Pages choisies/01

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Albin Michel (p. 9-20).




PRÉFACE
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Ce n’est pas le simple hasard, non plus que l’ordre chronologique, qui nous ont fait placer en tête de ce recueil quelques extraits de la Guerre dans les Airs : ils sont là pour marquer fortement, dès le début, l’originalité qui se retrouvera tout au long de ces pages choisies. Tout de suite, le lecteur surpris et conquis admirera l’extraordinaire mélange de réalisme, de merveilleux scientifique et d’anticipations visionnaires qui ont fait la renommée universelle de notre auteur.

Formidable et étonnamment variée, l’œuvre de H.-G. Wells offre cette caractéristique rare de ne pas vieillir. Elle garde une actualité vivace, et aujourd’hui encore, après plus de trente ans, ses premiers romans restent curieusement prophétiques. Rien ne le démontre mieux que ces quelques scènes de la Guerre dans les Airs[1]. Ce palpitant récit parut en 1908 : il est stupéfiant de le relire aujourd’hui, après la grande guerre. Quand Wells échafauda cette prodigieuse anticipation, il y avait à peine dix ans que Clément Ader avait, pour la première fois au monde, « décollé du sol » avec un plus lourd que l’air ; c’était l’année même où Santos-Dumont, sur sa « demoiselle », réussissait ses premiers vols. C’en fut assez pour que Wells entrevît l’avenir qu’annonçaient ces exploits. Se faisant par avance l’historien de la guerre future, il met aux prises les grandes puissances du monde, et c’est dans les airs que les engins volants construits par l’Allemagne, les Etats-Unis, le Japon, la Chine, se heurtent, déversent sur les mers et les continents les projectiles destructeurs et provoquent l’irrémédiable ruine de la civilisation. Six ans plus tard, à peine, l’Europe est en effet à feu et à sang. Les machines prévues par Wells apparaissent dans le ciel, circulent sans répit au-dessus des tranchées et poussent des « raids » à d’énormes distances derrièreles lignes. Mais à l’heure actuelle, la réalité est encore loin des appareils que décrit l’auteur visionnaire : sans doute les verra-t-on surgir lors du conflit que La Fouchardière a déjà baptisé « la prochaine dernière guerre ».

Avec la Machine à explorer le Temps[2], nous faisons un bond de treize ans en arrière, bien peu de chose à côté des bonds que la fameuse machine permet à son inventeur. Dans ce roman qui date de 1895 — le premier qu’il ait publié — Wells est plus audacieux peut-être que dans aucun de ceux qui suivront : il s’y révèle comme un vertigineux visionnaire, en même temps que le plus réaliste des utopistes. Le temps étant admis comme une quatrième dimension, il est tout naturel de s’y mouvoir comme on se meut dans les trois autres ; et la machine emmène l’explorateur jusqu’en l’an 802.701. Ce qu’il trouve alors sur la terre dépasse, de tous ces millénaires, les pires Scènes de la vie future dont Georges Duhamel fut le témoin désenchanté et qu’il relate en les déplorant. Cependant, c’en est la conséquence déduite par anticipation avec une féroce logique. Deux races demeurent : l’une, souterraine, mécanique, ne sort de ses ténèbres que la nuit pour venir chercher à la surface, où elle les élève comme un bétail, les descendants dégénérés de l’antique classe des oisifs, de l’autre race devenue comestible, dont elle alimente ses abattoirs et qui constitue sa nourriture. Beaucoup de critiques estiment que la Machine à explorer le Temps est la plus puissante et la plus parfaite entre toutes les œuvres de Wells. Il est certain que le récit y est admirablement mené, qu’il captive de bout en bout, et qu’à la fin, la description de l’agonie de la terre, sous un soleil à demi éteint, au crépuscule des âges, se grave inoubliablement dans l’esprit.

D’autres admirent davantage l’Ile du docteur Moreau[3]. Outre qu’à leur avis le récit est échafaudé, composé, développé selon une architecture simple et légère, ils assurent que Wells a réussi là un tour de force, une critique de la Création d’autant plus redoutable qu’elle ne désapprouve pas, qu’elle n’incrimine pas, qu’elle ne s’indigne pas. La résolution insensée du Dr Moreau de façonner des êtres à l’image de l’homme suggère irrésistiblement l’idée de rapprocher de ce thaumaturge présomptueux les dieux de toute espèce qui se sont proposé de créer l’homme à leur image. Que leur œuvre soit aussi imparfaite que celle de Moreau, Wells l’indique par des moyens aussi simples qu’impressionnants. A ses hommes animaux, le maniaque chirurgien fait inculquer une loi qui symbolise les statuts sociaux,— les règles conventionnelles, les injonctions morales ;

mais en vain : dès qu’ils ne ledoutent pas d’être punis, ils enfreignent la loi. L’analogie va plus loin, sans que rien la souligne ; il semble même que l’auteur prenne soin d’éviter toute allusion directe, et de ne rien dire, pas même d’insinuer, qui dépasse ses personnages humains et leurs faits et gestes. Aucun artifice ne peut mettre le lecteur sur la voie, aucun subterfuge ne peut non plus le fourvoyer : Moreau est bien Moreau et sa retraite du Pacifique est bien un îlot désert sous les tropiques, voilà tout. A part cela, vous pouvez y voir tout ce que vous voulez, et surtout vous serez empoigné dès la première page, et vous continuerez, haletant, votre lecture jusqu’à la fin. Wells avait trente ans lorsqu’il publia, en 1896, -J l’Ile du docteur Moreau. Deux ans après, il donna en volume la Guerre des Mondes (1) qui eut un succès énorme ; ce fut le début .d’une vogue qui n’a cessé de croître jusqu’à ce que l’écrivain soit devenu l’un des hommes les plus fameux en ce monde.

Il y a quelques années, l’Association FranceGrande-Bretagne donnait un banquet en l’honneur de Wells. Entre autres orateurs, M. Jean Perrin, l’éminent savant, titulaire du prix Nobel de physique, rappela l’impatience avec laquelle la jeunesse universitaire attendait, il y a plus de trente ans, les numéros du Mercure de France où paraissaient mes versions françaises de ces premiers romans de Wells. Entre tous, la Guerre des Mondes empoignait ces lecteurs d’élite et surexcitait leur imagination. Beaucoup plus mouvementé que les précédents, ce récit offre un sujet non moins audacieux et d’un traitement infiniment plus difficile. Ce n’est plus un voyageur solitaire parcourant des périodes fantasmagoriques ; ce ne sont plus trois personnages seuls avec des " monstres sur une île perdue ; cette fois, l’auteur met (1) Traduit par Henry D. Davray, Mercure de France.

en mouvement des foules dans un monde bouleversé. La chute des cylindres marsiens autour de Londres provoque d’abord la surprise et la curiosité ; puis, quand ces êtres, juchés dans leurs étranges mécaniques, se livrent, sans autre forme de procès, à des hostilités contre lesquelles sont impuissantes nos défenses terrestres, c’est la panique. La fuite affolée des habitants de Londres devant les terrifiants envahisseurs est décrite avec un réalisme si poignant qu’on croirait lire le récit d’un témoin oculaire. C’est une fresque immense, à grandes lignes nettes, où les détails précis abondent sans créer de confusion. Tout est raconté avec simplicité, sur un ton d’émotion ineffaçable, avec un "humour qui feint de s’ignorer et que sa discrétion rend singulièrement plus efficace. Par contraste avec cet infernal grouillement, rien n’est plus saisissant que la promenade du héros narrateur à travers les rues de Londres, désertes, silencieuses, et en partie saccagées. Quelques mois plus tard, en 1899, H.-G. Wells donnait un autre roman anticipateur, Quand le Dormeur s’éveillera (1), où, de nouveau les cohues, le tumulte des multitudes insurgées forment des tableaux d’épopée. Après plus de deux siècles de catalepsie, le Dormeur s’éveille. Du seul fait de son ’existence prolongée, les intérêts qu’il possédait dans certaines entreprises lui assurent la propriété d’une vaste partie des industries et des finances de la terre ; c’est en son nom qu’un oligarchique comité gouverne le monde et maintient les masses en servage. Une ’féroce domestication est l’aboutissement du système social actuel. C’est le prétexte pour Wells d’animer des « scènes de la vie future » qui dépassent tout ce que Georges Duhamel a pu redouter devant la mécanisation des Etats-Unis. La vie est complètement (1) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de

France.

transformée. Les « villes tentaculaires » sont de gigantesques agglomérations où peinent sans relâche des millions d’êtres ; d’où, chaque matin, d’énormes et rapides véhicules distribuent dans les campagnes les ouvriers qui les cultivent scientifiquement : la nature aussi est domestiquée. Les transports aériens ont supprimé les frontières ; les races et les nations ne sont plus ennemies ; deux ou trois langues seulement sont restées en usage et tendent à se fondre. Il n’y a plus de livres, plus de journaux, mais des téléphonoradiocinématographes ; une sorte d’hypnotisme a remplacé la médecine ; la vie individuelle a fait place à la vie collective ; si le sentiment maternel subsiste, la progéniture des couples appartient à la communauté qui l’élève par des méthodes scientifiques. Toute cette évolution est déduite rigoureusement des données d’il y a trente ans, et le développement qu’imagine l’auteur concorde depuis lors de manière saisissante avec les transformations successives de la réalité. L’année suivante, H.-G. Wells commence, mois

après mois, dans la Fortnightly Review, une série de longs articles qu’il appelle Anticipations (1). Ce n’est plus de la fiction ; ce n’est plus de l’avenir romancé. L’auteur ne fait plus appel au merveilleux scientifique. Il renonce à ses vertigineuses prophéties. Crânement, il s’en prend au présent pour en déduire le futur immédiat, avec quelques envols vers des temps moins prochains. Les questions les plus simples et les problèmes les plus complexes, les préoccupations d’ordre intellectuel et les réalisations pratiques, il aborde tout. Avec un esprit critique singulièrement pénétrant, il examine les données que l’actualité lui fournit et il établit ses pronostics : ce à quoi on est parvenu la veille lui permet de (1) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de

France.

discerner ce à quoi on parviendra le lendemain, ou dans dix, vingt ou cinquante ans. D’après le bilan du le budget du siècle qui il suppute terminé, siècle y écoulés, sont Aujourd’hui, trente ans se commence. et sa clairvoyance fut si lucide, si sagace, que ses prédictions ne cessent de se réaliser l’une après

l’autre.

Chaque tranche mensuelle de ces Anticipations était attendue avec impatience par le public, tandis passionnées discussions à des livrait la se presse que sur la précédente. Dès que les douze articles paraissent polédes s’élève ; s’étend débat et le volume, en miques surgissent, des controverses s’enchevêtrent dans la presse populaire comme dans les plus graves quotidiens. Les périodiques s’en mêlent et l’admiration pour l’anticipateur est unanime. Bientôt l’idée est lancée qu’outre bon poète lauréat, l’Angle-

terre se doit d’avoir un « prophète-lauréat » qui serait

Wells, avec mission d’appliquer sa surnaturelle

clairvoyance à l’examen critique des projets parlementaires et des initiatives de l’État. Son discernement, qui tient du prodige, lui permettra d’en signaler ,

les développements fâcheux ou bienfaisants, les conséquences heureuses ou funestes. Mais dans nos vieux pays d’Europe, les meilleures idées n’ont aucune chance d’être mises à exécution si elles ne sont pas soutenues par les précédents ou par la rou-

tine, et aucune bureaucratie n’a l’emploi d’une intelligence sagace qui puisse stimuler des gouvernements de politiciens empiriques ou leur crier casse-cou. Que l’idée était excellente, la preuve n’a cessé d’être administrée depuis lors, et elle l’est chaque jour encore à quiconque lit ou relit ce recueil de prévisions pratiques, de déductions judicieuses qui se réalisent souvent beaucoup plus tôt que le prophète ne l’annonçait. Il va de soi que le gouvernement ignora le vœu populaire ; Wells put ainsi conserver son indépendance pour vaticiner à sa guise, critiquer et polémiquer sans ménagements et il ne s’en priva pas. En 1902, il publie La Découverte de l’Avenir (1) ; en 1903, l’Humanité en formation ; en 1905, Une Utopie moderne (2), ouvrages dans lesquels il projette sur l’évolution de l’humanité d’éblouissants faisceaux de lumière.

Mais avant d’anticiper sur la marche de l’activité humaine, Wells avait envoyé dans la lune un toqué de génie et son disciple : Les premiers Hommes dans la Lune (3) parviennent à destination ; ce qu’ils nous apprennent des Sélénites ressemble fort à une réduction à l’absurde de maintes tendances qu’offre la civilisation des habitants de la terre. Entre temps, en 1904, pour que l’humour ne perde pas ses droits et parce que Wells prend un sarcastique plaisir aux absurdités qu’entraînent la naïveté et la présomption des hommes, il écrit Place aux Géants (4) qui lui est une occasion de narrer, avec un réalisme burlesque et désopilant, les mécomptes et les vicis-* situdes d’un inventeur un peu trop ignorant ou dédaigneux des contingences pratiques. L’avenir de la Terre et de l’humanité ne suffit pas à accaparer toute l’attention de Wells. Le monde des astres offre un mystère que sa fantaisie s’efforce d’utiliser, sinon de déchiffrer. Il fait envahir notre globe par les habitants de Mars et il projette deux terriens saugrenus dans la Lune. Dans la Merveilleuse Visite (5), c’est un ange qui tombe du ciel et se trouve passablement dépaysé. Plus tard, modifiant cette

J

(1)

(2)

Traduit par Henry D. Davrav. Mercure de France. Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de

France.

(3) Traduit par Henry D. Davray, Mercure de France. (4) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France.

(5) Traduit par Louis Barron, Mercure de France.

fiction, Wells fait surgir, de la mer cette fois, Miss Waters (1), une sirène, une vraie, qui finit en queue de poisson, s’échoue sur une plage anglaise de la Manche, s’adapte prestement à son nouveau milieu, s’y trouve à l’aise et enchaîne tous les cœurs. Dans une nouvelle simplement intitulée L’Etoile,. Wells décrit l’approche vertigineuse, signalée par les astronomes, d’un corps céleste inconnu qui bouleverse le système solaire et menace d’anéantir notre minuscule planète ; d’abord, personne ne prête attention à cette nouvelle que les journaux jugent insignifiante. Puis, tout à coup, on se rend compte que le cataclysme est inévitable, que le monde va fatalement finir... c’est un conte prodigieux (2). Après ces pages si puissantes dans leur tragique raccourci, Wells imagine une conséquence toute différente des phénomènes astronomiques. Un beau jour, la Terre est frôlée par l’orbite d’une comète qui l’effl,eure de sa chevelure ; quand les brouillards verts qui se forment à ce contact sont dissipés, l’humanité reprend une existence telle qu’à l’âge d’or. Jamais Wells ne s’est montré plus sensible et plus humain que dans ce triptyque. Lorsque l’ouvrage parut, il y a vingt-cinq ans, on le considéra comme la plus utopique des conceptions de l’auteur : il y dépeignait une ère sans violences, où, après la vraie dernière des guerres, les hommes s’entendaient pour créer un Etat mondial... Dix ans plus tard, les peuples créaient la Société des Nations : il est passionnant de relire aujourd’hui Au temp8 de la Comète (3). Les phénomènes énigmatiques du spiritisme, comme -

(1) Traduit

Frame.

par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de dans Les Pirates de la Mer, trad. par Henry D. Davray,

MerC’Ure.’Rtoile,deFrance.dans

(3) Traduit par Henry D. Davray

France.

et B. Kozakiewicz, Mercure de tout

i

ce qui touche à l’occultisme, excitent la curio-

sité de Wells, et il trouva là des sujets qu’il a traités en des nouvelles singulièrement intéressantes. Le recueil intitulé Les Pirates de la Mer (1) en contient quatre : L’Homme qui pouvait accomplir des Miracles, l’Œuf de Cristal, la Chambre rouge et la Tentation d’Harringay ; on trouve l’Histoire de feu Mr Elvesham dans Effrois et Fantasmagories (2) ; au nombre des Douze Histoires et un Rêve (3) l’occulte en compte deux : Le Bazar magique et Le Fantôme inexpérimenté, et il est bien difficile de dire lequel entre tous ces récits est le plus saisissant ; mais le plus merveilleux est sans contredit La Porte dans le Mur. Le recueil qui le contient s appelle Le Pays des Aveugles (4), d’après le titre de la nouvelle sur laquelle le livre s’ouvre et qui est incontestablement un chef-d’œuvre ; on y peut lire aussi Les Cuirassés de Terre, où bien des années avant la guerre, Wells fait figurer des engins de combat qui ressemblent étonnamment à es que furent les tanks et les chars d’assaut. La lecture des œuvres de Wells inspire tout de suite une première remarque : quels qu’ils soient, ses romans sont d’un extraordinaire réalisme, en ce sens que la fantaisie la plus imprévue, les inventions les plus audacieuses, les utopies les plus aventureuses sont solidement établies sur la réalité ; elles s’enchevêtrent dans la vie de tous les jours ; elles se basent sur les mœurs, les institutions actuelles, les applications de la science et des inventions humaines, et l’avenir s’y coordonne merveilleusement avec le présent.

(1) Traduit par Henry D. Davray, Mercure de France. (2) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de

France.

(3) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France.

(4) Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France. Du reste, certains romans de Wells démontrent qu’il a, du présent, une perception singulièrement perspicace, et qu’il sait voir les gens et les choses sous un angle d’indulgente malice ou d’implacable réprobation. Ainsi, alternant avec les histoires fantastiques, parurent ces tableaux de la vie des humbles que pourrait réclamer le populisme : La Burlesque Equipée du Cycliste, L’Amour et Mr Lewisham, L’ Histoire de Mr Polly, Anne Véronique (1) et tant

d’autres.

Après la Guerre dans les Airs, Wells ne touche plus que de loin en loin au merveilleux scientifique : on ne le verra plus que rarement se lancer dans de grands essors prophétiques. Il ramène son attention vers ce qui l’entoure immédiatement. Sa sagacité, sa pénétrante clairvoyance lui font voir les choses telles qu’elles sont. Il arrache les masques ; les traits véritables des « tragi-comédiens de la vie », comme a dit George Meredith, lui apparaissent et il les montre avec un sens aigu du comique, avec une drôlerie, avec un humour divertissants, avec aussi une colère vengeresse contre les hypocrisies, les impostures et les brigandages de la politique et des profiteurs de toute espèce.

Cela ne lui suffit pas. Sa formation scientifique —

premier

son

ouvrage est un manuel de biologie en deux volumes — l’oblige à scruter le problème sous tous ses aspects, et, comme la connaissance du passé lui manque, il étudie les transformations géologiques de la Terre, l’histoire de l’homme, des races, des peuples, des nations, le colossal déroulement de l’activité humaine sous toutes ses formes : il rédige alors une monumentale Histoire du Monde qui se lit « comme on lit un roman ». Elle est le cadre indispensable pour l’étude d’une période quelconque de (1) Ces romans ont été traduits par Henry D. Davray et B. Kozakicwicz, Mercure de France.

« la chronologie terrestre ou de l’histoire d’une nation particulière. « Wells, petite syllabe, grand nom », écrivit jadis J. Ernest-Charles qui commentait avec admiration les romans de notre auteur. Oui, certes, et l’œuvre que, par un incessant labeur, Wells a accumulé, oblige à reconnaître qu’il est l’une des plus prodigieuses intelligences de notre époque, et peut-être de tous les temps.

Henry D.

DAVBAY.

  1. Traduit par Henry D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France.
  2. Traduit par Henry D. Davray, Mercure de France.
  3. Traduit par Henry D. Davray, Mercure de France