Parallèle entre les richesses de la France et de l’Angleterre

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PARALLÈLE STATISTIQUE
ENTRE
LA RICHESSE DE LA FRANCE
ET CELLE
DE LA GRANDE-BRETAGNE ;
PAR M. ADRIEN BALBI.

Les documens suivans doivent faire partie du Tableau physique, moral et politique des cinq parties du monde, qui formera le complément de l’Atlas ethnographique du globe, publié par M. Balbi.

L’auteur nous fait observer que le tableau relatif à la Grande-Bretagne est tiré des Statistical illustrations, et se rapporte au commencement de l’année 1821. pour avoir des élémens comparables, M. Balbi a multiplié par 5 les deux millions, neuf cent quarante et une mille, trois cent quatre-vingt-trois familles données par cet ouvrage, afin d’obtenir le nombre des habitans appartenant à chacune des vingt-huit classes dans lesquelles les statisticiens anglais ont partagé la population de la Grande-Bretagne. Pour éviter les fractions, il a adopté ce coefficient, quoiqu’il soit un peu trop fort ; mais il a cru pouvoir négliger sans inconvénient les différences qui en résultent. En effet, la population réelle de la Grande-Bretagne étant en 1821 de 14,391,631 ames, y compris l’armée et la flotte, la population résultant de la multiplication du nombre des familles par cinq, ne donne que 14 millions, 206 mille, 915, différence qui, répartie dans les vingt-huit classes de la population, devient, pour chacune, assez petite pour pouvoir être négligée.

Le revenu moyen de chaque habitant de la Grande-Bretagne a été calculé sur la population réelle existant en 1821 ; c’est aussi celle qu’on a mise dans le total à la dernière colonne. Les observations précédentes expliquent le motif de ce procédé, et la différence qu’on trouverait entre la somme des habitans de toutes les vingt-huit classes et celle offerte dans le total. M. Balbi remarque aussi que, en admettant l’exactitude des estimations des statisticiens anglais, l’état actuel de la richesse de la Grande-Bretagne ne saurait offrir des résultats bien différens de ceux de l’année 1821, parce que, si d’un côté l’agriculture, le commerce et l’industrie ont fait des progrès depuis cette époque, de l’autre la population en a fait aussi de très-grands, et ces deux effets doivent se compenser réciproquement. Il croit même que, vu la crise commerciale que l’Angleterre a éprouvée dans ces dernières années, et la rapidité avec laquelle augmente la population, sa quote-part du revenu de chaque classe pourrait offrir une diminution plutôt qu’une augmentation.

Quant à la France, M. Balbi ne fait que reproduire les calculs publiés dans le Courrier des Électeurs, en ajoutant : 1o que l’estimation des revenus se rapporte incontestablement à quelques années antérieures à celles à laquelle se réfère la population sur laquelle on a réparti les revenus ; 2o que cette dernière est calculée pour la fin de l’année 1829. Eu égard à cette circonstance, M. Balbi penche à croire que la quote-part du revenu appartenant à chaque classe de la nation française pourrait être augmentée d’une quantité qu’il ne saurait déterminer pour le moment, mais qui lui paraît trop importante pour être entièrement négligée. Il fonde ses conjectures sur les progrès incontestables de l’agriculture, du commerce et de l’industrie ; progrès dont il faudrait tenir compte pour avoir des faits contemporains et par conséquent des élémens comparables, surtout lorsqu’on pense que la marche de la population en France est beaucoup plus lente que la marche correspondante de la population dans la Grande-Bretagne.

(M…)
ier TABLEAU.
RÉPARTITION DE LA RICHESSE EN FRANCE.


classes. nombre
d’individus.
revenu total. par tête
et par an.
f. c.
1 152,000 608,000,000 4,000
2 150,000 375,000,000 2,500
3 150,000 150,000,000 1,000
4 400,000 240,000,000 600
5 400,000 160,000,000 400
6 1,000,000 350,000,000 350
7 2,000,000 600,000,000 300
8 2,000,000 500,000,000 250
9 3,500,000 700,000,000 200
10 7,500,000 1,125,000,000 150
11 7,500,000 900,000,000 120
12 7,500,000 688,789,000 91 84
Total. 32,252,000 6,396,789,000 198 60
revenu moyen
iie TABLEAU.
RÉPARTITION DE LA RICHESSE DANS LA GRANDE-BRETAGNE[1].


classes. nombre
d’individus.
revenu total. par tête
et par an.
f. c.
1 165 82,500,000 500,000
2 250 93,750,000 375,000
3 500 125,000,000 250,000
4 1,000 150,000,000 150,000
5 2,500 300,000,000 120,000
6 5,000 375,000,000 75,000
7 10,000 375,000,000 37,500
8 15,000 375,000,000 25,000
9 25,000 500,000,000 20,000
10 28,550 500,000,000 17,500
11 33,330 500,000,000 15,000
12 40,000 500,000,000 12,500
13 50,000 500,000,000 10,000
14 66,665 500,000,000 7,500
15 100,000 500,000,000 5,000
16 111,110 500,000,000 4,500
17 125,000 500,000,000 4,000
18 142,850 500,000,000 3,500
19 166,665 500,000,000 3,000
20 200,000 500,000,000 2,500
21 250,000 500,000,000 2,000
22 333,330 500,000,000 1,500
23 500,000 500,000,000 1,000
24 1,000,000 500,000,000 500
25 1,500,000 500,000,000 330
26 2,000,000 500,000,000 250
27 3,000,000 500,000,000 165
28 5,000,000 625,000,000 125
Total. 14,391,631 12,000,000,000 833 30
revenu moyen
  1. Sous ce nom, les Anglais, et d’après eux, tous les géographes, comprennent l’Angleterre, la principauté de Galles et l’Ecosse, avec leurs dépendances immédiates.

    Balbi