Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/217

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rit de la constance des femmes, parce qu’il n’a jamais vécu que parmi les plus indignes du sexe, dit le connétable. Cependant tu devrais savoir le contraire, ayant, comme je le sais, une fille des plus vertueuses…

— Dont la mère ne l’était pas moins, » dit Wilkin interrompant le connétable avec un peu plus d’émotion qu’il n’en montrait ordinairement. « Mais la loi, milord, me donnait l’autorité nécessaire pour gouverner et diriger ma femme, comme la loi et la nature me donnent le même pouvoir sur ma fille. Ce que je puis gouverner, je puis en répondre ; mais m’acquitter aussi bien d’une confiance déléguée, c’est une autre question… Restez chez vous, mon bon lord, » continua l’honnête Flamand en voyant que sa harangue faisait quelque impression sur de Lacy ; « que l’avis d’un sot serve une fois à faire changer celui d’un sage dont le parti a été pris, permettez-moi de le dire, dans une heure peu favorable. Restez dans vos foyers ; gouvernez vos vassaux, et protégez votre épouse… Vous seul pouvez réclamer son amour volontaire et sa prompte obéissance ; et je suis bien sûr, sans prétendre deviner ce qu’elle pourrait faire en votre absence, qu’elle remplira, sous vos propres yeux, le devoir d’une épouse fidèle et aimante.

— Et le saint sépulcre, » dit le connétable avec un soupir, reconnaissant la sagesse de l’avis que les circonstances l’empêchaient de suivre.

« Laissez à ceux qui ont perdu le saint sépulcre le soin de le regagner, milord, reprit Flammock. Si ces Latins et ces Grecs, ainsi qu’on les appelle, ne sont pas meilleurs qu’on ne l’a dit, il est indifférent que ce soient eux ou les païens qui possèdent un pays qui a coûté à l’Europe tant de sang et de trésors.

— En vérité, dit le connétable, il y a du bon sens dans ce que tu dis ; mais je t’engage à ne pas le répéter, de crainte qu’on ne te prenne pour juif ou hérétique. Quant à moi, ma parole et mon serment sont donnés irrévocablement, et il ne me reste qu’à considérer à qui je puis confier ce poste important que ta prudence refuse avec quelque ombre de raison.

— Il n’est aucun chevalier à qui Votre Seigneurie puisse aussi naturellement confier un pareil dépôt qu’à votre proche parent qui possède votre confiance ; et encore vaudrait-il mieux que cette confiance ne fût donnée à personne.

— Si, dit le connétable, par mon proche parent vous voulez