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122 ŒUVRES

ou un Gentil-homme à la Cour se trouve en estat de perdre son honneur ou sa fortune s’il n’accepte un duel, il ne voit pas que l’on puisse condamner celuy qui le reçoit pour se defendre, l. 3. p. 3. c. 3. n. 2. et 3. Lettre 7. page 3. vers la fin.

RESPONSE. — Un Janseniste trompe tousjours, si l’on ne s’en garde avec soin. Que d’impostures dans la traduction de ce seul passage qu’il a tellement falsifié, qu’il n’y a plus rien qui ne soit corrompu ! Layman enseigne-t-il, que celuy qui est appellé peut accepter le duel, de peur qu’on ne le blâme de lascheté ? Imposture. L’opinion commune, dit-il, est qu’il n’est pas permis ordinairement de le recevoir, parce qu’un homme sage ne vous blasmera jamais de garder les commandemens de Dieu, et de ne vous exposer pas sans une juste necessité au peril de tuer un homme : or dans une chose de cette consequence, il ne faut faire nul estat du jugement des esprits vains et étourdis 1.

Enseigne-t-il que si un soldat à l’armée ou un Gentil-homme à la Cour se trouve en estat de perdre son honneur ou sa fortune, s’il n’accepte un duel, il ne voit pas que l’on puisse condamner celuy qui le reçoit pour se defendre? Imposture. Il dit seulement que Navarre est dans ce sentiment. Approuve-t-il l’opinion de Navarre? Imposture. Il dit simplement (ce que Monsieur du Val Docteur de Sorbonne, tract, de carit. a dit depuis, pour l’estime qu’il fait de Navarre) qu’il ne l’ose pas condamner. S’il arrive, dit-il, par une rencontre qui est tres-rare, in casu rarissimo, qu’un soldat à l’armée ou un Cavalier dans la Cour, soit asseuré de perdre sa charge, sa dignité, et la faveur de son Prince, s’il ne se bat contre celuy qui l’a provoqué par plusieurs fois, donnant par là sujet de croire qu’il n'a point de cœur : je n’ose pas condamner celuy qui suivant la doctrine de Navarre auroit accepté le duel en ce rencontre, purement et simplement pour se defendre 2 , [p. 141 sq.] Où est la bonne foy du

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1. Sententia communis est ordinariè non licere.... attendenda non sunt, n. 3. l. 3. p. 3. c. 3. (Cf. le texte, supra T. V, p. 72 sq.).

2. Si in casu rarissimo... juxta Navarri doctrinam. c. 15. n. 3 et 4. hæc Layman. l. 3. p. 3. c. 3. n. 3. (Cf. le texte, supra T. V, p. 73).