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Panthéon égyptien/1

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 1-2).

AMON, AMON-RA ou AMON-RÉ,

À TÊTE HUMAINE.
Planche 1

Ce dieu, de forme humaine, est ici représenté assis sur un trône, comme le sont pour l’ordinaire toutes les grandes divinités de l’Égypte. Sa carnation est bleue, couleur propre à ce personnage ; sa barbe est figurée par une appendice noire qui caractérise les divinités mâles ; et dans les cercueils de momie, cette même appendice indique toujours une momie d’homme ; le dieu tient dans sa main gauche un sceptre terminé par la tête de cet oiseau qu’Horapollon nomme Koucoupha, sceptre commun à toutes les divinités mâles du Panthéon égyptien, et qui était le symbole de la bienfaisance des dieux ; dans sa main droite est la croix ansée, symbole de la vie divine ; sa tête est ornée d’une coiffure royale, surmontée de deux grandes plumes peintes de diverses couleurs ; de la partie postérieure de sa coiffure, descend une longue bandelette bleue ; son col est orné d’un collier, parfois très-richement décore ; sa tunique, d’abord soutenue au-dessous du sein, au moyen de deux bretelles, est fixée vers les hanches par une ceinture bleue ; des bracelets ornent le haut de ses bras, et souvent aussi la naissance du poignet.

On reconnaît ici le Démiurge égyptien, le dieu créateur du monde, décrit trait pour trait, par Eusèbe, dans sa Préparation évangélique.

Les trois premiers caractères de la légende hiéroglyphique placée devant l’image du dieu, forment son nom propre ordinaire, et se lisent Ⲁⲙⲛ (Amen ou Amon) ; les deux signes suivants font souvent partie de ce même nom, qui se lit alors Ⲁⲙⲛⲣⲏ (Amon-Ré, Amon-Ri ou Amon-Ra). C’est ce nom divin que les Grecs ont écrit, Αμων, Αμουν et Αμμων, en considérant cette divinité égyptienne comme identique avec leur Ζευς, le Jupiter des Latins.

Dans la théologie égyptienne, Amon, dont le nom signifiait occulte ou caché, suivant l’égyptien Manéthon, était le premier et le chef des dieux[1], l’esprit qui pénètre toutes choses[2], l’esprit créateur procédant à la génération et à la mise en lumière des choses cachées[3].

La légende hiéroglyphique qui accompagne ordinairement les représentations de cet être divin, est celle que porte notre gravure, et qui signifie, dans son entier, Amon-ré, seigneur des trois régions du monde, seigneur suprême ou céleste.

Amon ou Amon-Ré fut la principale divinité des Éthiopiens, des Égyptiens, et des peuples de race éthiopienne ou égyptienne, qui habitèrent la Libye aux plus anciennes époques ; les siéges principaux de son culte furent Méroé, en Éthiopie ; l’oasis de Syouah, dans la Libye ; et, en Égypte, Thèbes, la première capitale de l’empire. Les images du dieu Amon couvrent les magnifiques monuments de cette ancienne cité, qui, dans la théologie Égyptienne, s’appelait même la ville d’Amon, nom que les Grecs ont assez fidèlement traduit en leur langue par Diospolis, la ville de Zeus ou de Jupiter. C’est à Amon ou Amon-Ré que sont, en effet, dédiés les principaux édifices religieux de Thèbes. Son image occupe le pyramidion ou le sommet des plus grands obélisques égyptiens, tels que ceux de Louqsor et de Karnac, et le haut de ces superbes monolithes, ouvrages des anciens pharaons, que les Romains transportèrent dans leur ville, dont ils sont devenus les plus beaux ornements ; les bas-reliefs, qui décorent les murs intérieurs ou extérieurs et les colonnes des temples et des palais de Thèbes, nous montrent le grand dieu Amon recevant les prières et les offrandes des rois ; les pharaons présentés à cette divinité suprême par le dieu Phré (le Soleil), ou bien par le dieu Mars égyptien et le dieu Phré ; Amon donnant aux héros du pays le signe de la vie divine, en les élevant ainsi au rang des dieux ; les rois vainqueurs conduisant les prisonniers au pied du trône du dieu, pour lui en faire hommage ; enfin, dans leurs légendes, les pharaons prirent les titres d’enfant d’Amon, de chéri d’Amon roi des dieux, et d’approuvé par Amon.


Notes
  1. Plutarque.
  2. Théodoret.
  3. Iamblique.

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