Pauvres fleurs/Au Soleil

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Au soleil.

Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 319-321).



AU SOLEIL.
Italie.


Ami de la pâle indigence !
Sourire éternel au malheur !
D’une intarissable indulgence,
Aimante et visible chaleur :
Ta flamme, d’orage trempée,
Ne s’éteint jamais sans espoir ;
Toi ! tu ne m’as jamais trompée
Lorsque tu m’as dit, au revoir !


Tu nourris le jeune platane,
Sous ma fenêtre sans rideau,
Et de sa tête diaphane
À mes pleurs tu fais un bandeau :
Par toute la grande Italie,
Où je passe le front baissé,
De toi seul, lorsque tout m’oublie,
Notre abandon est embrassé !

Donne-nous le baiser sublime
Dardé du ciel dans tes rayons,
Phare entre l’abîme et l’abîme
Qui fait, qu’aveugles nous voyons !
À travers les monts et les nues
Où l’exil se traîne à genoux,
Dans nos épreuves inconnues,
Âme de feu, plane sur nous !

Oh ! lève-toi pur sur la France
Où m’attendent de chers absens ;
À mon fils, ma jeune espérance,
Rappelle mes yeux caressans !

De son âge éclaire les charmes ;
Et s’il me pleure devant toi,
Astre aimé ! recueille ses larmes,
Pour les faire tomber sur moi !