Pauvres fleurs/L’Aumône au bal
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L’AUMÔNE AU BAL.
L’harmonie et les fleurs,
Les doux parfums de femmes,
Le lustre aux mille flammes,
La mode aux cent couleurs ;
C’est le bal ! c’est la vie !
C’est la danse suivie,
D’espoir, d’enchantemens,
D’aveux et de sermens.
— « Une aumône ! une aumône !
Madame qui dansez, Dieu réchauffe vos pas :
Madame au collier d’or, ouvrez la main qui donne,
Sur l’hiver de la rue et les pauvres d’en bas ! »
Mais le bal est riant,
La walse est énivrante,
La course délirante
Et l’orchestre bruyant ;
La gaîté se colore,
Et tourne et passe encore
Devant l’eau du miroir,
Qui rit de la revoir.
— « Une aumône ! une aumône !
Madame qui dansez, Dieu réchauffe vos pas ;
Madame au collier d’or ! ouvrez la main qui donne,
Sur l’hiver de la rue et les pauvres d’en bas ! »
Sous les feux répandus,
L’hiver même a des charmes ;
Que d’attraits sous les armes !
Que de bouquets perdus !
Mais, suspendez la danse ;
Le pied perd la cadence ;
Et la femme et la fleur,
S’inclinent de chaleur…
— « Une aumône ! une aumône !
Madame qui dansez, Dieu protège vos pas ;
Madame au collier d’or ! ouvrez la main qui donne !
Sur l’hiver de la rue et les pauvres d’en bas ! »
Où va-t-elle en rêvant,
Cette femme aux pieds d’ange,
Dont le front rose change,
Comme l’eau sous le vent ?
— « Ouvrez cette fenêtre,
Oh ! Laissez-moi renaître !… »
Et de son front charmant,
Elle ôte un diamant.
— « C’est l’aumône ! l’aumône !…
Madame ! allez danser, Dieu réchauffe vos pas !
La dame au collier d’or ouvre sa main qui donne
Sur l’hiver de la rue et les pauvres d’en bas ! »