Pas de bile !/Le Monsieur et le quincaillier

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LE MONSIEUR
ET
LE QUINCAILLIER


HISTOIRE ANGLAISE


Je suis, depuis quelques jours, avec une petite Anglaise, pas très jolie, mais extrêmement rigolo et de qui la luxure est relevée par un humour des plus divertissants.

Les drôles d’histoires qu’elle me conte !

Et avec un si drôle d’air !

Le grand toupet qu’elle a lui permet de m’affirmer froidement que tout cela est arrivé ; mais, moi, je ne crois pas.

J’ai grand’peur que l’échantillon que je vais donner ne vous produise pas l’énorme impression de gaieté que j’éprouve moi-même. Cela tiendra, sans doute, à ce que vous ne verrez pas les mines cocasses de Lucy et que vous n’entendrez pas son accent gazouillant, comique à la fois et charmeur.

C’est un dialogue entre un Monsieur et un quincaillier. Le Monsieur entre dans la boutique :

Le Monsieur. — Bonjour, Monsieur.

Le Quincaillier. — Bonjour, Monsieur.

Le Monsieur. — Je désire acquérir un de ces appareils qu’on adapte aux portes et qui font qu’elles se ferment d’elles-mêmes.

Le Quincaillier. — Je vois ce que vous voulez, Monsieur. C’est un appareil pour la fermeture automatique des portes.

Le Monsieur. — Parfaitement. Je désirerais un système pas trop cher.

Le Quincaillier. — Oui, Monsieur, un appareil bon marché pour la fermeture automatique des portes.

Le Monsieur. — Et pas trop compliqué surtout.

Le Quincaillier. — C’est-à-dire que vous désirez un appareil simple et peu coûteux pour la fermeture automatique des portes.

Le Monsieur. — Exactement. Et puis, pas un de ces appareils qui ferment les portes si brusquement…

Le Quincaillier. — … Qu’on dirait un coup de canon ! Je vois ce qu’il vous faut : un appareil simple, peu coûteux, pas trop brutal, pour la fermeture automatique des portes.

Le Monsieur. — Tout juste. Mais pas non plus de ces appareils qui ferment les portes si lentement…

Le Quincailler. — … Qu’on croirait mourir ! L’article que vous désirez, en somme, c’est un appareil simple, peu coûteux, ni trop lent, ni trop brutal, pour la fermeture automatique des portes.

Le Monsieur. — Vous m’avez compris tout à fait. Ah ! et que mon appareil n’exige pas, comme certains systèmes que je connais, la force d’un taureau pour ouvrir la porte.

Le Quincailler. — Bien entendu. Résumons-nous. Ce que vous voulez, c’est un appareil simple, peu coûteux, ni trop lent, ni trop brutal, d’un maniement aisé, pour la fermeture automatique des portes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le dialogue continue encore durant

quelques minutes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le Monsieur — Eh ! bien, montrez-moi un modèle.

Le Quincaillier — Je regrette, Monsieur, mais je ne vends aucun système pour la fermeture automatique des portes.