Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvaient les mettre à couvert. Ils commencèrent alors à bander leurs arcs et à lancer leurs innombrables flèches sur les remparts et les meurtrières : ils éprouvèrent cependant beaucoup plus de dommage qu’ils n’en causèrent aux soldats de la garnison, qui, moins exposés, frappaient des coups plus sûrs. Cependant les deux autres corps de Gallois, défendus en quelque sorte par la grêle non interrompue de flèches que leurs compatriotes faisaient pleuvoir, essayèrent d’emporter d’assaut les remparts extérieurs du château. Ils avaient des haches pour détruire les palissades qu’on appelait alors barrières, des fagots pour remplir les fossés extérieurs, des torches pour mettre le feu aux matières combustibles qui pouvaient se trouver sur leur passage, et surtout des échelles pour escalader les remparts.

Ces détachements se précipitèrent vers le point d’attaque avec une incroyable furie, malgré la défense la plus vive et la perte énorme que leur faisaient éprouver les projectiles de toute espèce ; ils continuèrent l’assaut pendant à peu près une heure, soutenus par des renforts plus que suffisants pour compenser leurs pertes. Forcés enfin de se retirer, ils adoptèrent un genre d’attaque plus fatigant pour les assiégés. Un corps considérable attaquait un point découvert de la forteresse avec une telle furie que ceux des soldats qui pouvaient se détacher des autres postes défendus, accouraient au secours de leurs compatriotes ; et le point qui paraissait le plus dégarni était tout à coup vigoureusement attaqué par un autre corps de Gallois.

Les défenseurs de Garde-Douloureuse ressemblaient donc au pauvre voyageur occupé à repousser un essaim de frelons ; tandis qu’il les chasse d’un côté, il s’en trouve attaqué de l’autre ; et leur nombre toujours croissant, leur hardiesse et la multiplicité de leurs attaques, le réduisent bientôt au désespoir. La poterne devenant un point principal d’attaque, le père Aldrovand, dont l’inquiétude était telle qu’il ne pouvait s’absenter des murailles, et qui, autant que le lui permettaient les statuts de l’Église, prenait part à la défense de la place, le père Aldrovand se précipita vers le point le plus exposé.

Là il trouva Wilkin, comme un second Ajax ; couvert de sang et de poussière, il dirigeait de ses propres mains l’immense machine que peu auparavant il avait aidé à établir ; mais il jetait en même temps des regards attentifs sur tout ce qui se faisait autour de lui.

« Que penses-tu de cette journée ? lui dit le moine à voix basse.