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ŒUVRES

Je crois pourtant qu’on pourroit faire celle-cy avec quelque certitude, que le vif-argent se hausse toutes les fois que ces deux choses arrivent tout ensemble, sçavoir, que le temps se refroidit, et qu’il se charge ou couvre ; et qu’il s’abaisse au contraire toutes les fois que ces deux choses arrivent aussi ensemble, que le temps devienne plus chaud, et qu’il se décharge par la pluye ou par la neige. Mais quand il ne se rencontre que l’une de ces deux choses, par exemple, que le temps seulement se refroidist et qu’il ne se couvre point, il peut bien arriver que le vif argent ne hausse pas, quoy que le froid le fasse hausser d’ordinaire, parce qu’il se rencontre une qualité en l’Air, comme de la pluye ou de la neige, qui produit un effet contraire ; et en se cas celle des deux qualitez, du froid ou de la neige, qui prevaut, l’emporte.

Monsieur Chanut avoit conjecturé, par ses observations des 22 premiers jours, que c’estoit les vents regnans qui causoient ces divers changemens ; mais il ne me semble pas que cette conjecture puisse se soutenir dans les experiences suivantes : aussi avoit-il bien preveu luy mesme, comme il paroist par ses lettres, qu’elles la pourroient destruire[1]. Et, en effet, le vif argent hausse et baisse à toutes sortes de vents et en toutes saisons, quoy qu’il soit ordinairement plus haut en Hyver qu’en Esté ; je dis ordinairement parce que cette regle n’est pas seure. Car, par exemple, je l’ay veu à Clermont, le 16. de Janvier 1651, à 25. poulces 11. lignes, et le 17. à 25. poulces 10. lignes, qui est presque son plus bas estat : il faisoit ces jours là un calme doux et un grand Ouëst ; et on l’a veu à Paris, le 9. d’Aoust 1649, à 28. poulces 2. lignes, qui est un estat qu’il ne passe gueres : je ne puis dire

  1. Vide supra, p. 414.