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ETIENNE PASCAL ET ROBERVAL A FERMAT

tez en avant, afin de la demonstrer, vous supposez deux principes, desquels le premier est vray et l’autre si esloigné d’estre vray, qu’il y a des cas où il arrive tout le contraire de ce que vous demandez.

Le premier est tel : soit A le centre commun des choses
Fig. 5.
pesantes, l’appuy du levier N, et du centre A, intervalle AN, soit décrite une portion de circonference telle quelle CNB, pourvu que l’arc CN soit esgal à l’arc NB ; et soit considéré cet arc CN comme une balance ou un levier sans poids qui se mene librement à l’entour de l’appui N ; soient aussi des poids égaux posez en C et B.

Vous supposez que ces poids contrepeseront l’un à l’autre et feront équilibre, estant balancés sur le point N ; et semble que tacitement vous supposez encore l’équilibre quand les bras du levier NC et NB seront des lignes droictes pourveu que les points C, B soient esgalement esloignez du centre A, et les lignes NC et NB sous-tendantes ou cordes, en effect ou en puissance, d’arcs égaux NC, NB.

Toutes ces choses sont vrayes en general ; mais nous ne les croyons telles que pour ce que nous les avons demonstrées en conséquence d’autres principes qui nous sont plus familiers, plus clairs et plus connus.

Toutefois, en particulier, il y a une distinction qui


    (Œuv. de Fermat, II, p. 51). Aux objections formulées contre son second principe, il répondit : Quoique ce second principe soit manifestement faux…, je l’avois pourtant insdustrieusement et à dessein mis dans ma lettre, afin de vous faire accorder qu’un grave pese moins plus il approche du centre de la terre, ou, en me niant cette vérité, vous obliger d’accorder celle de mon second levier. »