Par nos champs et nos rives/15

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Imprimé au Devoir (p. 37-38).

LES BLÉS MURS


Aimez-vous les blés dont la tige
Vient de naître, dans les sillons,
Et qui semblent pris de vertige,
Comme de jeunes papillons ?


Aimez-vous les blés quand la grâce
De la jeunesse rit en eux,
Quand le vent folâtre qui passe,
S’amuse en leurs minces cheveux ?



Les aimez-vous quand le vent roule
Leur vague, au milieu des enclos,
Quand ils sont drus comme une foule,
Et remuants, comme des flots ?


Aimez-vous les voir, dans la plaine,
Quand leur épi vient de s’ouvrir,
Et quand leur enveloppe est pleine
De ses promesses d’avenir ?…


Moi, je les aime quand les gerbes,
Lourdes d’espoir du lendemain,
Dans les champs, blondes et superbes,
Ont déjà la couleur du pain !…