Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/247

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Adieu. Je n’implore pas de toi le pardon de la violence dont j’ai usé à ton égard, puisqu’elle t’a donné lieu de déployer la noblesse de ton caractère. L’or ne se fait connaître que par l’application de la pierre de touche. Adieu ; je reviendrai bientôt, et nous aurons un nouvel entretien. »

Il sortit de la chambre et descendit l’escalier, laissant Rébecca peut-être moins épouvantée de l’idée de la mort à laquelle elle venait de s’exposer, que de l’ambition effrénée de l’homme audacieux aux mains duquel elle se voyait si malheureusement livrée. Quittant la fenêtre où elle s’était réfugiée, et rentrant dans la chambre, elle rendit grâces à Dieu de la protection qu’il lui avait accordée, et dont elle implora la continuation pour son père. Un autre nom se glissa dans sa prière, ce fut celui du jeune chrétien malade que son destin avait poussé entre les mains de ces hommes altérés de sang, ses ennemis déclarés. Le cœur de la jeune fille lui reprocha pourtant ce souvenir donné à un homme dont le sort ne pouvait en aucune manière se lier au sien, au sort d’un Nazaréen, d’un ennemi de sa foi. Mais déjà sa prière avait franchi les nues, et tous les préjugés de sa secte ne purent déterminer l’intéressante Israélite à la faire redescendre au fond de son cœur.



CHAPITRE XXV.


Quel maudit griffonnage ! Jamais de ma vie je n’en vis de pareil.
Goldsmith, Elle s’humilie pour vaincre.


Lorsque le templier entra dans la grande salle du château, de Bracy s’y trouvait déjà. « Et votre déclaration amoureuse ? s’écria celui-ci ; je présume que, comme la mienne, elle a été troublée par l’appel bruyant du cor. Mais vous arrivez le dernier et à regret, ce qui me porte à croire que votre entrevue aura été plus heureuse et plus agréable que la mienne.

— Votre déclaration à l’héritière saxonne aurait-elle été sans succès ? dit le templier.

— Par les reliques de saint Thomas Becket ! il faut que lady Rowena ait ouï dire qu’une femme en pleurs est un spectacle que je ne puis supporter.