Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/266

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cours de Wenlock et de ses serviteurs, assiégés par les paysans insurgés.

— Je ne sais pas, » dit Genvil hésitant toujours ; « notre chef sire Damien de Lacy protège les communes ; quelques-uns disent qu’il est leur ami, et je me rappelle qu’il se querella une fois avec Wild Wenlock pour une petite sottise que ce dernier avait faite à la femme du meunier de Twineford. Nous serons dans de beaux draps quand notre jeune chef sera sur pied, s’il apprend que nous avons combattu contre le côté qu’il soutenait !

— Soyez sûrs, » dit la jeune fille avec inquiétude, qu’autant il protégerait les communes contre l’oppression, autant il les combattrait avec ardeur quand elles veulent opprimer. À cheval, et partez ! sauvez Wenlock et ses soldats !… il y va de la vie et de la mort. Je vous promets sur ma vie et ma fortune que tout ce que vous ferez sera considéré par de Lacy comme un service loyal. Allons donc, suivez-moi !

« Personne assurément ne peut connaître les intentions de sire Damien mieux que vous, belle dame, reprit Genvil ; même, quant à cela, vous pouvez les faire changer comme vous voulez. Ainsi nous allons marcher, et nous aiderons Wenlock, s’il en est encore temps, comme je l’espère ; car c’est un fier sanglier, et quand il se retourne pour mordre, il en coûte cher aux paysans avant qu’ils sonnent la mort[1]. Mais restez dans votre château, belle dame, et fiez-vous à Amelot et à moi… Allons, sire page, prenez le commandement, puisqu’il faut qu’il en soit ainsi ; quoique, ma foi, ce soit dommage d’ôter le casque de cette jolie tête et l’épée de cette jolie main. Par saint George, cela fait honneur au métier de soldat de les y voir ! »

Éveline rendit les armes à Amelot, l’exhortant en peu de mots à oublier l’offense qu’il avait reçue, et à faire son devoir en homme. Pendant ce temps, Genvil déroula le panonceau, le fit flotter, et, sans mettre le pied dans l’étrier, s’appuyant seulement sur la lance, il se jeta sur sa selle, malgré la pesanteur de ses armes. « Nous sommes prêts maintenant, et aux ordres de votre jeunesse, » dit-il à Amelot ; et, tandis que le page mettait la troupe en ordre, il dit tout bas à son voisin : « Il me semble qu’au lieu de cette vieille queue d’hirondelle, notre bannière devrait être un cotillon brodé… un jupon à falbala n’a pas d’égal à mon idée ! Voyez-vous, Stephen Pontoys, je pardonne à Damien

  1. Expression technique dans la chasse du sanglier. a. m.