Mais celles-là sont trop aisées à destruire; et c'est
pourquoy vous en avez de plus subtiles, où vous ne
particularisez rien, afin d'oster toute prise et tout
moyen d'y répondre, comme quand le P. Brisacier
dit, Que ses ennemis commettent des crimes abominables,
mais qu'il ne les veut pas rapporter¹. Ne semble-t'il
pas qu'on ne peut convaincre d'imposture un
reproche si indeterminé? Mais ²neanmoins un habile
homme en a trouvé le secret ; et c'est encore un
Capucin, mes Peres : vous estes aujourd'huy malheureux
en Capucins ; et je prevois qu'une autre fois
vous le pourriez bien estre en Benedictins³. Ce Capucin
s'appelle le P. Valerien, de la maison des Comtes
de Magnis⁴. Vous apprendrez par cette petite histoire
comment il répondit à vos calomnies. Il avoit
heureusement reüssi à la conversion du Landgrave de
Darmstat⁵. Mais vos Peres, comme s'ils eussent eü
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1. Sur cette accusation de Brisacier, cf. la onzième Provinciale, supra T.V, pp. 329 et 299.
2. B. un habile homme neanmoins en a....
3. W. ut nec propediem, quemadmodum quidem auguror, Benedictini. — Nous ignorons le sens de cette menace ; Pascal fait encore allusion de façon mystérieuse au rôle des Bénédictins, dans le premier post-scriptum de sa seizième Provinciale, cf. infra p. 292.
4. Sur le Père Valeriano Magni et ses démêlés avec les Jésuites, cf. supra p. 182 sqq.
5. Faugère a signalé que l'édition de 1754 et les suivantes portent : « .... du Landgrave de Hesse (Rheinsfeld). » Cette modification est expliquée dans quelques éditions par la note suivante : « Le prince Ernest, landgrave de Hesse, de la conversion duquel il s'agit ici, n'était pas de la maison de Hesse-Darmstadt, mais il était fils du prince Maurice, landgrave de Hesse, et n'était pas l'aîné ni par conséquent le chef de la maison de Hesse-Cassel. » Ernest de Hesse-Reinfels (1623-1693) entretint plus tard une active correspondance avec Arnauld ; en 1686 il servit d'intermédiaire entre Arnauld et Leibniz.