Pasquil antiparadoxe

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PASQVIL ANTIPARADOXE. Dialogue contre le Paradoxe de la Faculté du vinaigre.

A LYON. 1547

PREFACE.


CE petit œuvre Intitulé Antiparadoxe, Pource qu’il est escript contre le Paradoxe du vinaigre, nous avons mis en Dialogue, tant pour eviter ennuy au lecteur : que pour inspirer vie a la parolle. Car propos entrecouppez faschent moins, & recréent plus le lecteur, que l’oraison continuelle, tousjours à elle mesme semblable, & plus vive est l’interlocution de deux, ou de plusieurs, que l’on represente quasi vifz, & parlans, que le languide discours d’ung seul parlant sans reclame. Et affin que l’on ne nous puisse reprocher, (ce que faict Barptolemæus Scala, à Politian, que nous sommes Hercules contrefaictz qui nous forgeons des monstres à plaisir, si foibles que facilement les puissions desfaire. Sache le lecteur que nous n’avons rien attribue à la persone de Paradoxoleros, que luy n’ayt escript en son livre. Et qui plus est l’avons introduict trop mieulx parlant, & argumentant qu’il ne faict, & de faict, comme vraiz champions, avons baille à nostre adversaire concertateur, meilleures armes que les siennes propres, comme assez le pourra cognoistre quiconque aura leu l’ung, & l’autre. Nous protestons aussi n’avoir escript cecy par nulle malle affection, sinon pour purger les Medicins Lyonnoys de suspicion de tel erreur, qui pourroit sembler estre par eulx approuvée. Et que ainsi soit n’avons escript aulcune parolle injurieuse ny touché aulx vices, & mœurs, ou paraventure matiere ne nous heust defailly,

PASQUIL ANTI-
PARADOXE.

Dialogue contre le Paradoxe
de la faculte du vinaigre.
INTERLOCUTEURS.
Pasquil, & Paradoxoleros.
PASQUIL.


A CE que je voy, tresveritable est la sentence de Pline au premier chapitre du vinteneuviesme livre de l’histoire naturelle, disant que tous ces medecins, faictz à la haste, qui par quelque nouveaulté veulent acquerir bruyt, & renommée à leur nom, trocquent les ames, & les vies des hommes.

PARADOXOLEROS.

Qui diable peut estre ce vieil Philosophastre, avec son baston : qui si plinianement, & plainemẽt se courrouce des nouveaulx medecins cherchans d’acquerir bruyt ? Il me le fault savoir por luy rembarrer sa tant brave audace, Car je m’en sens aulcunement picqué, Dieu gard Philosophe, ou Morosophe, quelque tu sois,

PASQUIL.

Et toy : Je ne say qui.

PARADOXOLEROS.
Tu ne scez qui ? Comment ? es tu seul estrangier

en ces regions, & cela tu ignores ? N’has tu point ouy parler de Paradoxologos ?

PASQUIL.

Mais bien de Paradoxoleros. Es tu doncq celluy gentil Paradoxeur de la faculté du vinaigre ?

PARADOXOLEROS.

Celluy suys je vrayement. Qu’en veulx tu dire ?

PASQUIL.

Rien aultre certe : sinon ce qu’en dict, & mande le gentil coq, à l’asne sot.

 Ung tas de folz, de gloire yvres
Qui font imprimer leur sotz livres
Pour acquerir bruyt d’estre veaulx
À mettre en avant cas nouveaulx.

Car à ce que je voy. Tu quoque de illis es.

PARADOXOLEROS.

Et toy, desquelz es tu ? Qui es tu ? De quelles gens ? De quelle nation ? De quel estat, & profession ? Es tu Bouvier, ou Bouchier qui si effrontéement mé metz au reng des veaulx ?

PASQUIL.

Medecin suys je : tel (pour le moins) que toy. Je suys Pasquil Medicin Romain, & des vieulx.

PARADOXOLEROS.

Ha monsieur le docteur Pasquil, vrayement Je ne suys esbahy si sotement, lourdement, & desraisonnablement tu has de moy jecté dure, froide, & maledicque sentence. Ains plustost suys esmerveillé comme tu has peu aulcunement parler, veu que Pasquil (lequel tu te dis estre) n’est que une rude & informe pierre insensible : n’ayant aulcun sentiment esperit ne raison, mais une statue, & ung Baboin rommain ridicule ne servant à aultre chose sinon à porter, & publier impuniement les diffamatoires placardz des blasonneurs.

PASQUIL.

Mon amy Paradoxoleros, Pierre suys iê voirement, mais non insensiblé, ne sans sens & sans raison, tel comme tu me descrips. Car tu n’has memoire de la prophetie, qui ha dict que plustost les pierres parleront : que la verité soit taisée. Et que dieu de ces pierres peut susciter les filz d’Abraam Parquoy tu ne te doibz esbahir si j’ay povoir, & sauoir de parler. Ignores tu que une grande partie de la vertu naturelle est mise es pierres ? Ne vois tu que les pierres (qui semblent estre tresfroides gectent, & elident (mesmement quand elles sont frappées) ung feu tresvif, en elles par avant latent ? duquel peut estre allumé ung grand embrasement ? Je suys pierre certainement Mais sais tu quelle pierre ? Je suys pierre d’offension : contre laquelle quiconque aheurte, & empainct, il se blesse, quasse, & froisse, ainsi que tu has faict (O Paradoxoleros) empaignant, & te aheurtant contre moy Pasquil, non Baboin (comme tu dis) mais fimulachre de liberè & franche verité, & ce non feullement con- tre moy, Mais auſsi contre pluſieurs aultres tel les fermes pierres,ſolides colomnes du temple AEfculapien pour lefquelz, plus que pour moy i'ay entreprins la contrepicque de ton mal picquant vinaigre: Car contre iceulx toy rencotrant, & frappant, has rompu,& mis par pieces ta fraile foiblefle,en te bleſſant grande ment toy mefme,auec ton beau liure PARA- DOXE de la faculté du vinaigrę. PARADOXOLEROS. cont LOUST Qu'en veulx tu doncque dire,de mon Para- doxe?n'eſt ce pas vng oeuure merueilleux, & remply de grand fauoir? PASQVIL. C'eſt vinaigre mal propre à condir bonnes herbes. 2574 sity 1919 25 PARADOXOLEROS. PASQVIL. $15 Pource quil n'ya ne ſel ne huyle.c'eſt à dire ne Isupoblana grace,ne ſapience, Pourquoy cela? erhaleur) PARADOXOLEROS.. S Ha que dis tu? dis tu?ensialkup it Ce que eſt vray. Vray? in m PASQVIL.moinsito's aqms 253 50p PARADOXOLEROS. ABO PASQVILgs noia 00010 Trefvray.mainos ale PARADOXOLEROS. Tu n’y faurois que reprendre. lul PASQVIL Veulx tu doncq’que l’en face l’effay ? 73 PARADOXOLEROSUOL & Oy da, hardiment. Et fi ie ne te ? us you á sa dot or Noregi PASQVILalub list Or ayes les oreilles autant patientes à efcouter te contredire, comme tu has la langue prom pte à maldire. il nom obro up allib Car qui dict ce qu’il ne deburoit Doibt ouyr ce qu’il ne uouldroit. SpinomPARADOXOLEROS, loup El Coment tu me poings ? le cognois maintenat que tu en parles par affectio, & plus par hayne, ou enuie de mon aduancement, & craincte de ta degradation par moy ſurcroiſſant en bruyt : que par amour de vraye verite. PASQVIL. Ie proteſte à tout ce que ie contrediray à ton ceuure, ne fera par aulcune mauuaife affection enuers ta perſonne.mais pour deux cauſes ſeul lemét bien raiſonnables. La premiere affin q ne moy, ne les aultres Medicins(mefme de la pro uince Lyonnoife) ne ſoyons meſurez à ton pied, preiudiciez par ton default, & eſtimez eftre (pour ne contredire)en telle erreur d’opis A 4 nion, & peruerfité de lugement, comme toy. Car Qui ſe taift : ſemble conſentir.L’aultre af- fin que le Chirurgien, ou aultre quelcoque qui lira le tien tracté Intitule.Paradoxe : ne ſoit at- traict, & deceu par faulfe doctrine. Pour ces deux cauſes, ie te vueil tes faultes remonftrer. & à toy, & aulx lecteurs. A toy, louxte le con- feil du ſage Hebricu, diſant. Refpondz au fol, ſelon fa folie : affin qu’il ne ſe penſe eftre ſage. Aulx lecteurs : louxte la loy des douze tables, qui ordonnent monftrer la droicte voye aulx defaillãs, & les ramener de la faulfe, a la droite, PARADOXOLEROS. Et quelles faultes me porrois tu remonſtrer ? toy Statue d’homme.& non homme ? co PASQVIL. Quelles(O bon Dieu) Or pour commencer l’anatomie du corps de ton tracté : Nous pré drons premieremet le chef.c’eſt a dire le tiltre de l’œuure, qui eſt tel. A PARADOXE DE LA FACVLTF DV Vinaigre, contre les efcrits des Modernes, ou plu- ſieurs choſes font demonftrees nou eslongnees de la verité. Ce trefambitieux tiltre en parole eſt impropremal conuenant a la choſe, & en la ſentence eſt faulx. Car premierement ce mot Paradoxe(lequel mot en l’appentis de la pro- prieté du vinaigre, tu trauailles à declarer fans definition, ne etymologie en te tormentant, par diuers exemples barbares, impertinens, & au- tant a propos, que Magnificat a matines, & fi tu n’en puys bonnement ſortir a ton honneur) Paradoxe(dy le)eft choſe oultre l’opinion co- mune.& par ce admirable, & trefexcellente. Et en tel ſens propre le ha vfurpé Ciceron orateur Rufinian Rheteur, & Alciat iurifconfult en leurs vrayz Paradoxes, Or en telle ſignifiance ce mot Paradoxe, ne conuient a ton œuure.Car il n’eſt pointadmirable, ne trefexcellent, & fi n’eſt contre opinion commune : ains pluftoft, eſt mefme opinion, ou opiniaftrie tienne, non commune, mais a toy propre & particuliere. Car s’il eſt contre opinion commune : Il eſt doncq contraire a lopinion, & ſentence com- mune, & vniuerfele de Hippocras, & Galen’. defquelz les opinions fuyuent tous les moder nes medicins(contre lefquelz tu veulx ſembler Paradoxer, & contr’opiner) Parquoy fiton Pa radoxe eſt contre les communes opinions Hip pocratiques, & Galenicques.Ia tu te condam- nes toy mefme, & te declares fcifmaticque en medicine, derogant a lautorité approuée & co- fermée des anciens Princes en l’art, & premiers maiftres. En cela te demonftrant bien eftre ſuc ceffeur, & Imitateur de Crinas, & Charmis, tes anceftres, Mafsiliens comme toy. qui par nou- A S uelle arrogance condamnoient tous les anciés medicins. Or fi tu refpódz que ton Tracté n’eſt point efcript contre les opiniós d’iceulx, donc que ce n’eſt point Paradoxe, & par confequét le tiltre eſt impropre.odb(alvb)azobs in I Lolla PARADOXOLEROS. Etque faiz tu fi ie l’entendz autrement ? Car Paradoxe eſt vng nom Grec de diuerfe figni- fiance.it olla 10.axober ! TO PASQVIL.or Ha, vrayement(laçoit que ie croy, que le gree ne te cognoit) Si touteffois tu prens dée pour gloire, & non pour opinion : tellement que Pa radoxe ſignifie oultrepaffe de gloire. Ainfi cer- tes iene nie pas que Paradoxe ne ſoit tiltre con uenable à ton œuure. 16 Snob PARADOXOLEROS. Oh 194 Tu es maling cauillateur, & quát a mon tiltre : ie ne l’entens pas ain ainſi. PASQVIL Et comment doncq ? Nullement ? D’auantage l’inſcription eſt faulfe. car come les tropeurs hoftelliers : qui font efcripre au tableau de leur enſeigne.Ceans ha bon logis, bon vin, bo foin. Et neantmoins la maiſon eſt véteufe, pluuieufe fumeuſe, ruyneufe, ou peftilente, le vin tourné, aigre, efuenté, le foin, autumnal, & de gros reui ure, Iceulx font criminelz de faulfeté, ſelon le refpons du prudent Iurifconfult Scæuola, & verité. Tout au co choſes ſelon la refolue diſputation de Antipater Sido nien, & Diogenes Babylonien. Ainfi es tu coul pable de faulfeté : qui en la premiere inſcription prometz de tracter non efloignées de par le diſcours du li- ure, tu tractes pluſieurs erreurs, & faulfetez no feullement esloignées de verité : mais diametra lement repugnantes à icelle, comme à la pour- fuycte de ceſte diſputation clairement ie te de monftreray.howindab sar 150 g A57 PARADOXOLEROS. Ha mon amy Pafquil : ne fais tu pas que com- me les magnificques portaulx inuitent à entrer es logis, en derriere tous ruyneux : Ainfi les beaux, & magnificques tiltres des liures indui- ſent à lire tout l’œuure mal ouuré, & icelluy a- chepter, & faire bien, & plus cher vendre aux libraires.blib ulgoup sprvol PASQVIL. Sob enil Cela eſt courrater les efcriptures, & non fidele ment efcripre, Parquoy tu ne te puys excuſer du crime de faulx : par la loy Corneliane. PARADOXOLEROS. Telle choſe, par le droict coſtumier n’eſt e- ftimée deshonnefte, come le met Tulle, au tiers liure des Offices. cues PASQVIL. Or bien venons du tiltre, à L’epiftre, Au com mencemét d’vne epiftre quaſi Latine, malpro prement premife au traicté François.Car c’eſt difparilité, vice defédu par tous rheteurs grecz latins, & françois, par laquelle epiftre tu adreſ- ſes to Paradoxe à vng medecin du Roy, ou tu dis q les Grecz appellét tous les ars & difcipli nes uabuala. mathemata. Pource que elles enſeignent la choſe par treffeure, & certaine de monſtration. FRUM711 PARADOXOLEROS. N’eſt pas cela bonne definition : pour vne pa- renthefe epiftolaire ? 30.0 SUS PASQVIL Non certes. Car elle ne conuient au definy ne tout, ne ſeul, ne toufiours. PARADOXOLEROS..xded Pourquoy non ? Holand PASQVIL.sada Pource que pluſieurs ars, & diſciplines ſe tra- Ctent fans demonftration, ains feullement par raiſon, vfage ou autorité. Comme les trois Ser mocinales, & les noblesfciences, Philofophic, Medicine, Iuriſprudence, & Theologie.qui font en ratiocination.experience, vrayfem- blance, raiſon, & foy, fans demonftration. Par. quoy ceſte definition ne conuient à tout art, & diſcipline, comme tu entrepoſes. A PARADOXOLEROS. Qu’eftce, que art ? Qu’eſt ce que diſcipline ? PASQVIL. lombil b Ie le demanderoie à toy, fi ie vouloie en eftre confuz, & ne fauoir que c’eſt Art, Science, Di fcipline, Doctrine.Saches toutesfois, que les di fciplines Mathematicques, demonftrent les choſes qu’elles tractent auec certaines demon- ftrations vrayes, & neceffaires. Et icelles font quatre feulement. Lefquelles Ariſtote en ſes pofterieures dict eftre colloquées au premier degre de certitude. Or les aultres ſciences, & di fciplines n’hont pas telle certitude demonftra tiue à enſeigner les choſes qu’elles tractent : par ce qu’elles ne font fondées en demonſtration euidéte ou par le ſens, ou par les pmierſvrays & neceffaires, come les quatre Mathematicques. PARADOXOLEROS. Ie ne fay que ru dis. PASQVIL. AC le t’en croy certes. Car aufſi ne fais tu en toute ceſte epiftre dedicatoire, mal latine, incófequé te, bigarrée, ou pluftoft rapetacée de pieces di fconuenantes, tellement que (comme dict Ho race)ne la teſte, ne le pied ne refpond à mefme forme, le ometz les Improprietez.& foloecif- mes d’ond les petitz grammairiens ſe peuuent mocquer à bon droict, comme cogitationem obferuata. L’inuention des hommes eftre le fruyct de tous arts, ce que eſt vſepoy #golegov. de l’accroiſſement des choſes amplifier retro- gradement à l’atticiſme des parolles, Idioma pe- regrinam, plabea no fomnolentas, & commentitias. multa in literis profeciffe.fapere tunicam, triftem in- fcitiam, triftem quartanam, nec iure, nec inique, dolo- rem lenirem potius quam perderem, occupari febri, ne non, pro fimplici negatione fanos dies. Vnde (pro quare) rem fuam tutar (pro fententia)libelli vale- tudinem. Et telles aultres elegances dieu feet quelles.onlulusal 0.5lite ob ongol norPARADOXOLEROS a zarulqual Ce ne font les faultes de l’auteur, mais de l’imprimeur.bo 259bnotunal or polls up 33 PASQVILoltaquosibius C’eſt cela. Mshauplamielisyon, Ainsi l’imprimeur es malfaictz. 4 Porte des afnes tout le faix.bloyalen I PARADOXOLEROS. Vavieilfollaftre. T’amuſes tu à cela ? ne fais tu pas ce que dient meſsieurs les Legiftes ? No eſt curandum de verbibus : modò habeamus rei intentio. smaller annoopnost PASQVIL. Et pource ie laifle la reprehenfion de la parol- le tant en Latin, que en François, impropre, in congrue, fans fuycte ne ordre, cheuilléc & bi- garrée à reprédre au vulgaire populaire : lequel fottemet tu preferes a tout aultre ordre des ho- mes, en raiſon, & doctrine, & victoire d’ignorá ce te diſant auoir d’icelluy populaire apprins les choſes meilleures. O diſciple digne de telpre cepteur, & croyable d’auoir eſté enſeigné par artiſans, charretiers, & portefaix, pluftoft que par excellens docteurs, & gens de hault eftat. defquelz quant ores tu aurois eſté apprins, en- core te monftrerois tu trefingrat, preferant à iceulx, le populaire, duquel n’eſt rien plus idiot ne plus befte. Et neantmoins d’icelluy tu reco- gnois, auscio ye, les meilleurs proficiz. PARADOXOLEROS, mill Aufsi en font ilz venuz. 49. slog PASQVIL.orgon Oy paraduenture profictz pecuniaires, que tu has faictzen abuſant de la ſimple beftife d’icel luy, Mais c’eſt mal conclu en friferomorú.pro poſer antecedent de raiſon, doctrine, & iuge- ment au précepteur, & inferer concluſion de AVTO profict de bourle au diſciple. 2161/1 PARADOXOLEROS. Si ce n’eſt bien conclu en friferomorum : c’eſt bonne confequence en celarent.Et d’aduanta- gefoubz le nom de populaire : ie vueil copren dre les grandz homes, & nobles, & ſages.loux te la definition Iuftiniane de Populus.es Infti- tutes.De Iure naturali gentium ciuili-§.Lex eſt. PASQVIL. Vela bonne efchappatoire. Or bien c’eſt aflez zitulé, & epiftolé. venons au principal poinct Siya 217406 qui eſt la faculte du vinaigre. 43.55 Apres vne longue Battologie des langues vul- gaires, impertinente à ceſte matiere, deuát que entrer en propos : ne dis tu pas que le Medecin & le vulgaire en imitant le medecin)prend le vinaigre pour prompt remede cótrefyncope ? PARADOXOLEROS. N’eſt Il pas vray ? I’en demande à mon auteur, & docteur.le populaire..dugon S PASQVIL. Et ie m’en rapporte aulx medecins doctes, & exercitez : fi pour foubdain remede à la fynco pe, ilz ne prennent pas pluftoft le vin, preparé en diuerfes manieres ſelon la diuerfité des cau-, ſes, deſquelles peut proceder ladicte ſyncope, que le vinaigre ? Et ce par le cofeil de Galen au liure.xij.chap.iiij.de la Therapeuticque. PARADOXOLER OS. off Mais qu’en veult il dire ce gentil galanda PASQVIL. Levin (dictil) lequel de la nature eſt chault, & facilement ſe cuyct, & auſsi ſe diſtribue par le corps : conuient à tous ceulx qui font attainctz de ſyncope. Auquel lieu, Galen ne parle aucu- nement du vinaigre.Lequel mefme auteur fur la ſeconde ſection des Aphorifmes, nombre xviij.dict ainſi Le Vin eſt celluy qui pluftoft nourrit, & plus abondamment quenulle autre choſe. Or comme ainſi ſoit qu’en ſyncope, en ayant ayant regard plus à l’accident que à la cauſe, en core que peufsions augmenter la cauſe, ſoit be foing de reparation des efpritz, & multiplica- tion d’iceulx, le vin le fera mieulx, que le vinai gre, & que nulle aultre choſe, ſoit en le beuuất, ou en frottät les poulx, ou en odorant l’odeur du vin, efpecialement quand le vin eſt bon il coforte les efperitz & auſsi les vertus du corps fondées en eſperitz. PARADOXOLFROS. Et le vinaigre n’eſt ce pas vin, & pource ayant les facultez que tu attribues au vin ? PASQVIL. Levin aigre eſt vin, mais aigre.& n’eſt no plus le vinaigre vin.que lhomme mort, home.Dod auſsi il ne nourrit pas le corps, pource qu’il ne ſe peut conuertir en fang ny en eſperit & pourtant n’engendre ne multiplie les efperitz. PARADOXOLEROS. Vouldrois tu doncq’nyer que le vinaigre ne fuft conuenant remede à la ſyncope ? PASQVIL. Oy ie le nye en vniucrfel. Vray eſt que il pour- roit conuenir à quelque particuliere ſyncope, prins regard à la cauſé d’ond elle procede, & icelluy encore meslé en le beuuat, ou frotat les poulx, ou en l’odorant. Laquelle particuliere cauſe iene expoferay maintenant.Car mon in- B tétion n'eſt de icy traicter la curation de fynco pe pour ne extrauaguer come toy.Mais decla rer ton paradoxe & paraloge cacquet de la fa- culté du vinaigre, eftre en pluſieurs choſes ef- loigné,de verité, efcript trop legierement, & fans iugement. PARADOXOLEROS Et quoy plus? PASQVIL. Au mefme lieu tu dis que le vinaigre eſt vtile pour preferuer l'homme de peſte,pource qu'il corrobore les vertus,fingulieremét les vitales, lefalles corroborées fingulieremet refiftét auve ní.& ce,nó pour reſſerrer les pores, come tu dis. PARADOXOLEROS. Cela,eſt ce erreur? PASQVIL. Manifefte. Car le vinaigre froid,& ſec de fa na ture,& de foy par telles qualités cótraire aux efperitz,qui font chaulx & humides,ne corro- bore point iceulx efpritz:ne par confequét les vertus fondées es efperitz. PARADOXOLEROS, Pourquoy non ? Et quelle choſes myeulx les corroborent. PASQVIL. Chofes chauldes,& humides,& de ſubtile ſub- ſtance:mefme quãd elles font de bone odeur, comme le bon vin odorant. & telles aultres. ✓ CIO Iany stra on ! PARADOXOLEROS. Vouldrois tu doncq du tout nyer que le vina¹ gre ne corroboraft les eſpritz, & vertus, & ne fuft bon contre la peſte. 7477 asid as 3ler PASQVIL.etsniv Non en tout, & par tout. Car il eſt veritable q le vinaigre pourroit corroborer accidentale ment qlqun ayat difcrafie de cœur, chaulde & humide hors de nature, reduy fat icelluy enfa te perature naturelle. Semblablement qui auroit le cœur froid & ſec temperément de la nature fans excés, en le conferuant en fa temperature naturelle. Le vinaigre auſsi accidentalement gardeq les humidités prés du cœur, preſtes a ſe corrompre facilement, ne ſe corrompet : & ce, ou l’odorant, ou en frottant les poulx, ou en v- fant mediocrement es viandes ordinaires. Le vinaigre de rechef, faict accidentalement vnir les elpritz, & les vertus, à cauſe de fa frigidi té dominante, et ſiccité lefquelz efpritz : vniz font plus fors que parauat. Car la nature du vin aigre eſt, aprés auoir penetré ou on l’applic- que, reftraindre, & referrer les pores, (comme plus à plain cy aprés nous prouuerons, en de- clarant fa nature) & ce à cauſe de fa qualité fei- che & froide en luy dominante. Et pource gar de que l’air corrópu ne penetre dedãs le corps. PARADOXOLEROS. B 2 Que veulx tu doncq dire, Cela ne faict il pas pour moy, & contre toy ? PASQVIL. Il eſt bien vray que en ces trois manieres der- nieres, le vinaigre eſt vtile contre la peſte, & peut bien preferuer l’homme de tel venin. Mais cela ſe faict accidentalement, non fubftá, tialement. PARADOXOLEROS. Je ne me ſoucie, ou occidentalement, ou orien talement, mais quil foitainfi que ie dyz. PASQVIL. D’aduétaige à toy qui te fais medecin, eſt faul te bien plus enorme predre vne maladie pour aultre, en faiſant de beaulx comptes. PARADOXOLEROS, Comme quoy ? PASQVIL, Comme diſant auoir veu vne femme fans inte rieur medicament, auec ius d’herbes feullemet guerir la tache de l’œil dicte en latin vngula, en gree leguyon. PARADOXOLER OS, N’eſt ce pas proprement rendu le latin en grec & monftré en fauoir quelque choſe, PASQVIL Oy vrayement, ne fuft que l’orthographe du nom grec mal obferuée es lettres latines def couure lignorace du tourneur grecule affecté. PARADOXOLEROS… Net’ay ie pas proteſté que ce font faultes de l’imprimeur Santo de dio. PASQVIL. ta- Charge, charge le mulet. Mais dire que la tá- che de L’œil, eſt vngula ou pterygion ce eſt con- fuſion, & non verité. PARADOXOLEROS Confufioné PASQVIL. Öy confuſion, confondant maladies diuerfes en vne meſme eſpece.Car la tache de l’œil, & vngula ou Pterygion font maladies bien diſſe rentes. Et pource les Medecins anciens, tant Grecz, que Arabes, hot faict chapitres differes d’icelles maladies : & auſsi la guarifon en eſt bien differente.Et iafoit que mon intention ne ſoit pas icy de parler de la difference des mala dies ne de la guarifon d’icelles.Ie fuis cótrainct toutesfois de ce faire pour te monftrer ta lour de faulte. N La tache de l’œil eſt maladie de la córnea, las quelle eſt fur la pupille de l’œil, Et quad icelle tache eſt ſubtile : des medecins eſt appelle Ne- bula, quand elle eſt grofle, Albugo. Et fouuen- tesfois icelle tache eſt vne cicatrice, laquelle demeure apres la guerifon des vlceres d’icelle cornea, qui eſt deuant la pupille. Quelque fois auſsi decourt vn humeur pituiteux, ſubtil, le B 3 quel paffe toutes les tunicques des yeulx, iuf- que à la tunicque correa. Aulcunesfois icelluy humeur s’arrefte à la fuperficie de dehors cor- nea. Aultresfois pource a icelluy humeur eft plus gros il demeure à la fuperficie concaue de la cornes : Quand la tache de l’œil eft vne cicatrice, il eft impofsible de la guerir, fpecia- lemét fi elle paffe iufque à la fuperficie cocaue de la cornea : rcelle tache le peut guerir és enfans fi elle eft exterieure, & fuperficielle, mais fi elle eft profonde, ne fe peut guerir : mais bie fe peut decorer. Et quand icelle tache prouient d’hu- meur pituiteux, elle peut eftre guerie facilemét aprés que le corps foit euacué des humeurs fu- perfluz, auec medicamés abfterfifz, & diapho reticz, ayans quelque aftrictio : de laquelle ver tu font plufieurs pouldres, eaux diftillées, ius d’herbes : comme ius de pauot rouge de la cen taurée mineur, & aultres de femblable efficace, Voyla l’expofition de la tache de l’œil felő fes efpeces, Mais vngula ou pierygion (puys que tant es affecté en ton Grec)eft vne fuperfluité femblable à vng nerflaquelle viét fur la cornes, comenceant fon origine le plus fouuent fur le lacrymalgrád, & fe cftédat fur la dicte cornea, Laquelle fuperfluité quelque fois croift tant, qu’elle couure toute la pupille.Galen au pre- mier liure de la differece des maladies dict que vngula eft maladie en nombre adioufté, & furabondant, de telle forte, que eft le fixief- me doigt en celuy qui en ha plus de cinq. De laquelle vngula, les anciens medecins mettent toufiours quelque difference, tant à la couleur, blanche, rouge, rouffe, liuide, ou plombée : que à l’attouchement, eftant molle, dure, adherente feparée, de fonde- ment grand, ou petit, comme aufsi au teps, I’vne auenir, l’aultre vielle : lefquelles differen- ces tu trouueras (fi tu les veulx & fais cher- cer) en Paul Eginet. Corneil celfe, & Aui- cene, Galen Aetio Vngula comécat à venir eft molle au tact, blanche en coleur, & lors fe peut guerir auec medicamens abfterfifz, lefquelz doibuét eftre plus fortz qu’en la tache de l’œil appellée Albugo.Quand elle eft dure, & adhe rete ne la fault toucher, ne effayer de la guerir. Quand elle eft molle, & fon fondement eft extraict, & auſsi quelle ne foit pas adhe- rente, le plus fouuent elle eft guerie auec ope ration manuelle, & peu fouuent auec me- dicamens locaulx fe guerit. Finalement fi tu has leu Corneil celfe.au 7. liure, Paul Egine- te au 6.liure AEtius au 7.liure : Auicéne Fen.3. Golen.4.de compofitione mendicamentorü fecüdum locos, tu trouueras differés chapitres de la tache de l’œil appellée Albugo wae, & de B 4 vngula, wgyop.Parquoy mo amy recognois & confeffe, que tu prens vne maladie, pour autre. PARADOXOLEROS. Rien, rie, ce n’eſt pas macoftume, Recognoif- fances obligent, & confefsions font preiudicia les, ie nen vle point. Mais ie nomme generale- ment tout vice des yeulx troublát & diformat les yeulx & la veue, tache de l’œil. Or le pren comme tu vouldras. Mais toutesfois l’ay veu l’experience que ie t’ay dicte. PASQVIL. Il ne fault pas plourer : par aduéture qu’il n’eft pas vray : Ce font de beaux cóptes non parado xes, mais parergues, & hors de l’argument. lef quelz la plus grand part nous fauons eftre fabu leux ou hyperbolicz, & pource(dict Socrates des efcriptz de Heraclit) eftimons tous les aul- tres eftre telz. PARADOXOLEROS. Si l’ay ie veu, de mes yeulx. PASQVIL. Ce n’eſt pas de merueille. car pofsible eft que icelluy corps parauant eftoit euacué des hu- meurs fuperfluz. Car aultrement icelle femme en applicquant tel remede, fans premierement auoir euacué les mauuais humeurs’, luy heuft faict plus de dommaige, que de profict. PARADOXOLEROS. Ie dy bien d’aduantage que auant l’application faicte par ladicte femme, plufieurs Medicins n’y auoient fceu que faire. 20 PASQVIL. A C’eftoient doncq’Medicins : ou pluftoft Pfeu- diatres difcordans & quereleux en cófultatio, come toy, qui en tout le Broillis de ton Parado xe, te demôftres eftre naturellemét meſdifant, quereleux & langagier, trop plus que docte. PARADOXOLEROS. Il n’eſt pas vray. PASQVIL. le le monftreray vray.Car au lieu de tracter la faculté duvinaigre par bone methode, & fuicte de propos ordonez, tu faultes du coq à lafne, no entrelaceat, mais entrebrifant plufieurs di- uers propos, maintenat maledicques, puis theo logicz, en apres legiftes, puis aulcunemet philo fophicz, & puis fabuleux ou hiftoricz, tellemet quil femble que tout ce peu q tu has leu, le ayes voulu enfarcir en cefte cote mal taillée. Et apres auoir cofommé plufieurs fueilletz à tour noier ainfi à l’entour de la porte de l’argument fans y entrer, tu te efmerueilles toy mefme(co- me vng paon de fa queue) de to hault parler, & de ta belle digrefsion (fi dieu plaict) : come fi vng viateur fe plaifoit à foymefme d’auoir erré par mons & vaulx, ca & la, par landes & bois, B 5 & tous chemins defuoyez, en laiffät au lieu la droicte voye, & par ce n’eftre entré ou eftoit le but de fon pelerinage. PARADOXOLEROS. Varieté delecte nature en toutes chofes, mefme mentés efcriptz. PASQVIL. Il eft bien vray fi elle eft entregectée, & en- trefemée fans rompre le fil de l’oraifon. PARADOXOLER OS. Ne faict il pas beau veoir vng habillemet en- richy de belles brodeures ? PASQVIL. Oy vrayement, mais que la forme de l’habille ment y demeure inuiolée. Mais au contraire faict il pas laid veoir vne mate de coquin, fans forme de vefture, repetacée de toutes mefchan tes pieces de diuerfes coleurs, amaffées par les rues, es efquouuilles des Bobelineurs. PARADOXOLEROS. Veulx tu dire que ma digreffion foit telle. PASQVIL. Nó la digrefsió feullemét, mais tout duquel les diuers propos non feullement font mal conuenans, & diffemblables, mais auſsi co traires lesvngzaux aultres. PARADOXOLEROS. Ienye bie fort cela.Cari’ay aprins mon caton. Sperne repugnando tibi tu contrarius effe. le vinaigre foit aftringent & incontinent apres qu’il n’en heut iamais opinion Ité foy foubz- ftenir en vng lieu de l’autorité de Aetius & en vng aultre dire que à vng befoing on le peut nyer, Ité dire que les Arabes ont oppugné la doctrine des Grecz, & Auicenne prince entre les Arabes fe proteſte interprete du grec Galé. Item fe dire eftre iuge entre les contendans, & puis fe faire partie, vela de tes belles concor- dances d’eſcripture : PARADOXOLERŐS. Ay ie dict tout cela ? Ce ha doncq’efte fans y penfer : PAS QVIL. MT D’aduantage du petit caton(duquel tu dis tant bien fauoir) tu has oblié ce verfet. 254 Turpe eft doctori cùm culpa redarguit ipfum. Car(apres Galen) tu vitupere les logiatres c’eſt a dire medecins parolliers, qui fe arreftent es noms, entre lefquelz tu me femble le plus no- minal, difant de fois à aultre(comme fi tu enfe gnois de petitz enfans \vne telle chofe en latin ſe nomme ainfi, & en grec ainfi, & ce non vne- fois, ou deux, mais tant fouuent que le lecteur s’en doibt faſcher, ie croy que c’eſt pour em- plir papier. 25/ PARADOXOLEROS. Cen’eft pas cela.Mais pour plus facile intelligence en la fynonymie des langues. PASQVIL. Mais pluftoft par affectée ambition de mon- ftrer que tu has goufté du grec, dond tu ne co- gnois aulcunement la faueur. PARADOXOLE ROS. La Qui moy ? D PASQVIL, Il en appert.Quand tu ne fces pas mefmemět rendre lettre latine refpondate à la lettre grec- que.car xezayev en grec tu efcripz, catageni en lettres latines, tournant improprementvng # grec en vng i latin, ignorat que, eft vng elog. en fuyuant l’afnerie de ceulx qui fouloient di- re paraclitum, pour paracletum.trefbie redarguez par Fracois Philelphe. Or regarde doncq’que tu n’es pas feullement elementaire en grec, du- quel tu fais tant de mines, pour la quelle con- fciéce de ton infirmité ie croy que tu te rues ainfi fur les grecifeurs. Mais (comme dit le prouerbe)les chiens abayent à ceulz, qu’ilz ne cognoiffent point, PARADOXOLEROS, Tout cela ne font que parolles. PASOVIL. Ce font parolles ioinctes aulx chofes mais ve- nons a la principalle, qui eft de la faculté du vinaigre, & fans affection ny pafsion, confide- rons defquelz eft la fentéce plusveritable, ou la tienne, ou celle de Mefsicurs Martin Acacia, Tagault, Holier, fauans docteurs de Paris en medecine, vido de vidis docteur, Medecin, Ita liem, Fuchfius docteur Medecin, Allemant, tous fauans, & bien exercitez en l’art de medecine, Tous lefquelz en leurs eſcriptz fuyuans Galen, lumiere des Medecins, Mettent le vinaigre auoir aftriction. PARADOXOLEROS. Etiay dict, & dy le contraire. PASQVIL. Qr examinons lequel dict le plus vray. Et premierement auant que de combatre par autorités, affin que nous oftions toutes equi- uocations. Quand nous demandons fi le vi- naigre eft aftringent : nous n’entédons pas qu’il aytaftriction vehemente comme les Gailes, Sumac, Atramentum futorium : Mais nous enté dons, fi le vinaigre haaulcune aftrictio, encore qu’il ayt aultres facultés contraires qui domi- nent en luy. Car à la melme maniere que vng medicament peut eftre froid, chault, humi- de, fec en premier, fecond, tiers, & quart degré : aux mefmes degrez vng fimple pourra eltre aftringent. Laquelle choie preluppofée, enten due, tu feras batu des mefmes baftós defquelz has volu frapper fi grand nombre de gens doctes. PARADOXOLEROS. Ha, tu fais du mauuais, & menaces de batre, pource q tu portes vn bafto : fcays tu quoy d’e ftre batu ie n’en ay cure ; entes le puerbe italie. Dy ce que vouldras de la bouche : Mais de la main point ne me touche. PASQVIL. Aufsi ne vueil ie vier finon de la bouche, & du premier ciceronian genre de concertation, qui eft par raifonable parolle : duquel ie te at- taindray plus viuemet au cœur, & au cerueau, que ie ne pourroie, ne vouldroie faire de mo bafton de main. PARADOXOLEROS. Ie te rabatray bien tes coups. PASQVIL. Or le voyons. En premier lieu, Diofcorides (auteur que tu ne puis, ne doibs reprouuer)au liure 5.chapitre 11. dict le vinaigre eftre aftringent. PARADOXOLEROS. Hau, ne fcays tu pas come i’ay rebatu ce clou ? en reiectat l’autorité de diofcorides, quátà lafa culté des fimples, aultrement prouuable en la defcription ? PASQVIL, Dup Mais qui t’ha apprins à ainfi partir Diofcori- des, & le tailler en deux pieces par vne bonne, l’autre mauluaife.sollem. M PARADOXOLEROS. Qui ? c’eft Galen qui dict ainfi. Ie me deporte de parler de la figure des herbes, pource cefte matiere ha efte traictée trefamplemét par Dio- fcorides, auquel lieu le louat de la deſcription, taifiblemét il reiecte la faculté, laqlle(s’il l’heuft approuuée)il ne heuft pafsée foubz filence. Par quoy quant à la faculté des fimples, l’autorite de Diofcorides n’eft à receuoir. PASQVIL. Qui t’ha apprins à fi mal fyllogifer que d’une affirmatiuc, cõclurrevne negatiue en chofes no oppofites ? Sefuyt il : Ariftote eft approuué en methode, docq il n’est pas propre en parolle, Il eft Philofophe, docq’il n’eft pas Rheteur. Il eft moral, ergo il n’eſt pas naturel, Plató eft diuin Philofophe, docq’il n’eft pas eloquet orateur. Ainfi Diofcorides eft approuué par Galé en la defcription des fimples, parquoy il n’eft pas re- ceuable en la faculté. O Dieu quelles cófequen ces de crottes de chieure, que les rufticques ne feroiết pas.Et ne cóclurroiét ainfi, Tyuain eft bon au labourage : Parquoy il ne vault rien au pafturage, Alizon eft bone bergiere : donc elle n’eſt pas bonne mefnagiere. Bayard eft bon au harnois, parquoy il eft mauuais cheual de felle. Brief ton argumet ne vault rien, & eft inconſe- quent fuft ce deuant Petrus hifpanus, Maioris, Dangeft, Mandefton, ou Crab. -50 ParadoV. PARADOXOLEROS. Comme doncq’me prouueras tu que Diofco- rides foit do&te, & receuable en la faculté des fimples ? PASQVIL. Il fe peut prouuer par cela, que Galen fuyt Di- ofcoride, & ne luy cótredict, & meſmement en parlant de la faculté du Vinaigre : car toutes les facultés que Diofcorides, attribue au vinaigre, Galé les appreuue.Mais mõ amy Paradoxeur, ie te voy bien defia rougir de honte, de nyer Diofcorides, pource rendz toy à fa mercy. PARADOXOLEROS. Penfes tu qu’il faille entendre Diofcorides lite- rallement ? Nenny non, il le faut prédre en aul- tre ſens. PASQVIL. Quel fens ie te pry ? tropologic, allegoric, mo- ral, anagogic ? eft il Theologié myftic, ou Poete mithologic : pour y cercher autre fens q literal ? PARADOXOLEROS. Literal, mais bien aultrement que tu ne le prés. PASQVIL. Comment doncq ? PARADOXOLEROS. Quad Diofcorides dict le vinaigre eftre aftrin gent : il fe doibt entendre (comme i’ay efcript) vniuerfellement, fans particularifer. 198 31006 PASQVIL. Bon, bon. Vrayemét fi celluy eft le fens de Dio- C a fcorides. Il faict du tout contre ton opinion. Car fi Diofcorides entéd ( commen tu dis)que le vinaigre vniuerfellement foit aftringent, Se lonton tel fens tout vinaigre fera aftringent tant blanc, que clairet, gros, que fubtil. Car tous font d’ung genre, ou efpece, & tous hontaftri- ction felon plus ou moins : ce que ne varie en rien l’efpece.Mais pour t’ayder, (affin que non du tout abbatu tu puiffes fuffire aulx coups fuyuans.) Ie te releueray d’inaduertence, diſant que tu penfois dire le contraire, ceft à fauoir q Diofcorides ha parlé particulierement, & non vniuerfellement ce que donne à entendre ceſte fimilitude du vin difant.Come il fe peut trou- uer quelque vin gros, & aftringet, d’aultre fub til, & penetrat, En pareille forte fe pourra trou uer quelque vinaigre gros & aftringent, d’aul- tre fubtil, & penetrant. PARADOXOLEROS. Or prens le cas que ie l’entende ainfi. PASQVIL. Rien Rien.Ce fens la eft à la verité contre Dio fcorides.Car quand il dict le vinaigre eftre aftringent, il ne parle pas particulierement ne determinément d’ung vinaigre gros, & fecu- lent, ains entend vniuerfellemét tout vinaigre auoir aftriction feló plus ou moins.En la mef- me maniere comme quand Diofcorides parle 0 W. de la faculté d’ung aultre fimple, il en parle en general(comme dogmatic) & entend que tout aultre de la mefme efpece, (combien que de diuerfe forme, figure, ou circunſtance)ayt mef- me vertu, felon plus ou moins, A quoy Galen imitateur de Diofcorides, n’ha voulu eftre dif- fonant. PARADOXOLEROS. En quel lieu Beau fire le trouues tu ? PASQVIL. Au 6.liure de catatopous, ou parlat des vlceres de la bouche, il met vn medicamét efcript par Andromach, duquel la totale pfcription ie ne vueil mettre pour caufe de briefueté Reuoyat au lieu allegué.Galé dócq examinát ladicte co pofition ainfi par tel ordre que font mis tous. les fimples, dict notamment que les galles, le vinaigre, & le fumach font les plus aftringens & repelliffans : & ainfi afferme le vinaigre eftre aftringent & repellent, auſsi le fumach, & les galles. PARADOXOLEROS. Ochofe ridicule, dire que le vinaigre aftringet come les galles, & le fumach, qui font fimples trefaftringens. PASQVIL. Ie ne dy, & n’entendz que le vinaigre foit aftrin gent en pareil degré que les galles & le C 2 Sumach. Mais ces trois fimples meslez enfem- bles, aftraignent fort, pour caufe du vinaigre mesle auec les deux autres vehementz en aftri &tion : lequel vinaigre pour eftre de tenue fub- ftance, donne penetration aux aultres fimples : (efpeciallemet le vinaigre blanc)& ce beaucop plus, q fi les deux aultres fimples eftoient feulz, ou meslez auec d’aultre liqueur. PARADOXOLEROS. O poure homme infenférne cognois tu pas que tu te cótraries à toy mefme : difant q le vinaigre aftraingt, & puis q il penetre q font repugnates facultez, & qui ne peuuét eftre enfemble envng mefme, par la reigle des dialectitiens ? PASQVIL Si font bien par diuerfes raiſons & regardz, co- me au vinaigre font diuerfes qualitez meſme- met contraires, ainfi diuerfes facultes voire op pofites, iafoit que non enfemble, & à vne fois. PARADOXOLEROS. Declare cela plus ouuertement. PASQVIL. Vug mefme home peut eftre pere, & filz : pere au regard de ſes enfans, filz au regard de fon ge niteur encore viuat. Le diable eft bon par bóte de l’effence come crée de Dieu q ha faict toutes chofes bones, & fi eft mauuais par malice de fes mœurs deprauez.N’has tu pas leu le ver bucolic, Limus, vt hic durefcit, & hac vt cera liquefcit. V no codemque igni.ou le poete attribue au feu fa- cultés cótraires de endurcir & mollifier. Ainfi cóbien q le vinaigre par fa fubtile fubftace face penetrer, aufsi par apres done quelqs aftrictio : laquelle pourra eftre au comécemét du fecond degré, & cecy a caufe de fa frigidité, & ficcité do mináte audict vinaigre : lefquelles font qualités aftringétes. Or la ou il y ha qualité aftringête, il eft neceffaire qu’elle aftraigne, referme, &refroi diffe les corps prochains ou elle touche : Or cela faict le vinaigre : Parquoy il eft aftringent. PARADOXOLEROS. le péfe moy & ay bié ofé affermer, que Ianus Cornarius s’eft monftré Ian cornard en la trás- latió de ce lieu, laiffant le texte de Galē ainfi corrumpu, & mendeux par faulte d’inaduer- tence, comme i’ay dict. PASQVIL Vela bien parlé, par faulte d’inaduertece. Tu cuydois dire par faulte d’aduertéce.Car faulté d’inaduertence eft fouuerainé diligence, & ob- feruance. Tu parles comme le Populaire ton maiſtre. q dict vng home eftre en neceſsité de maladie ou il n’en ha befoing, ains en eſt tout réply, & appelles vng home omnipotét, quád il eft impotent de fes membres. PARADOXOLEROS. C 3 Tu cauilles toufiours les parolles.

PASQVIL.

Tu parles toufiours mal.Mais dy moy, Beau fire, en quoy ha failly Cornarius fur la transla tion de ce lieu de Galen.

PARADOXOLEROS.

En ce que ou Monfieur l’intrepreteur hamis vinaigre : Il y falloit mettre alun, & dire ainfi. Les Galles, le Sumac, & L’alun, font les plus aftringens, & repelliffent fort.

PASQVIL.

Vrayement, nous ſommes grandemet tenuz à ce nouuel interprete, qui fifidelement nous reftitue Galen en ce lieu.

PARADOXOLEROS.

C’eft le debuoir des literez, & accroiffement des fciences, ainfi corriger les erreurs les vngs des aultres.

PASQVIL.

Oy auec raifon mieulx valente. Mais quelles raifons tantpuiffantes has tu pour fugiller pre mierement vng tant grand homme, tant en la medicine que es lagues, toy qui n’has nulle ou bien petite cognoillance de la lágue Grecque ? Lequel docteur en traduifant ce paffage de Ga len ainfi qu’il eft en l’exemplaire Grec, ha fuyuy & du toutexprimé en latin ceque Ga- len ha heu intention de dire en Grec. Com- ment has tu oféfi confidemment muer la le cture ancienne par tant de fiecles, & tant de fauans hommes inuiolablemet obferuée, & gar dée en fon entier, fans aulcune doubte ? Quel- le coiecture prouuable te induyt à fi temeraire ment changer le mot auec la chofe, veu que il n’ya aulcune apparence de corruption des let- tres, ne des fyllabes tant au Grec come au La- tin ? Car quelle affinité ou fimilitude literaire, fyllabicque, ou dictionaire y ha il entre singi & Eos, alumen & acetum ? nulle certe par laquel- le on puiffe coniecturer l’ung auoir efté fuppo fe pour l’autre.Parquoy eft trop temerairemet faict à toy changer, & fuppofer ta faulfe, & im pertinente diuination, pour latique & vrayė diction encore en redarguant vng homme de trop plus grade credence, & plus grand fauoir que toy, fans aulcune comparaifon.

PARADOXOLEROS.

l’ay vrayemét efcript, & encore vueil fouftenir qu’il y fault alun & non vinaigre : ceq on peut cognoiftre par les parolles fubfeqntes, car Gale en parlát & examinat vng chefcu fimple felofa faculté, d’icele cópofition a lafin de tel examen, il parle du vinaigre ainfi qu’il fenfuyet cer- tainement de la faculté du vinaigre defia plu- fieurs fois en auons parlé, & auons dict qu’il re percute, diuife, fepare, penetre, & qu’il eft de ten ue fubftance, & plus quand il eft blanc que d’aultre couleur : comme en noftre prefente re cepte, & compofition fault qu’il foit. Vela có mentil parle du vinaigre en tel lieu allegué par meſsieurs les faulx interpreteurs. Car fi aulcun vinaigre fe trouuoit aftringent.ce ne fe roit le blanc, moins que tout aultre. Doncq’ fault conclure que par auant, en parlant des galles, Sumach, ou bien Rhus, qu’il ne failloit mefler le vinaigre pour dire qu’ilz eftoient bien aftringens, & de l’entendre duvinaigre auſsi bien que des galles, & Sumach mais pluftoft an lieu du vinagre mettre l’alun.

PASQVIL.

Pour quoy cela ?

PARADOXOLEROS.

Pource que particulierement par auant n’ha point parle de l’alun comme des aultres fim- ples : Et que du vinaigre il en ha parle à la fin aultrement, & en aultre opinion, que de l’affer mer auec les galles & Rhus eftre bien aftrin- gent, ioingt qu’il heuft pluftoft mis vinaigre rouge, ou feculet, que vinaigre blanc.

PASQVIL.

Que Galen n’heuft point parlé au par auant de l’alú : Cela eft faulz, Car examinat d’aulters cópofitios, cfqlles l’alu entroit, il l’auoit defia examiné. Et pource heuft efte chofe fuper- flue de faire repetitió de la faculté du dict alu. Attendu auſsi que nul entendant le grec, ne peut ignorer l’alun auoir grande aftriction, mefme par la denominatio autonomaſticque du mot svaigie, lequel par grande excellence, d’aftriction(comme dient les grec)nez "èfo XÀV Toù sufer, fignific alun. D’aduantage, fi Galen heuft dict (comme tu le veulx reftituer les galles, l’alun, & le fumach eftre aftringens, & re pellens, il fe fuft contredict à foy meſme. Car Palun combien qu’il foit vehemétement aftrin gent, touteffois, n’eft pas repellet : Pource qu’il eft chauld, & fec, & les repellens de leur nature font froidz ainfi que dict Galen 6.lib.de compo- fitione medicamentorum fecundum locos. Mais que Galles, vinaigre, & Sumach font veheme- tement aftringens, & repelliffent, il ne fe con- tredict pas, mais dict la verite car chafcun de ces trois fimples eft froid & fec. Parquoy en vain tu te efforces de tirer Galen a gueule tor- fe en ton peruers erreur.

PARADOXOLEROS.

Mais que refpondras tu, à ce que deffus iay al legué, que Galen fe dict auoir parauant parlé de la facultéllu vinaigre, q repercuté, diuife, fe pare, penetre, & fans métion faire d’aftriction.

PASQVIL.

C’eſt pour moftrer q le dict vinaigre oultre l’utilité qu’il faict meflé auec d’autres medica mens, pour les faire penetrer, encore il incide, difcute, & repellit : & ce auec aftrictio come icel luy Galen ha dict par auant. Or les repercufsifz lefquelz repercutent auec aftrictio, font les plus excellens, là ou tu has failly bien lourdemet, & par grande ignorance, difant que Galen veultq les medicamêts qui aftraignent, & condenfent les pores, & conduictz, & aufsi vienet à lyer, & retenir la fubftance & humeur des parties pro- chaines, foient contraires aulx medicamens re- pellans, Laquelle chofe eft du tout faulfe, & toy mefmes ne fces que tu veulx dire, & n’entendz aulcunement Galen. Car les medicamés vrays repellens font telle operation.Et ce eft la defini- tion du medicament repellant.

Et pourtant que c’eft fa definition luy doibt conuenir, & ne luy doibt eftre contraire, ainfi comme il dict.

PARADOXOLEROS.

Cuydes tu que ie ne fache quelz font les repel- lens, & que ie n’aye leu Galen auſsi bie comme toy, voire mieulx.

PASQVIL.

Si tu l’auois bie leu au 6.liure Catatopous tu en heuffes parlé plus fagemet. Car là ou Galé faict mention de deux fortes de repellans. Les vngz font froidz feullement : & iceulx condenfent les pores& códuictz : les aultres froidz fecz& aftri ges, lefqlz Galé dict qu’ilz repelliffent mieulx, condéfent plus les pores, aufsi retiénét plus les humeurs des parties prochaines. & font plusi froidz que les premiers. Defquelz aufsiledict Galé parle au 5.des fimples chap.17.Tu trouue ras aufsi ces deux manieres de repellés, en la mer thode therapentiq & en plufieurs aultres lieux.

PARADOXOLEROS.

Tout ce que tu has dict ne me fcauroit donner. à entédre que Galen foit en l’opinió de Diofco rides, quant à eftre le vinaigre aftringent.

PASQVIL.

Or fi cela ne fuffict, lis au premier liure des fim ples chap19.

PARADOXOLEROS.

Ie fay bien que tu veulx dire, ie l’ay bien leu.

PASQVIL.

Mais mal, & malicieufemét, car fur icelluy lieu tu calúnies auec grade méfonge, ceulx qui dient que le vinaigre ha aftrictio, en affermat impu- démét que en ceft endroict Gale ne faict aulcu ne métion du vinaigre : ce qui eft contraire à la verité. Car en celluy chapitre Gale parle du vin aigre quand il dict qu’il reprime la fluxion du fang, non pas comme medicament caufticque, mais de la maniere comme font les medica- mens aftringens.

PARADOXOLEROS.

Que fay ie fi le lieu ha eſté bien translaté.

PASQVIL.

Je croy bien que tu n’en fais rien. Mais ie fays bien aufsi que tu ne le faurois nyer. Car toy meſme en ton œuure has confeflé que là en- droict Galen ne fe foit oblié d’afferme qu’il foit aftringent (come par auant nous te auous monftré en tes contredictes. Or d’aduantage veulx tu que ie te couppe la gorge de ton cofteau meſme ?

PARADOXOLEROS.

Nenny, non.Car icfaignerois.Mais parle feul- lement.

PASQVIL.

Ne has tu pas efcript, que le vinaigre eft vtile à retirer la vuule relafchée ?

PARADOXOLEROS.

Oy vrayement & le vueil fouftenir.

PASQVIL.

Etie le recoy. Or entens maintenant mon argu ment.Hipocrates dict que les contraires font curez par leurs contraires. Or aftriction eft contraire a relaxation : le vinaigre doncq curat relaxation de vuule, tient de altriction.

PARADOXOLEROS.

La maieur de ton argumét (qui eft le Aphorif me de Hippocrates.)n’eſt pas vniuerfelle, ne toufiours neceffaire.

PASQVIL.

Or puis que tu ne veulx croire en argumés fyllogiſtiques Ie vferay de demonftration fondée & prinſe de fens.

PARADOXOLEROS.

Comme quoy ?

PASQVIL.

Tout medicament qui codenfe le corps, lequel il touche, & le referre incótinent & auffi le red afpre, icelluy eft aftringent : cefte eft la maieur irrefragable ab effectis. Or le vinaigre condenſe, & ferre les parties attouchées auec afperité felő plus ou moins : dont ie conclu que le vinaigre ha aftriction.

PARADOXOLEROS.

Ie nie la mincur, & ta conclufion.

PASQVIL.

Elle eft prouuable par le fens. Et quelle inftan- ce pourrois tu faire au contraire ?

PARADOXOLEROS.

Telle inftance. Que ie dytout aftringent eftre de groffe fubftance, & nul medicament de fub ftance tenue n’eftre aftringet. Or eft le vinaigre de fubftáce tenue : Parquoy impoffible eft qu’il foit aftringent.

PASQVIL.

Or ie te prouue le contraire par vng exemple de Galen au 6. liure Catatopos chap.2. ou il cópte, que retournat d’Alexãdrie en fon pays, par les champs trouua vng Iardinier, lequel e- ftoit quafi fuffoqué d’vne fluxio, laquellle luy tomboit fur la bouche : auquel Galen confeilla qu’il le gargarifaft du ius d’efcorce de noix ver des, coulé, & cuict auec miel. Auquel lieu Galé manifeftemět demóftre le ius d’efcorce de noix verdes, eftre fort aftringent : iafoit qu’il eft de ten Tue fubſtance.

PARADOXOLEROS.

Mais cóment preuue Galen ce ius de noix eftre de tenue fubftance ?

PASQVIL.

En telle forte & euidéte demóftration. Les cho fes qui penetrent facilement font de tenue fub- ftance, or celluy penetre facilement.Et qu’ainfi foit. A ceulx qui hot efqualé les noix, l’afperité, & noirceur des mains ne fen va pas incotinet, ores qu’ilz les lauent, & nettoyeut fort. Or ne fe roit il de fi difficile nettoyement, & abſterſion : f’il neftoit de fubftance tenue, & neantmoins il eft aftringent. Parquoy il eft faulx ce que tu as dict que tout aftringent eft de groffe fubftan- ce. Ie te dy bien d’auantage. En ce lieu mefme dict Galen que beaucoup vault l’aftriction la- quelle eſt fondée en fubftance tenue. Car les a- ftringens qui font de groffe fubftáce, pour cau fe de leur aftriction ferrent & condenfent lafu perficie du corps auquel ilz font applicquez, & cela empefche qu’ilz ne puiffent bien pene- trer dedans. Et pour ne pouoir bien penetrer dedans, ilz ne peuuent auffi bien ayder aux par ties enflammées à caufe que les parties font fer- rées & códenfées. Cela mefme dict Galen 3.fim plicitum. cap.6. Puys doncq qu’il confte que le ius d’efcorce de noix eft de tenue fubftance, & neantmoius afpre, & aftringent, Pourquoy le vinaigre, qui mefmement eft froid, au fegond degré, & fec au tiers degré encore qu’il foit de tenue fubftance, ne pourra il auoir aftriction ?

PARADOXOLEROS.

C’eft vng argument par le femblable, de tous, le plus infirme & qui cloche d’ung pied.

PASQVIL.

Il ne cloche en rien. Car en tout, & par tout il eft de mefme raifon & ferme affez. Mais pour plus encore le réforce le mefme noble auteur Gale 2.lib.De compofitione medicamentorum fe- cundum locos.dict le vinaigre auoir la faculté re- pulfoire, aufsi attenuatiue, & difcufsiue, de la maniere mefme exactemet tient l’air de bife. Or l’air de bife ferre, & códefe les corps qu’il recotre.Parquoy la mefme faculte tiết le vin- aigre, & par cófequent eft aftringét.Encore te vueil ie faire vn autre argumet par les cotraires.

PARADOXOLEROS.

Or fus doncq’?

PASQVIL.

L’operation du medicament froid eft cotraire à l’operation du medicament chault. Le me- dicament chault attire ou il eft applicque, & quant & quant relaxe. Parquoy au contraire le medicament froid reflerre, & aftrainct les parties, ou il eft applicque. Or eft le vinaigre froid en fafouueraine qualité. Parquoy il eft aftrictif. Pour laquelle caufe aufsi Ariftote ap pelle le froid en grec awayovda, qu’eft à dire condenfant, ou retirant : contraignat ou ferrat.

PARADOXOLEROS.

Cela ne fait rien contre moy car ores que le vinaigre foit froid, neantmoins par cela n’eft il aftringent. Car pour autat qu’il penetre par fa tenuité la partie ou il eft applicqué il ouure les pores, & par ce ne les condenfe, ne referre ? car aultrement feroient deux actes contraires en vng melme fubiect ce que eft impofsible.

PASQVIL.

Oy bien (comme i’ay deuant dict) fimul & fe- mel, Mais non pas fuccefsiuement & à diuers regardz. Car come le vinaigre foit froid pour le plus, & chault pour le moins : Or le froid en action eft plus pigre, & tardif, mais le chault plus actif & foubdain à agir : les chauldes & plus fubtiles parties du vinaigre premieremét penetrent, & donnent voyeaulx parties froi- des àpenetrer, & eftant penetrées à dedas ref- ferrer, ferrer, come le tefmoigne Gale de fimp.lib.4.cap.12. Ainfi le vinaigre aprés fa penetration ne laifle de reftraindre, & ferrer les pores, à caufe de fa froidu- re, & ficcité dominate. Car Galen dict. 2.lib.fimpl. cap.24, la ppriété des chofes froides eft de codefer, & refferrer. Et des chofes chauldes de dilater & fai- re fondre ou colliquer. Et à ce lieu coforme Galé fur Hippocras. de morbis vulgaribus. en parlat de la frigidité diet ainfi. La frigidité de fa nature ferre, codéfe, ferme & reftrainct toutes les chofes qu’elle touche. Et pource icelle frigidité eftouppe, & cloft les pores inuifibles, voire aufsi les apparens.

PARADOXOLEROS.

Ie arguméte au cótraire par le fens ainfi, Leviaigre incide, difcute, & ouure les opilatiós, & d’aduata- geil eft aigre, non amer, acerbe, ny auftere. Il n’ha doncq’aulcune aftriction,

PASQVIL.

La confequece eft faulte.Car Galen dict au 3. liure Simplicium. ap.7. Es médicamés, tu trouueras que ilz hont diuerfe qualité ou vertu, & non feullemét diuerle, mais auffi cotraire. Regarde ce q Galé dict de la Rofe, laqlle eft aftringete, & auſsi eft doulce, & amere, & fi ha qlq mordication. Mais pour cela n’enteds pas, quad Gale dict q la Rofe ha aftrictio meslée auec les aultres faueurs, q pourtat ladiete ro feayt fouueraie aftrictio.Car fi elle auoit aftrictio extreme : les autres faueurs ne fe pourroiết cópatir enfemble. Mais pource qlle ha qlq aftriction, cela ne repugne qu’elle ne ayt la mixtion des aultres faucurs, & qualitez, ainfi come Galé le dict 3.fim- plicium.Et non feullement en la rofe tu trouueras cótraires qualitez mais auſsi à la Reubarbe, Aloe, cotra & plufieurs aultres fimples : defquelz les exemples bailler ie me deporteray pour le prefent, pour cau fe de briefueté.Mais cela eft felő le moins ou plus, &ainfi ha le vinaigre aigreur incifio, & aftrictio, l’une plus, lautre moins.Et ainfi combien qu’il in- cide, penetre, extenue, & ouure les obftructios : pourtat ne laiffe d’auoir aftriction, iafoit q no ex- treme.Car fi elle eftoit fouueraine, ne pourroit in cider, ny extenuer, ny ouurir les oppilations, ny auoir aigreur.

PARADOXOLEROS.

Tu me Rues tát de coups, & te couures fi finemét, que iene fay plus quafi de quel bafton me ayder.

PASQVIL.

Ie te vueil doncq armer à l’encontre de moy, mais ce fera à la legiere. Galen femble faire pour toyr. Simpl.cap.5. ou en louant Platon de n’auoir cófon du les faueurs, cóme ceulx qui difoient le poiure eftre des medicamés aftringés, comme il foit des acres : & le vinaigre de la nature des medicamens aigres : parquoy eftant des aigres il n’eft des aftrin- gens.

PARADOXOLEROS.

C’eft cela, ceft bie dict. Santo de Dio, Ie l’auois oblié,

PASQVIL.
Non pas oblié, car tu ne le fceuz iamais. Toutef

foisà cefte autorité ie refpódz par la mefme diftin ation que deffus, que au vinaigre pour le plus fort domine l’aigreur, pour le moins & plus foible, y eft l’aftriction. Et vinaigre eft il appellé pour la faueur en luy dominante fur toutes.Laquelle Ne- antmoins ne forclut point l’aufterité, ou acerbité.

PARADOXOLEROS.

vbide hoc ?

PASQVIL.

L’experience le monftre. Car le vinaigre mis en la bouche rend la lágue afpre, retraicte, & feiche. Or toutes choſes qui cela fót, fonteftimées de faucur auftere, Parquoy le vinaigre ha aufterité, & par co fequent aftriction,

PARADOXOLEROS.

Oy par aduenture à ton gouft, & no pas au mien. Et cela me ſemble impoſsible. Car le vinaigre de tenue fubftance, come pourroit il auoir aufterité,. qui eft fondée en grofle fubftance, & l’aigre en la tenue ?

PASQVIL.

le diftictz icelle faueurs ou fimples, ou cópofées ! Quant aulx fimples, ie concede ce que tu dis : quát aulx copofées, non.Car quand icelles faueurs font compoſées, & mixtes, la faueur auftere peut eftre en chofe tenue, pource qu’elle ne laifle pour fa te- nuité, d’auoir quelques parties terreftres, & feiches. Or dit Galen 1.Simpl.cap..19.Au vinaigre come aulx aultres liqueurs, il y ha vne partie qui corre. fpód aux feces, ou lyes, & celle partie eft terreftre.

PARADOXOLEROS.

Oy mais, fi tu prens du vinaigre quand il ha long temps demouré en repos, & tu le mettes en autre vaifeau, il n’aura point de parties terreftres.ee

PASQVIL.

Cela eft parlé en cuyfinier, no en medecin.le m’en raporte mefme aulx alchemiftes, & à lehã dru pa fticier : car come le vinaigre foit corps mixte, & no fimple, il ne peut eftre fi pur, qu’il foit du tout pur ge de lie, & partie terreftre : oultre ce ie vueil vfer d’une fimilitude prife fur la nature, pour te doner à entédre q le vinaigre oultre laigreur ha aufterité. Regarde q tous les fruicts auata d’ftre meurs fot premieremetacerbes, & puys aufteres, &par acqui fitio d’humidité deuiennet puis apres aigres, exce- prées les oliues, lefquelles deurenent doulces, & no pas aigres. Or es fruycts icelle faueur aigre ha telle affinité auec l’acerbe, & auftere : q tu ne trouueras aulcun fruyct lequel foit aigre, qui n’aye quelque aufterité.Seblablemet au vinaigre ayant aigreur, cõbien qu’il foit engedré par putrefaction, il y ha qlque aufterité. Pource difoit Galen 4. Simpl.cap. 12.& Actius. en fon premier liure, le vinaigre, ou pluftoft le vin degenerant en vinaigre fe conuertit en celuy humeur duquel le vin eft produict. Or de l’agrefte, vict levin, L’aigrefte ha aufterité, docq 100. aufsi ha le vinaigre encore q no ta vehemete come l’agrefte, L’agrefte eft froid, fi eft le vinaigre, cobie á de pi veheméte froideur.Et cóbié qu’il foit fou uerainement froid, fi ha il neantmoins qlq chaleur à raiſon de la putrefaction, & femblablemét acri- monie : l’agrefte ne ha ne chaleur ny acrimonie. Aufsi le vinaigre ha plus de tenues parties, que l’agrefte.

PARADOXOLEROS.

Or pour ma derniere main, ic Replicque encore repelliffant le vinagre eftre repercufsif : & pource ne pouoir eftre aftrictif.

PASQVIL.

le te dy(come i’ay faict par auat) qaftrictio n’eft pas cotraire à repercufsion.Car vng mefme fimple bie fouuét peut eftre repercufsif, & aufsi aftringet, come les galles, le fumach, le vinaigre, & plufieurs aultres. Et icelluy fimple lequel eft repercufsif & aftringet enſemble, repercute beaucoup mieulx. Aufsi pourra eftrevng medicamet repercufsif leql ne fera pas aftringet pour cela, come l’eau comu- ne.Séblablemét pourra eftre vng aftringet, lequel pourtat ne fera repercufsif, come eft l’alu.Les froi- des, & chaudes medicines peuuent eftre aftringen tes, mais les medicines repercufsiues, fault neceflai- remét qu’elles foient froides. Ainfi q les medeci- nes acerbes, & aufteres ; font toutes froides quant à leur nature.Mais pourtat tous les aftringés, n’hôt D 3 befoig d’eftre froidz.L’operatió de la medicine re percufsiue repulfiue cófifte en cecy. Applicquée en qlconq partie, refroidit le mêbre, & le réd plus denfé, & ferre les pores du dict mébre, & en ofte la chaleur& réd pl’efpes& gros, l’humeur q en doibt decourir & fi empefche l’humeur ne decoure au mébre.Et cefte operation principalemet eſt faicte par la medicine repercufsiue.Mais la medecine aftringete, foit chaulde ou froide, garde de courir & couler les fuperfluitez, pource quelle corrobore accidétalemětla vertu du mébre, augl elle eft ap- plicquée : or la vertu corroborée expellit les chofes nuyfantes, es moins nobles parties, & plus foibles lieux.Dond cefte operatio principalemet, & pre- mierement ſe fait de nature : & en fecond lieu par la medicine en forte : que la repulfion fe reduict à la difpofition du mébre, & l’aftriction fe reduict à la vertu corroborée.Et pource il eft dict q la me- dicine aftringéte garde q le membre ne recoiue les fuperfluitez gratia trafmißionis, & la medicine reper cufsiue gratia repulfus. Tellemet q vng mefme me dicament peut corroborer la vertu, & aufsi faire operatio repercufsiue. Parquoy ta derniere main eft perdue, & derniere replica rabbatue, & ne fcau rois ne deburois plus que dire.Sinon ( Cóme feit Steftichorus.)chanter palinodie, pour améde hon- norable, en cófeffant, & recognoiffantq Meſsieurs, Martin Acakia, Tagault, Houlier, Vido de vidis, & Fuchfius.fuyuas doctemet la doctrine Galenicque, hont tresbien dict en attribuat aftriction au vinai- gre : laquelle doctrine Iacobus Syluius ha enfuyuie, & n’en dict iamais le contraire, come tu donnes à entédre, par l’autorité de luy voulat feire trouuer ta caufe bonne.

PARADOXOLEROS.

Vrayemétie cognois bien q tu es venu à me affa- illir tout preparé, &premedité, & me has bie prins fans verd, tellemet q ie me fens auſsi bie picqué & arrofé de ton vinaigre efpaignol : come es fatyres de Horace le Grec Perfus fe fentit parfumé du vin aigre Italie du Roy banny Rupilius.Mais vne au- trefois quádie feray bien armé ie auray ma reuen- che. Adieu.

PASQVIL.

Atten, atte, encore vng peu. Ce n’eſt pas tout : Ceq nous auons dict, n’ha efté q difputatio doctrinale duvinaigre.Mais maîtenát ie tevueil parler de toy mefime, & de tes defaulx & vices. Car puys q en to paradoxe tu ne has efpargné aulcu : ains les has tou chéz tous d’iniures, voire atroces, en difat les medi cins de Paris defcognoiffás, & mauuais practicies, vn medicin allemat Louuenceau, fentat fa plume folle, vng aultre allemãt aufsi inaduertét, & mau- uais traducter, les medicis de lyon eftre diſsimula teurs, cacheurs de verité, & craíctifz. En particulier appellat vng medicin lyonnois endormy faulx in- terpreteur, impofteur, & méteur, & par ironie alle gueur incroyable de memoire diuine, vng aultre obftiné, & ignorat, vng aultre lágagier, vng aultre, home couoiteux vng chirurgie aueugle mene par vng aucugle. Et q pis eft)en vne epiftre au lecteur quad tu feiz imprimer vng liure intitule.De agritu dinibus infantil Pauli Bagelard. En laqlle epiftre co- tra iufiurandum hippocratis leql nous comande re- ucrer, nos precepteurs cómenos peres. Tu appelles ceulxqiadis hontefté tes maiſtres à Montpellier, gés de grand fauoir & reno maintenat trefpaflez. tu les appelles Deliros Senes Vieulx refueurs. Puys tu y has ainfi procedé par iniure, la raiſon veult le talio & que tu fois vefperifé fur tes mœurs : Or efcoute doncq tes veritez : & là legende dorée de tes beaux faictz.

PARADOXOLEROS.

Santo de Dio.le n’ay pas maitenat le loifir l’ay vne afsignation ou il me fault à cefte heure neceffaire- ment trouuer.Pource ie men vay, Adieu.

PASQVIL.

Demeure, demeure, arrefte, encore vng mot

PARADOXOLEROS.

Santo de Dio Tu ne me tiendras plus. Adieu.

PASQVIL.

Il fen va, il m’eft efchappé, il fen eft vollé come la mouche guefpe, ayant laiffé l’aguillon en la playe qu’il ha faicte. Mais, Siie le puis encore tenir vne fois : il entendra, que ce que haefté dict n’eft que ieu au pris de ce que nous dirons.

FIN. Deus in nad mas giternung meum inf ande domine gemaran 4 me foshtina Gloria petri. Et felis Et Sprettung