Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, IV.djvu/512

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— Pourquoi veux-tu qu’elle l’oublie ?

— Ce ne serait pas la première fois qu’elle aurait oublié quelque chose pour nous, car Dieu sait comme on traite les gens qui n’ont pas équipage.

— Enfin, dit la pauvre femme pour changer de conversation et tâcher d’échapper aux pointilleries de Clapart, Oscar est maintenant à Presles ; il sera bien heureux dans cette belle terre, dans ce beau parc…

— Oui, attendez-en de belles choses, répondit Clapart, il y causera du grabuge.

— Ne cesserez-vous donc pas d’en vouloir à ce pauvre enfant ? que vous a-t-il fait ? Hé ! mon Dieu, si quelque jour nous sommes à l’aise, peut-être le lui devrons-nous, car il a bon cœur…

— Quand ce garçon-là réussira dans le monde, il y aura longtemps que nos os seront en gélatine, s’écria Clapart. Il aura donc bien changé ! Mais vous ne le connaissez pas, votre enfant, il est vantard, il est menteur, il est paresseux, il est incapable…

— Si vous alliez au-devant de monsieur Poiret ? dit la pauvre mère atteinte au cœur par cette diatribe qu’elle s’était attirée.

— Un enfant qui n’a jamais eu de prix dans ses classes ! s’écria Clapart.

Aux yeux des bourgeois, remporter des prix dans ses classes est la certitude d’un bel avenir pour un enfant.

— En avez-vous eu ? lui dit sa femme. Et Oscar a obtenu le quatrième accessit de philosophie.

Cette apostrophe imposa silence pour un moment à Clapart.

— Avec cela que madame Moreau doit l’aimer comme un clou, vous savez où ?… elle tâchera de le faire prendre en grippe à son mari… Oscar devenir régisseur de Presles ?… mais il faut savoir l’arpentage, se connaître à la culture…

— Il apprendra.

— Lui ? la chatte ! Gageons que s’il était en place, il ne serait pas une semaine sans commettre quelques balourdises qui le feraient renvoyer par le comte de Sérisy ?

— Mon Dieu, comment pouvez-vous vous acharner, dans l’avenir, contre un pauvre enfant plein de bonnes qualités, d’une douceur d’ange, et incapable de faire du mal à qui que ce soit ?

En ce moment, les claquements de fouet d’un postillon, le bruit d’une calèche au grand trot, le piaffement de deux chevaux qui