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Pausanias, Elide-1, chapitre XIX

La bibliothèque libre.
Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 151-159).

CHAPITRE ΧΙΧ.


Suite de la description du coffre de Cypsélus.

SUR le quatrième côté du coffre, en tournant par la gauche, on voit Borée qui emporte Orithye, et à qui des queues de serpents tiennent lieu de pieds; et le combat d'Hercules contre Géryon qui est représenté avec trois corps réunis; Thésée tenant une lyre, et auprès de lui Ariane tenant une couronne ; Achille et Memnon aux prises et leurs mères auprès d'eux.

Vous voyez ensuite Mélanion, et à côté de lui Atalante qui tient un faon de biche. Ajax et Hector d'après un défi se battent en combat singulier ; entre eux se tient debout la Discorde, sous la forme la plus hideuse : elle a servi de modèle a celle que Calliphon de Samos a représentée dans le temple de Diane à Éphèse, où il a peint le combat des Grecs pour la défense de leurs vaisseaux. On aperçoit aussi sur ce coure les Dioscures, l'un n'a pas encore de barbe ; Hélène est entre l'un et l'autre.

Aethra, fille de Pitthée, est étendue à terre aux pieds d'Hélène, elle est vêtue d'une robe noire; l'inscription qui les concerne, a un vers hexamètre et un pied de plus; elle porte : Les Tyntarides emmènent Hélène et enlèvent Aethra d'Athènes.

Vous voyez ensuite Iphidamas, fils d'Antenor, étendu à terre; Coon est aux prises avec Agamemnon pour le défendre; la Terreur est représentée sur le bouclier d'Agamemnon : elle a la tête d'un lion. Il y a sur le corps d'Iphidamas cette inscription : Celui-ci est Iphidamas, et Coon combat pour lui, et sur le bouclier d'Agamemnon celle-ci :

Je suis la terreur des mortels ; celui qui me porte est Agamemnon. Mercure conduit les trois déesses à Alexandre fils de Priam, pour qu'il adjuge à l'une d'elles le prix de la beauté, et voici l'inscription : Mercure montre Junon, Vénus et Pallas à Alexandre, qui doit juger de leur beauté. Je ne sais pas d'après quelle tradition on a représenté sur ce coffre Diane avec des ailes aux épaules, tenant de la main droite une panthère, et de la gauche un lion. On y a aussi retracé Ajax arrachant Cassandre de l'autel de Minerve, avec cette inscription : Ajax arrache Cassandre de l'autel de Minerve.

On y voit les fils d'Oedipe, Polynîce est tombé sur le genou, et Étéocle fond sur lui. Une femme est debout derrière Polynice : elle a les dents aiguës d'une bête féroce; les ongles de ses mains sont crochus : l'inscription nous apprend que c'est la Fatalité. Un sort malheureux fit périr Polynice. au lieu que la mort d'Étéocle fut une juste punition. On y remarque enfin Bacchus couché dans un antre ; il a de la barbe et tient une coupe d'or. Il est revêtu d'une tunique qui le couvre jusqu'aux pieds, autour de lui sont des pampres, des pommiers et des grenadiers.

Le dessus du coffre (car il a cinq faces) est sans inscription ; il faut donc deviner par des conjectures ce qui y est représenté. On voit d'abord dans une grotte un homme et une femme qui dorment ensemble sur un lit, et que je croirais Ulysse et Circé, au nombre des servantes qui sont devant la grotte et aux ouvrages dont elles sont occupées. Il y a en effet quatre femmes, et elles travaillent aux ouvrages dont Homère a parlé dans ses vers. Vous voyez ensuite un Centaure qui n'a pas quatre pieds de chevaux, mais les deux de devant sont faits comme ceux des hommes;

après cela des chars à deux chevaux et des femmes debout sur ces chars; les chevaux ont des ailes d'or, et un homme présente des armes à une de ces femmes. On croit que tout cela a rapport à la mort de Patrocle. Les Néréides sont les femmes qu'on voit sur ces chars, et c'est Thétis qui reçoit des armes de Vulcain. Celui qui présente ces armes ne paraît pas en effet bien ferme sur ses jambes, et il y a derrière lui un esclave portant des tenailles.

Le Centaure est, à ce qu'on dit, Chiron, déjà dépouillé de l'humanité et admis à partager la demeure des dieux, qui vient apporter à Achille quelque consolation. Deux filles sur un char attelé de mules, l'une tenant les rênes, et l'autre avec un voile sur la tête, sont, à ce qu'on pense, Nausicaa, fille d'Alcinoüs, et sa servante qui vont laver les vêtements de la famille. On voit enfin un homme qui perce des Centaures à coups de flèches, et quelques Centaures déjà morts; il est évident que c'est une des actions d'Hercules.

Je n'ai point pu parvenir par mes conjectures à découvrir l'artiste de qui ce couffre est l'ouvrage. Quant aux inscriptions, peut-être sont-elles de quelque autre, mais je suis tenté de les attribuer à Eumilus de Corinthe; je fonde mon opinion sur ses autres ouvrages, et surtout sur le chant qu'il a fait pour Délos.


CHAPITRE XX.


Autres offrandes dans le temple de Jupiter Olympien. Cadavre d'un homme armé, trouvé dans le temple de Junon. Colonne d'Oenomaus. Temple de la Mère des Dieux. Édifice nommé Philippéum.

ON remarque encore d'autres offrandes dans ce temple, savoir : un petit lit orné presque entièrement d'ivoire, le disque d'Iphitus et la table sur laquelle on dépose les couronnes pour les vainqueurs. Le petit lit était, dit-on, un jouet d'Hippodamie. Sur le disque d'Iphitus est inscrite la suspension d'armes que les Éléens font proclamer pour les jeux olympiques. Les lignes ne sont point droites, mais elles forment un cercle autour du disque.


La table est faite d'or et d'ivoire; elle est l'ouvrage de Colotès, qui descendait, à ce qu'on dit, d'Hercules. Ceux qui ont fait des recherches plus exactes sur les sculpteurs, disent que Colotès était de Paros et élève de Pasitèles, ce Pasitèles avait appris de lui-même son art. Vous voyez sur le devant! de cette table, Jupiter et Junon, la Mère des Dieux, Mercure, Apollon et Diane. Sur le derrière on a représenté