Pastorale comique
ŒUVRES
DE MOLIÈRE
Saint-Marc Girardin, Génin, Aimé Martin, Nisard, Taschereau, Grimarest,
Petitot, E. Soulié, E. Fournier, Beffara, etc., etc.
Pastorale comique, ballets
[modifier]1re entrée de ballet
[modifier]Deux magiciens commencent, en dansant, un enchantement pour embellir Lycas ; ils frappent la terre avec leurs baguettes, et en font sortir six Démons, qui se joignent à eux. Trois Magiciens sortent aussi de dessous terre.
2ème entrée de ballet
[modifier]Les six Démons dansants habillent Lycas d'une manière ridicule et bizarre.
3ème entrée de ballet
[modifier]Les Magiciens et les Démons continuent leurs danses, tandis que les trois Magiciens chantants continuent à se moquer de Lycas. Ils s'enfoncent dans la terre et disparaissent.
4ème entrée de ballet
[modifier]Les paysans prennent querelle, en voulant séparer le deux Pasteurs (Lycas et Philène), et dansent en se battant.
5ème entrée de ballet
[modifier]Les Paysans réconciliés dansent ensemble.
6ème entrée de ballet
[modifier]Douze Égyptiens, dont quatre jouent de la guitare, quatre des castagnettes, quatre, des gnacares, dansent avec l'Égyptienne, aux chansons qu'elle chante.
Pastorale comique
[modifier]
PERSONNAGES
Iris, jeune bergère. Lycas, riche pasteur. Filène, riche pasteur. Coridon, jeune berger. Berger enjoué. Un pâtre. |
Scènes 1 et 2
[modifier]- La première scène est entre Lycas, riche pasteur, et Coridon, son confident.
- La seconde scène est une cérémonie magique de chantres et danseurs.
- Les deux magiciens dansants sont: les sieurs La Pierre et Favier.
- Les trois magiciens assistants et chantants sont : MM. le Gros, Don et Gaye.
- Ils chantent.
- Déesse des appas,
- Ne nous refuse pas
- La grâce qu'implorent nos bouches :
- Nous t'en prions par tes rubans,
- Par tes boucles de diamants,
- Ton rouge, ta poudre, tes mouches,
- Ton masque, ta coiffe et tes gants.
- Ô toi ! qui peux rendre agréables
- Les visages les plus mal faits,
- Répands, Vénus, de tes attraits
- Deux ou trois doses charitables
- Sur ce museau tondu tout frais.
- Déesse des appas,
- Ne nous refuse pas
- La grâce qu'implorent nos bouches :
- Nous t'en prions par tes rubans,
- Par tes boucles de diamants,
- Ton rouge, ta poudre, tes mouches,
- Ton masque, ta coiffe et tes gants.
- Ah ! qu'il est beau,
- Le jouvenceau !
- Ah ! qu'il est beau ! ah ! qu'il est beau !
- Qu'il va faire mourir de belles !
- Auprès de lui, les plus cruelles
- Ne pourront tenir dans leur peau.
- Ah ! qu'il est beau,
- Le jouvenceau !
- Ah ! qu'il est beau ! ah ! qu'il est beau !
- Ho, ho, ho, ho, ho, ho.
- Qu'il est joli,
- Gentil, poli !
- Qu'il est joli ! qu'il est joli !
- Est-il des yeux qu'il ne ravisse
- Il passe en beauté feu Narcisse,
- Qui fut un blondin accompli.
- Qu'il est joli,
- Gentil, poli !
- Qu'il est joli ! qu'il est joli !
- Hi, hi, hi, hi, hi, hi.
Les six magiciens assistants et dansants sont : les sieurs Chicaneau, Bonard, Noblet le cadet, Arnald, Mayeu et Foignard.
Scène 3
[modifier]- La troisième scène est entre Lycas et Filène, riches pasteurs.
Filène, chante
- Paissez, chères brebis, les herbettes naissantes,
- Ces prés et ces ruisseaux ont de quoi vous charmer ;
- Mais si vous désirez vivre toujours contentes,
- Petites innocentes,
- Gardez-vous bien d'aimer.
Lycas, voulant faire des vers, nomme le nom d'Iris, sa maîtresse, en présence de Filène, son rival ; dont Filène en colère chante.
Filène
- Est-ce toi que j'entends, téméraire, est-ce toi
- Qui nommes la beauté qui me tient sous sa loi ?
Lycas, répond
- Oui, c'est moi ; oui, c'est moi.
Filène
- Oses-tu bien en aucune façon
- Proférer ce beau nom ?
Lycas
- Hé ! pourquoi non ? hé ! pourquoi non ?
Filène
- Iris charme mon âme ;
- Et qui pour elle aura
- Le moindre brin de flamme,
- Il s'en repentira.
Lycas
- Je me moque de cela,
- Je me moque de cela.
Filène
- Je t'étranglerai, mangerai,
- Si tu nommes jamais ma belle.
- Ce que je dis, je le ferai,
- Je t'étranglerai, mangerai :
- Il suffit que j'en ai juré.
- Quand les dieux prendroient ta querelle
- Je t'étranglerai, mangerai,
- Si tu nommes jamais ma belle.
Lycas
- Bagatelle, bagatelle.
Scènes 4 à 7
[modifier]- La quatrième scène est entre Lycas et Iris, jeune bergère dont Lycas est amoureux.
- La cinquième scène est entre Lycas et un pâtre, qui apporte un cartel à Lycas de la part de Filène, son rival.
- La sixième scène est entre Lycas et Coridon.
- La septième scène est entre Lycas et Filène.
Filène, venant pour se battre, chante
- Arrête, malheureux,
- Tourne, tourne visage,
- Et voyons qui des deux
- Obtiendra l'avantage.
Lycas parle.
Filène, reprend
- C'est par trop discourir ;
- Allons, il faut mourir.
Scènes 8 à 12
[modifier]- La huitième scène est de huit paysans, qui, venant pour séparer Filène et Lycas, prennent querelle et dansent en se battant.
- Les huit paysans sont: les sieurs Dolivet, Paysan, Desonets, du Pron, la Pierre, Mercier, Pesan et le Roi.
- La neuvième scène est entre Coridon, jeune berger et les huit paysans, qui, par les persuasions de Coridon, se réconcilient, et après s'être réconciliés, dansent.
- La dixième scène est entre Filène, Lycas et Coridon.
- La onzième scène est entre Iris, bergère, et Coridon, berger.
- La douzième scène est entre Iris, bergère, Filène, Lycas et Coridon.
Filène, chante
- N'attendez pas qu'ici je me vante moi-même,
- Pour le choix que vous balancez :
- Vous avez des yeux, je vous aime,
- C'est vous en dire assez.
Scène 13
[modifier]- La treizième scène est entre Filène et Lycas, qui, rebutés par la belle Iris, chantent ensemble leur désespoir.
Filène
- Hélas ! peut-on sentir de plus vive douleur ?
- Nous préférer un servile pasteur !
- Ô ciel !
Lycas
- Ô sort !
Filène
- Quelle rigueur !
Lycas
- Quel coup !
Filène
- Quoi ? tant de pleurs,
Lycas
- Tant de persévérance,
Filène
- Tant de langueur,
Lycas
- Tant de souffrance,
Filène
- Tant de vœux,
Lycas
- Tant de soins,
Filène
- Tant d'ardeur,
Lycas
- Tant d'amour
Filène
- Avec tant de mépris sont traités en ce jour !
- Ha ! cruelle,
Lycas
- Cœur dur,
Filène
- Tigresse,
Lycas
- Inexorable,
Filène
- Inhumaine,
Lycas
- Inflexible,
Filène
- Ingrate,
Lycas
- Impitoyable,
Filène
- Tu veux donc nous faire mourir ?
- Il te faut contenter.
Lycas
- Il te faut obéir.
Filène
- Mourons, Lycas.
Lycas
- Mourons, Filène.
Filène
- Avec ce fer finissons notre peine.
Lycas
- Pousse !
Filène
- Ferme !
Lycas
- Courage !
Filène
- Allons, va le premier.
Lycas
- Non, je veux marcher le dernier.
Filène
- Puisqu'un même malheur aujourd'hui nous assemble,
- Allons, partons ensemble.
Scène 14
[modifier]- La quatorzième scène est d'un jeune berger enjoué, qui, venant consoler Filène et Lycas, chante.
- Ha ! quelle folie
- De quitter la vie
- Pour une beauté
- Dont on est rebuté !
- On peut, pour un objet aimable,
- Dont le cœur nous est favorable,
- Vouloir perdre la clarté ;
- Mais quitter la vie
- Pour une beauté
- Dont on est rebuté,
- Ha ! quelle folie !
Scène 15
[modifier]- La quinzième et dernière scène est d'une Égyptienne, suivie d'une douzaine de gens, qui, ne cherchant que la joie, dansent avec elle aux chansons qu'elle chante agréablement. En voici les paroles :
- PREMIER AIR
- D'un pauvre cœur
- Soulagez le martyre,
- D'un pauvre cœur
- Soulagez la douleur.
- J'ai beau vous dire
- Ma vive ardeur,
- Je vous vois rire
- De ma langueur.
- Ah! cruelle, j'expire
- Sous tant de rigueur.
- D'un pauvre cœur
- Soulagez le martyre,
- D'un pauvre cœur
- Soulagez la douleur.
- SECOND AIR
- Croyez-moi, hâtons-nous, ma Sylvie :
- Usons bien des moments précieux ;
- Contentons ici notre envie,
- De nos ans le feu nous y convie.
- Nous ne saurions, vous et moi, faire mieux.
- Quand l'hiver a glacé nos guérets
- Le printemps vient reprendre sa place,
- Et ramène à nos champs leurs attraits ;
- Mais, hélas ! quand l'âge nous glace,
- Nos beaux jours ne reviennent jamais.
- Ne cherchons tous les jours qu'à nous plaire,
- Soyons-y l'un et l'autre empressés ;
- Du plaisir faisons notre affaire,
- Des chagrins songeons à nous défaire :
- Il vient un temps où l'on en prend assez.
- Quand l'hiver a glacé nos guérets,
- Le printemps vient reprendre sa place,
- Et ramène à nos champs leurs attraits ;
- Mais, hélas ! quand l'âge nous glace,
- Nos beaux jours ne reviennent jamais.
L'Égyptienne qui danse et chante est : Noblet l'aîné.
Les douze dansants sont :
- Quatre jouant de la guitare, M. de Lully, MM. Beauchamp, Chicaneau et Vagnart ;
- Quatre jouant des castagnettes, Les sieurs Favier, Bonard, Saint-André et Arnald ;
- Quatre jouant des gnacares, MM. La Marre, Des-Airs second, Du Feu et Pesan.