Par nos champs et nos rives/60

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Imprimé au Devoir (p. 153-154).

LE JEUNE HOMME


Son œil est vif et noir, sa démarche est hautaine,
Et son rire résonne ainsi que le cristal.
Il jette un regard sûr dans sa route incertaine,
Et son cœur est trop bon pour deviner le mal.

Parfois, son front est lourd, et sa joue est pâlie
À l’étude qu’il fait, dans ses livres, le soir ;
Mais il est souriant, et la mélancolie
Ne vient pas ébranler son immuable espoir…


Car, il croit en la vie ; un beau rêve l’anime :
Être quelqu’un, gravir tous les chemins ardus ;
Et son âme, n’ayant que des désirs sublimes,
Est vierge comme un lys, au fond des bois perdu !…

La foule inapaisée, et brûlante de fièvre
Qui vole à ses plaisirs, remue autour de lui ;
Qu’importe ! Un fier sourire illumine sa lèvre,
Et son rêve profond met le soleil en lui !…

Heureuse seras-tu, naïve jeune fille,
Toi qu’il aura choisie, entre toutes, un jour,
La plus douce, la plus pure, la plus gentille,
Pour gravir avec lui le sentier de l’amour !…