Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

124 ŒUVRES

touche la veûe par son mouvement, c'est-à-dire qu'il faict veoir', et ce qui faict veoir est ce qui figure la partie du cerveau vivant, qui termine les nerfs optiques tout rem- plis de ces petits corps, qu'on appelle esprits lucides, ou, si ce mot vous semble moins françois, lumineux ; et cette partye du cerveau vivant est la puissance que nous appe- lons veiie : le mouvement qui faict cette figure, est celuy que j'appelle laminaire, et ne convient qu'à ces petits corps qui sont capables de figurer la veûe ; le corps que nous appelons transparnnt est tousjours remply de ces petits corps ou esprits lucides; mais ces petits corps n'ont pas tousjours un mouvement luminaire, c'est à dire un mouvement capable de figurer la veiie ; et n'y^ a que le corps lumineux, comme la flame, qui puisse donner ce mouvement luminaire, comme il n'y a que Faiman qui puisse donner^ [le] mouvement magnétique à la limaille de fer ; et comme l'aiman donne ce mouvement à cette poudre de fer sans la donner au corps voisin, de mesme la flamme ou corps lumineux ne donne son mouvement luminaire qu'aux esprits lucides, et non pas aux autres voisins. Cecy est court, mais suffisant pour des person- nes capables et intelligents comme celle à qui j'ay l'hon- neur d'escrire.

Cette desfinition, qui dit que l'illumination est un mouvement luminaire (c'est-à-dire capable de toucher et

��1. Toutes ces distinctions s'expliquent si l'on remonte à la source, au ■ztp', «{'"X.^S d'Aristote, liv. II, ch. 7 : <pàiç Se eoT'.v tj ttoûtou £vspY£'.a, Tou oiaçavou; r, oiaoav^ç- Ôyva|ji£i oi iv m Tout'èa-l y.où x6 cxoTo;* tÔ ZÏ (pûç o^ov yp^jaa ccjti toj oiaçavo-jç, ôxav ri âvTsXs/êt'a oiaçîavlç 6::6 7z\jp6; f] -co'.oj-ou o^ov t6 avio aôijLa, 41869. La lumière suppose donc avant tout un objet transparent, c'est-à-dire qui a la puissance d'être illuminé, et un objet illuminant j^ui fait passer cette puissance à l'acte.

2. Ms. : ce mouvement.

�� �