Par la harpe et par le cor de guerre/Épithalame de Mab-an-Argoad

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VII

ÉPITHALAME DE MAB-AN-ARGOAD


Voici la plus belle noce, — Qui ait été vue en Bretagne, — Évidemment depuis seize siècles.

Depuis que la mer fut traversée — Par nos ancêtres, en Armorique — On ne fit jamais tant d’honneur

À tant de peuple accouru — Du Trégor, du Léon, du Pays vannetais — Et de la Cornouaille, le pays boisé.

On voit, quel miracle ! — On voit douze cents convives ; — Parmi eux, foule de gens de grand renom.

Parmi les gens simples, les laboureurs — Verts rejetons de notre antique souche — Circulent les Porteurs de Harpe.

— « Un barde excellent sera marié… » — Et soudain voici les Bardes, — Sur les collines de Skrignak accourus.

Paroisse de Skrignak, sur la montagne, — Ô paroisse bénie de Dieu ! — Exaltée sera la noce d’aujourd’hui !

Vingt marmites sont là, hors de la maison, — Répandant leurs vapeurs dans l’air, — Comme si dix couples s’unissaient !

Si maintenant nos aïeux — Sont allongés dans les cimetières, — Leurs vieux usages ne sont point morts cependant.

Leurs âmes légères doivent, — Dans l’air, aujourd’hui si pur, — Au-dessus de nos têtes, voltiger.

Éclatantes, les cloches matinales — Ont carillonné pour elles, — Et sans retard elles sont accourues.

Bombardes et binious sonnent, — Le champ est recouvert de tables servies ! — En Bretagne, quelles superbes cérémonies !

— Demain l’on entendra, certes, — Tous les Bardes qui sont ici, — En Bretagne et en France chanter,

Chanter vos louanges, — Skrignak, et les vôtres aussi, jeunes époux, — Car aujourd’hui, quels salutaires exemples !

Avec tes écrits, Alfred Lajat, — Avec ta harpe, Mab-an-Argoad, — Tu es pour la Bretagne un solide soutien.

En ton costume à la mode de Scaer, — Jeune époux, tu es superbe, — Et brillant comme le soleil lumineux.

— Mais vous, petite épouse, comme une rose, — Reine des fleurs du jardin, — Vous levez au-dessus des autres votre tête.

Il n’en est point de plus belle, chacun le sait ; — Votre front est blanc comme la cire — Vous êtes aussi sereine que l’astre de la nuit.

Oh ! combien il est joyeux, — Le laboureur du Jardin d’Été, — De vous cueillir, rose heureuse !

Bénédiction de Dieu sur vous deux ! — Quotidien bonheur pendant votre vie ! — Et, enfin, la Paix Éternelle !