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QUINZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION


formée. Le Dieu que nous servons est un Dieu de paix, et la paix est l'heritage de ses enfans, la livrée de ses domestiques, la richesse de ses amis, le salaire de ceux qu'il employe, et la felicité de tous les hommes. Dites donc si après cela vous pouvez continuer une guerre qu'il ne faloit jamais commencer, et que vous finirez toùjours trop tard ? Nous souhaitons depuis 20. ans que les douceurs de la paix renaissent en France, et que nos Armées portent la guerre dans la Turquie. C'est en quelque maniere le souhait que je fais pour Vous, qu'aprés une sincere et constante reconciliation avec les Jesuites, vous tourniez vôtre plume contre les restes de l'Heresie, les langues impies, et libertines, et les autres corruptions du siecle. »

Les Jésuites s'agitaient aussi, dès ce temps-là, pour arrêter par une interdiction officielle la publication des Provinciales. La fin de la lettre de Pascal montre la crainte que l'on avait de les voir réussir.

II. — SOURCES

Si Pascal avait fourni aux curés la presque totalité des textes qu'ils dénoncèrent, il leur emprunte ici une longue citation sur Caramuel. Il s'inspire aussi des nombreux écrits polémiques d'Arnauld contre les Jésuites. Il tire parti des documents qui lui furent directement transmis sur les démêlés de Puys et du Père Valeriano Magni avec les Jésuites. Le Père Rapin (Mémoires, T. II, p. 408) semble accepter l'hypothèse sans fondement, qui fut émise alors, qu'Arnauld, irrité des attaques du Père Nouet, avait repris la plume dans les dernières Provinciales « pour y mêler un degré de bile et d'aigreur de sa façon ».

Selon Fouillou, « la 15e est toute de Pascal » ; et elle fut revue par Nicole chez M. Hamelin. Cette Lettre ne parut que longtemps après avoir été écrite ; le 5 décembre, Guy Patin annonce à Spon qu'elle paraîtra dans huit jours au dire