Notre Souscription 
 M. Jules Claretie.
Les Volontaires de l’An II 
 M. Taillade.
À ceux qui dorment 
 Mlle Duguéret.
Hymne des Transportés 
 M. Lafontaine.
La Caravane 
 Mlle Lia Félix.
Souvenir de la nuit du 4 
 M. Frédérick-LemaÎtre.


DEUXIÈME PARTIE.


L’Expiation 
 M. Berton.
Stella 
 Mlle Favart.
Chansons 
 M. Coquelin.
Joyeuse Vie 
 M. Marie Laurent.
Patria, musique de Beethoven 
 Mme Gueymard-Lauters.


« À la demande de la Société des gens de lettres, M. Raphaël-Félix a donné gratuitement la salle ; tous les artistes dramatiques, ainsi que M. Pasdeloup et son orchestre, ont tenu à honneur de prêter également un concours désintéressé à cette solennité patriotique. »



DISCOURS DE M. JULES CLARETIE.


Citoyennes, citoyens,

À cette heure, la plus grave et la plus terrible de notre histoire, où. la patrie est menacée jusque dans son cœur, Paris, — tout homme ressent l’âpre désir de servir un pays qu’on aime d’autant plus qu’il est plus menacé et plus meurtri. La Société des gens de lettres, voyant avec douleur la grande patrie de la pensée, la patrie de Rabelais, la patrie de Pascal, la patrie de Diderot, la patrie de Voltaire, abaissée et écrasée sous la botte d’un uhlan, a voulu, non seulement par chacun de ses membres, mais en corps, affirmer son patriotisme, et, puisque le canon dénoue aujourd’hui les batailles, puisque le courage est peu de chose quand il n’a pas d’artillerie, la Société des gens de lettres a voulu offrir un canon à la patrie. Mais comment l’offrir ce canon ? Avec quoi faire le bronze ou l’acier qui nous manquait ?

Il y avait un livre qu’on n’avait publié sous l’empire qu’en se cachant et en le dérobant à l’œil de la police ; livre patriotique qu’on se passait sous le manteau, comme s’il se fût agi d’un livre malsain ; livre superbe qui, au lendemain de décembre, à l’heure où Paris était écrasé, où les faubourgs étaient muets, où les paysans étaient satisfaits, protestait contre le succès, protestait contre l’usurpation, protestait