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ŒUVRES

j’attendois aprez cet effort. — Madame Habert[1] se porte bien à cette heure ; je crois qu’elle est hors de danger : elle revomissoit tout ce qu’elle prenoit, jusques aux bouillons…

Dis à Mr Ausoult[2] que, selon sa lettre, mon frère escrivit au P. Mersene l’autre jour pour sçavoir de luy quelles raisons Mr Descartes apportoit contre la colonne d’air, lequel fit response assez mal escrite, à cause qu’il a eu l’artère du bras droit coupée en le saignant, dont il sera peut estre estropié[3]. Je lus pourtant que ce n’estoit pas M. Descartes, car, au contraire, il la croit fort, mais par une raison que mon frère n’approuve pas[4],


    à l’égard de Roberval. Vie de M. Descartes, t. II, p. 381. Cf. Cousin, Roberval philosophe. Fragments de philosophie cartésienne, 1852, p. 240.

  1. Il s’agit sans doute de la mère de M. Habert. Voir pour Habert et pour les Montigny, l'Appendice du présent volume.
  2. Vide supra, t. I, p. 370.
  3. Voir la fin de la première Préface aux Reflectiones physico-mathematicæ : « Caetera vero in secundam Præfationem rejiciamus, donec Deus Opt. Max. brachii dexteri arterotomiam, quà laboro, sua benignitate curaverit. » Cf. Baillet, Vie de Descartes, II, 325 : « Ils [Descartes et l’abbé Picot] retournèrent à Paris vers le commencement de septembre ; mais, à leur arrivée, ils trouvèrent bien du désordre dans les amitiez de M. Descartes. Le Père Mersenne étoit tombé malade sur la fin du mois d’août, et son état étoit devenu encore pire par la maladresse du chirurgien qui luy avoit coupé l’artère en le saignant. »
  4. Dès 1631 Descartes avait exprimé ses opinions dans un texte aujourd’hui classique : « Pour résoudre vos difficultez, imaginez l’air comme de la laine, et l’æther qui est dans ses pores comme des tourbillons de vent qui se meuvent çà et là dans cette laine ; et pensez que ce vent, qui se joue de tous costez entre les petits fils de cette laine, empesche qu’ils ne se pressent si fort l’un contre l’autre, comme ils pourroient faire sans cela. Car ils sont tous pesans, et se pressent les uns les autres, autant que l’agitation de ce vent leur peut permettre, si bien que la laine qui est contre la terre est pressée de toute celle qui est au dessus, jusques au delà des nues, ce qui fait une