Paris en l’an 2000/Écoles primaires

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Chez l’Auteur et la Librairie de la Renaissance (p. 96-100).

§ 2.

Écoles primaires.

L’Instruction est le grand moyen d’action du Gouvernement socialiste, c’est par elle qu’il s’est emparé définitivement de l’esprit des populations et qu’il a assuré la ruine des doctrines surannées qui régissaient l’ancienne Société.

Sous la République sociale, l’Instruction est gratuite, laïque et obligatoire.

Elle est gratuite, c’est-à-dire qu’elle ne coûte absolument rien aux parents quelque soit leur position de fortune et le nombre de leurs enfants.

Elle est laïque, c’est-à-dire qu’elle repose sur des bases essentiellement rationnelles et scientifiques et qu’elle repousse tout enseignement donné par les Corporations religieuses ou les personnes imbues d’idées cléricales.

Elle est obligatoire, c’est-à-dire que l’État, tuteur de tous les enfants, les contraint de venir dans ses écoles et les y fait entrer de force lorsque des parents dénaturés ne les y envoient pas de bonne volonté.

Sur ces trois points fondamentaux, le Gouvernement n’a jamais voulu supporter la moindre discussion, car l’éducation ainsi comprise est la base même de la République sociale et le seul gage de sa durée. Qu’on change la loi sur l’Instruction publique, et l’on verrait bien vite, au bout de quelques années, renaître l’ancien régime avec tous ses abus. L’Administration le sait, et, chargée du sort des jeunes générations, elle veille avec un soin jaloux sur ce dépôt précieux et le préserve également et de l’ignorance et des doctrines hostiles à l’esprit du Socialisme.


Écoles primaires. — Dès que les enfants parlent couramment et qu’ils commencent à être en état de comprendre, on les met dans les écoles primaires où ils apprennent à lire et à écrire.

Ces écoles sont extrêmement nombreuses. Il y en a deux, une pour les garçons, l’autre pour les filles, dans chaque village des campagnes et chaque rue des villes. Grandes, saines, aérées, bien chauffées l’hiver et pourvues d’une cour et d’un jardin, les enfants y restent toute la journée et ils ne les quittent que le soir pour retourner chez leurs parents.

Toutes les écoles primaires, aussi bien celles de garçons que celles de filles, sont tenues, non par des instituteurs qui ne valent rien pour les petits enfants, mais par des institutrices.

Celles-ci, toutes mères de famille et ayant la vocation de l’enseignement, remplissent leurs fonctions, autant par dévouement que par devoir et veillent aussi soigneusement à la santé et à la propreté de leurs élèves qu’à leur instruction. Elles sont payées par le Gouvernement et choisies parmi les femmes les plus intelligentes et les plus estimées qui recherchent beaucoup ces sortes d’emplois. Elles forment dans l’État une corporation puissante par son nombre et son influence, et bien que leur profession ne soit pas plus rétribuée qu’une autre, elles sont l’objet de la considération universelle et occupent la tête de la Société.

En général, les classes sont peu nombreuses et ne comptent pas plus de 20 à 25 enfants, de façon que l’institutrice peut facilement surveiller et instruire tous les pensionnaires conliés à ses soins. Du reste elle se fait aider dans cette tâche par ceux des élèves qui sont plus avancés que leurs camarades et servent de moniteurs.

Tous les mois, à des époques indéterminées, des inspectrices viennent visiter les écoles et constater si celles-ci sont bien tenues. En même temps, elles interrogent minutieusement les élèves et se rendent compte des progrès qu’ils ont faits. Ces examens ont la plus grande importance pour les enfants. Suivant que ceux-ci les subissent avec plus ou moins de succès, ils restent dans la même classe ou au contraire passent dans une autre où ils reçoivent un enseignement plus élevé.

Grâce à ces examens, tous les élèves d’une même école se trouvent divisés en plusieurs classes dites de lecture, d’écriture, de grammaire, de calcul, etc., où l’on n’est admis qu’après avoir donné des preuves d’un certain savoir. Or, les enfants se font entre eux un point d’honneur de ne pas rester dans les classes inférieures, et, pour échapper à cette honte, ils travaillent avec une assiduité et une ardeur qu’on ne connaissait guère dans les écoles de l’ancien régime.

Les institutrices elles-mêmes s’intéressent beaucoup aux examens mensuels et font tous leurs efforts pour les rendre plus brillants. Car, suivant que leurs élèves sont plus ou moins instruits pour leur âge et répondent plus ou moins bien aux interrogateurs, elles sont elles-mêmes bien ou mal notées par l’Administration et on les laisse où elles sont ou au contraire on les fait monter en grade, en leur confiant des écoles plus importantes ou en les nommant aux fonctions d’inspectrices et de directrices.

Les enfants restent ainsi dans les écoles primaires jusqu’à ce qu’ils sachent bien lire et écrire et qu’ils connaissent les premiers éléments de la grammaire, de l’histoire, de la géographie, du calcul et de l’histoire naturelle. À la fin de l’année, les plus avancés passent sur toutes ces matières des examens dits de sortie, et, s’ils subissent ces examens avec honneur, ils sont admis dans les écoles secondaires, sinon, ils restent dans les écoles primaires jusqu’à l’âge de leur apprentissage.